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Microfinance Vs microassurance : Deux outils complémentaires dans la lutte contre la pauvreté

Au cours des Etats Généraux de l’Assurance (EGA) qui ont eu lieu en novembre 2018 à Ngozi, le constat a été que la pénétration de l’assurance reste faible. Si on veut doubler le chiffre d’affaires du secteur de l’assurance d’ici 2022, il faudra innover et explorer de nouvelles pistes.  Le responsable de la Recherche et du Développement au Réseau des Institutions de Microfinance (RIM) est convaincu que la microassurance couplée à la microfinance pourrait être une solution

Laurent Ndayikeza, responsable de la Recherche et du Développement au RIM : « Avec plus de 650 points de service à proximité de la population disséminés à travers tout le pays, la microfinance pourrait servir de tremplin à la microassurance »

Le chiffre d’affaires de l’assurance a été de 40,6 milliards de FBu en 2017, soit un taux de pénétration de 0,75%. C’est trop peu par rapport aux autres pays de la sous-région. Au Kenya par exemple, ce taux est de 2,60%. Au Burkina Faso, un pays qui partage certaines similarités avec le Burundi, le chiffre d’affaires du secteur de l’assurance est 5 fois supérieur à celui du Burundi, selon les propos d’un participant aux EGA de Ngozi.  Bien plus, le taux de pénétration de l’assurance tourne autour de 6% au niveau mondial.

La microassurance, une piste à explorer

Pour augmenter le taux de pénétration, l’assurance doit s’intéresser aux produits de masse, c’est-à-dire susceptible d’être consommés par une grande partie de la population. 90% de la population burundaise vit de l’agriculture d’une manière ou d’une autre.  Chaque produit qu’on veut développer ne doit en aucun cas ignorer cette frange de la population. L’assurance agricole a été invoquée lors des EGA de Ngozi comme étant un secteur prioritaire  pour les assureurs. Or l’agriculture burundaise a un problème de financement.  Les institutions financières hésitent à financer ce secteur à cause des facteurs non maîtrisables comme les aléas climatiques qui aggravent le risque. Bien encore, l’agriculture burundaise est extensive et donc pratiqué par de « petits gens » qui n’ont pas d’hypothèques à proposer aux banques. C’est pour cela qu’ils n’ont pas accès au crédit. C’est à ce niveau que devraient intervenir les assureurs. Ils devraient fabriquer des produits pour couvrir le risque des microcrédits. Cela devrait inciter les institutions financières à intervenir sans hésiter, a indiqué Laurent Ndayikeza, responsable de la Recherche et du Développement au RIM.

Les assureurs doivent scruter de nouveaux horizons

Les EGA de Ngozi ont permis de comprendre qu’il faut de nouveaux horizons pour développer l’assurance. Inutile de se bousculer dans un créneau comme l’ «Automobile» où la marge de manœuvre se réduit comme une peau de chagrin. L’assurance agricole n’existe pas alors que ce secteur emploie des millions de gens. Même les pauvres sont bancables. Il faut soutenir  les micro-entrepreneurs. Ce sont d’ailleurs eux qui sont très actifs et qui font avancer l’économie du pays. Les microcrédits sont conçus pour eux. Ceux-ci leur permettent de sortir de la pauvreté.  D’où l’intérêt de développer la microfinance. Mais cette dernière doit être couplée à la microassurance qui lui offre les garanties nécessaires, a souligné M. Ndayikeza.

La microfinance, un tremplin pour la microassurance

Les données fournies par la BRB indiquent que plus de 80% des usagers des services financiers au Burundi relèvent du secteur de la microfinance. L’industrie de la microfinance est prête à travailler avec les partenaires clés de développement, les assureurs entre autres. Avec plus de 650 points de service à proximité de la population disséminés à travers tout le pays, elle pourrait servir de tremplin à la microassurance, a affirmé M. Ndayikeza. Le responsable de la Recherche et du Développement au RIM estime les utilisateurs des services et produits des institutions de microfinance à 900 mille. Concrètement, la microfinance  pourrait servir de maillon de distribution des produits développés de connivence avec les assureurs, a martelé M. Ndayikeza. La coopération entre les assureurs et les financiers est indispensable, a-t-il ajouté. A l’entendre parler,  le couplage microfiance-microassurance n’est pas seulement une nécessité, c’est aussi une condition sine qua none pour développer l’économie du pays.

L’ARCA n’est pas d’avis contraire

Parmi les perspectives d’avenir préconisées par l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA) pour doubler le chiffre d’affaires de ce secteur d’ici 2022,  la microassurance occupe une bonne place. Le rapport de l’ARCA de 2017 plaide pour la  conduite  des  activités  visant  l’introduction de la microassurance afin d’accroître la part du secteur des assurances dans l’économie du pays. Joint au téléphone, Ir. Alain Fernand Nkengurutse, le chef de la Cellule des Statistiques et Etudes Economiques à l’ARCA a souligné que cette institution travaille avec les intervenants dans ce secteur pour mettre en place des produits destinés à ce créneau de commercialisation. « Quelqu’un qui veut verser une petite prime de 5000 FBu pour la bonne marche de son business devrait pouvoir le faire facilement », a déclaré Ir Nkengurutse. Les institutions de microfinance  et même les coopératives seront sûrement mises à contribution. L’ARCA travaille  d’arrache-pied pour la mise sur pied d’une assurance agricole, a-t-il fait savoir.

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