La mise en place de l’Autorité Burundaise de Régulation des Médicaments et des Aliments (ABREMA) s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du traité de l’East African Community (EAC) qui, en son article 118, demande aux Etats membres d’harmoniser et de coopérer sur les matières en rapport avec la santé. La majorité des pays de la communauté ont déjà mis sur les rails ladite autorité, mais le Burundi est sur la traine. Les services habilités s’expliquent
Dans le but de mettre en œuvre le Projet régional sur l’Harmonisation de la Régulation des Médicaments au sein de la Communauté Est Africaine (EAC-MRH), le conseil des ministres de l’EAC a exhorté les pays membres de cette Communauté à réviser, amender et mettre à jour leurs Lois et Réglementations Pharmaceutiques. Ceci dans le but de mettre en place des Autorités Nationales de Régulation des Médicaments et des Aliments fortes et semi-autonomes respectant les directives de l’organisation mondiale de la santé et les bonnes pratiques de fabrication, d’importation, de conservation, d’analyse de la qualité et de vente des médicaments.
Au Burundi, la mise en place de l’ABREMA a été annoncée par le conseil des ministres du 6 au 7 février 2019. Lors de l’analyse le 12 février 2019 du rapport des députés qui ont effectué des visites dans les pays ayant instauré ces services de régulation par l’Assemblée Nationale, les élus du peuple ont constaté qu’il faut encore du temps pour mettre en place cette autorité.
Nécessité de coordonner les activités pour éviter les chevauchements
Au niveau du ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida, son porte-parole, Dr Jean Bosco Girukwishaka, indique qu’ils attendent la modification du code de la santé datant de 1980. « Le ministère avait élaboré des décrets mettant en place cette autorité, mais au niveau du gouvernement, on avait constaté qu’il fallait d’abord revoir le code de la santé publique qui est vieux de plus de 35 ans. Pendant cette période, il y a eu plusieurs innovations et découvertes au niveau de la santé publique. Ce qui veut dire que le code doit impérativement être modifié », affirme-t-il. Il a été analysé au niveau du gouvernement, adopté et transmis au parlement et c’est ce projet de loi qui sous-tend l’ABREMA qui est sous analyse au parlement. Ce qui doit mettre encore du temps au risque d’avoir des chevauchements avec d’autres ministères notamment celui ayant le commerce dans ses attributions, avec le Bureau Burundais de Normalisation et de contrôle de qualité (BBN), mais aussi avec le ministère de l‘Agriculture.
L’ABREMA devrait être opérationnel dans les plus brefs délais pour le bien de la population
Le directeur du département de la pharmacie, du médicament et du laboratoire au ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida, Dr Emmanuel Bamenyekanye indique que l’objectif assigné à l’ABREMA est de protéger la santé publique par la promotion de la qualité et de la sécurité des produits en assurant la régulation des aliments préfabriqués et emballés, des médicaments, des cosmétiques et des médicaments à base de plantes. « Tous les autres pays membres de l’EAC ont déjà mis en œuvre les décisions du conseil des ministres de la Communauté, sauf le Burundi et le Sud Soudan où les autorités de régulation tardent à être mises sur pied. L’ABREMA devra donc fonctionner comme une institution semi-autonome, légalement établie pour surveiller la régulation effective des aliments et des produits médicaux en accord avec les directives sur les bonnes pratiques régionales et internationales de fabrication des médicaments », fait-il savoir. Pour lui, des dispositifs médicaux ou les substances utilisées dans la fabrication des produits dont la consommation ou l’utilisation peuvent nuire à la santé. Dans cette optique, l’ABREMA devra réglementer l’importation, la fabrication, l’étiquetage, l’emballage ou l’identification, le stockage, la vente et la distribution des médicaments.
En attendant la mise en place de l’ABREMA, des questions se posent quant à la coordination et le fonctionnement de cette autorité vu que d’une part le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida a le contrôle des médicaments dans ses attributions alors que d’autre part le Bureau Burundais de Normalisation (BBN) a jusqu’ici le monopole de contrôle de la qualité. N’y aura-t-il pas de chevauchements ? Wait and see !