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Mineurs faisant le commerce ambulant des oeufs et des cacahuètes : Ils font face à de nombreux problèmes

Sillonnant tous les soirs les bars des quartiers de la ville de Bujumbura, les jeunes garçons vendeurs des œufs et arachides font face à de nombreux défis. Souvent, ils sont mal payés ou ne sont tout simplement pas payés par leur boss. Ils subissent des injures de la part de leurs clients. Ils sont également exposés à des problèmes d’insécurité. La pauvreté est l’une des raisons qui les y poussent

De jeunes garçons provenant de différentes provinces du pays abandonnent l’école et décident de venir dans la capitale économique Bujumbura à la recherche de l’argent. Pas mal d’entre eux décident de vendre des œufs et des arachides dans les bistrots et les rues de Bujumbura.

Isaac Nkurunziza, 14 ans et est originaire de la province de Ngozi, commune Marangara, zone Nyamugari, colline Musenga. Avec deux palettes d’œufs et de cacahuètes sur son épaule, on l’a rencontré aux environs de 19 heures dans la zone de Gihosha. Ce garçon nous a fait savoir qu’il a commencé à faire ce commerce au début de cette année 2021. « Les mauvaises conditions de vie m’ont poussé à abandonner l’école et à venir chercher de l’argent dans la capitale. J’ai quitté l’école en 2020. J’étais en 5ème primaire », précise-t-il tout en ajoutant que la pauvreté de sa famille est la principale cause qui l’a poussé à abandonner l’école. « Mes parents ne me donnaient pas le matériel scolaire et les uniformes et j’ai décidé de jeter l’éponge », a-t-il expliqué.

Selon lui, il vend une palette d’œufs, donc 30 œufs. Mais pendant les week-ends, Il peut vendre deux palettes. Isaac Nkurunziza indique qu’une palette d’œufs est vendue à 15 mille FBu. Il fait savoir  qu’il encaisse un bénéfice de 1500 FBu. Ce qui fait qu’il s’approvisionne à 13 500 FBu.

En ce qui est des cacahuètes, ce jeune homme précise qu’un kilo et demi de ce produit se vend à 12 mille FBu et procure un bénéfice de 6000 FBu par jour. Il s’approvisionne à 5500 FBu par kilo et demi, avec un emballage de 500 FBu pour un coût total de 6000 FBu.

Les jeunes garçons vendeurs des œufs et des arachides font face à de nombreux défis. Souvent, ils sont mal payés ou ne sont tout simplement pas payés par leur boss. Ils subissent des injures de la part de leurs clients.

Ils sont souvent non payés

Ce jeune homme qui travaille actuellement pour son compte a commencé à travailler pour une autre personne. Je devais percevoir un salaire de 25 mille FBu par mois. Le patron me logeait et il me donnait de quoi mettre sous la dent nourrir, a fait savoir Isaac Nkurunziza. Selon lui, pour les trois premiers mois, il n’a reçu que 30 mille francs burundais. « A la fin des  trois premiers mois, il m’a seulement donné 30 mille FBu alors qu’il me devait 75 mille FBu ». Ce jeune a décidé d’abandonner ce travail et a rejoint un groupe d’amis pour commencer son propre business.  « On est à 4. Nous vivons à Kamenge dans une maisonnette qu’on loue à 40 mille FBu par mois. Chacun paie 10 mille FBu de loyer par mois », a indiqué cet adolescent.

Ce jeune fait savoir aussi qu’ils sont quelquefois injuriés par leurs clients. Il y a également des fois où ils refusent de nous payer.

Innocent Nduwayo est un autre adolescent qui fait le commerce ambulant des œufs et des cacahuètes.  Il ajoute que les œufs peuvent être cassés par accident. «Parfois, nos œufs tombent par terre et se cassent».  De là, ils sont obligés de réduire le prix parce qu’aucun client  ne va acheter des œufs cassés. Nduwayo qui travaille pour le compte de son patron précise qu’il doit rembourser le manque à gagner. « Tu ne vas pas dire à ton boss que les œufs se sont cassés. Parfois à la fin du mois, on ne nous paie pas », explique le jeune adolescent originaire de la commune Nyanza-Lac dans la province Makamba.  Ces jeunes font encore face à un autre défi de rentrer pendant les heures avancées. « Souvent, j’arrive à la maison à 23 heures passées. Au cours de la route, il y a des fois où on est piégé par les voleurs qui nous spolient tout notre argent ».

Le travail des enfants, une réalité

David Ninganza, représentant légal de Solidarité de la Jeunesse Chrétienne pour la Paix et l’Enfance (SOJEPAE) reconnait que le travail des enfants est une réalité au Burundi. Il déplore qu’il existe encore des gens qui font toujours travailler les enfants. Il explique que ces enfants sont souvent utilisés dans le secteur informel, qui n’est p régi par aucune loi au Burundi.

Que dit la loi ?

L’article 32 de Convention internationale des droits de l’enfant indique que « les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant à être protégé contre l’exploitation économique,.. ». Selon l’article 545 du Code pénal, quiconque utilise un enfant, à des travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à sa santé, à sa sécurité ou à sa moralité, est puni d’une servitude pénale de trois à cinq ans et d’une amende de 50 000 FBu à 100 000 FBu. 

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