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La santé pour tous sans molécules ?

Dans la municipalité de Bujumbura, on observe une flambée des prix des médicaments.Cependant,le volume des importations des médicaments a diminué depuis 2021 et l’offre des industries pharmaceutiques locales reste faible . Le ministère de la Santé Publique prévoit la mise en place d’une nouvelle industrie de fabrication des médicaments et le gouvernement est appelé à fixer le prix officiel pour tous les vendeurs de médicaments pour couper court à toutes les speculations qui s’invitent dans le secteur des médicaments

Le taux d’importation des  médicaments essentiels a diminué.La Camebu ne s’approvisionne pas en totalité auprès des industries pharmaceutiques locales en raison de leur faible taux de production.

Dans différentes pharmacies situées dans le centre et dans les quartiers périphériques de la ville de Bujumbura, les prix de certains médicaments essentiels sont prohibitifs. Les tarifs varient d’une pharmacie à l’autre. On ne peut pas ignorer l’indisponibilité de certains médicaments. Pourtant, ces derniers constituent l’un des piliers majeurs de tout le système national de santé. Certains acteurs du secteur de la santé indiquent que cette cherté des médicaments est dû au manque de devises.

Une femme oeuvrant dans une pharmacie du quartier Bwiza explique que les prix ont aussi grimpé dans les pharmacies de gros où ils s’approvisionnent. « Dans les pharmacies de gros, les prix varient d’un jour à l’autre. Aujourd’hui, on peut s’approvisionner à bas prix mais, après deux jours, on trouve que le prix a augmenté. Cependant, le propriétaire ne peut pas se permettre de travailler à perte. C’est dans ce sens qu’un seul médicament peut être vendu à des prix très différents dans des pharmacies toutes proches ».

Evolution des importations des médicaments en dent de scie

Selon les données de l’Institut National des Statistiques du Burundi (INSBU), le taux d’importation des médicaments a diminué. Dans le bulletin trimestriel du commerce extérieur T1-24, les importations des médicaments s’élevaient à 48 milliards de FBu au troisième trimestre de 2020. Au cours du même trimestre de l’année 2021,elles ont  fortement diminué, atteignant seulement 11 milliards de FBu. En 2022,elles ont frolé la barre des 27 milliards de FBu, tandis qu’en 2023,elles ont atteint 26 milliards de FBu. Au premier trimestre de cette année 2024, les importations des médicaments s’élèvent à un montant de 28 milliards de FBu.

Cependant, dans un atelier du 26 septembre 2024 organisé par la Plateforme des Acteurs des Mutuelles de Santé au Burundi (PAMUSAB) portant sur l’état des lieux des prix appliqués aux services et soins de santé dans les structures sanitaires conventionnées avec les mutuelles communautaires de santé, le consultant Dr Alain Ndayikunda avait annoncé que les importateurs des médicaments ont un accès prioritaire aux devises au taux de change officiel de la Banque centrale, afin d’éviter la rupture de stocks des médicaments.

L’uniformisation des prix des médicaments, un souhait de l’ABDDM

Pierre Nindereye, représentant légal de l’Association Burundaise pour la Défense des Droits des Malades (ABDDM), déclare qu’avec l’indisponibilité et la cherté des médicaments, les droits des malades sont bafoués. « Il est incompréhensible de constater que les vendeurs de médicaments s’approvisionnent de la même manière et à un même prix, mais les vendent à des prix différents, comme s’il n’existait pas de lois régissant les prix des médicaments (loi pharmaceutique) ».

Et d’ajouter : « Lorsqu’un médicament est prescrit et que le patient le trouve très cher sur le marché, le patient peut vendre les biens de la famille comme par exemple une parcelle ou d’autres objets de valeur pour acheter le médicament. Si le médicament n’est pas acheté, l’état de santé du patient peut se détériorer et, dans ce cas, les conséquences reviennent sur la famille. » M. Nindereye plaide pour que les prix des médicaments soient uniformisés. Il appelle les autorités habiletées à établir un prix officiel pour les médicaments et à punir ceux qui les vendent à des prix élevés.

Quid des perspectives d’avenir pour le secteur pharmaceutique ?

Lors d’une séance plénière du 11 décembre 2023 à l’hémicycle de Kigobe,Dr Lyduine Baradahana,la ministre de la Santé Publique et de  Lutte contre le Sida a annoncé que les principaux projets que prévoit le ministère de la Santé incluent la mise en place d’une industrie de fabrication des médicaments et  le renforcement du secteur des médicaments. « Il est essentiel que certains médicaments soient produits par le pays lui-même afin d’éviter les problèmes de rupture de stock. En ce qui concerne l’approvisionnement et l’importation des médicaments, nous devons mettre en place des moyens pour contrôler si les médicaments importés sont réellement efficaces pour les malades ou s’ils ne constituent pas un danger pour la santé de la population ». Elle a également souligné qu’il est essentiel que l’Autorité Burundaise de Régulation des Médicaments à usage humain et des Aliments (ABREMA) et l’Institut National de Santé Publique (INSP) soient réhabilités.

Un faible taux de production des industries pharmaceutiques locales

Dans le rapport de la commission permanente chargée de l’agriculture et de l’élevage à l’Assemblée Nationale,les industries pharmaceutiques locales, à savoir Siphar et Pona se lamentent que la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels du Burundi (CAMEBU) s’approvisionne à l’étranger alors qu’elles vendent des médicaments homologués par l’ABREMA. Sur cette question, Mme Baradaha affirme que, selon la loi régissant les marchés publics, la CAMEBU s’approvisionne auprès des industries locales même si elle ne reçoit pas tous les médicaments commandés en raison d’un faible taux de production,cela  avec des exemples illutratifs à l’appui. « À la fin de 2020, Pona a gagné un marché d’une valeur de 1,37 milliard de FBu et a affirmé que la livraison prendrait 2 semaines, comme cela était stipulé dans le contrat. Cependant, la livraison a énormément tardé et, jusqu’à aujourd’hui, elle n’a atteint que 79 %. En raison de ce retard, Pona a été sanctionnée d’une amande de plus de 137 millions de FBu par la CAMEBU ».

Mme la Ministre de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida indique également que la Camebu peut constater que les prix pratiqués par les industries pharmaceutiques locales sont élevés par rapport à ceux des industries domiciliées à l’étranger. Dans ce cas, ces premières ne parviennent à gagner qu’un petit marché par rapport à la demande de la Camebu. Une autre raison est que, sur les 450 médicaments essentiels, Pona n’en produit que 8. De surcroit,les médicaments fabriqués localement sont généralement des comprimés et des sirops, tandis que la CAMEBU a besoin d’autres formes de médicaments comme ceux administrés par voie intraveineuse ainsi que d’autres matériels médicaux.

Tableau illustrant les prix de certains médicaments essentiels dans les pharmacies situées au centre-ville de Bujumbura
Nom des médicaments Prix en FBu/ Janvier 2024 Prix en FBu/ octobre 2024
Amoxicilline gélule 500mg 2 000 ou 2 500 2 500 ou 3 000
Métronidazole sirop

Métronidazole cp 250mg

3 000

2 000

3 500 ou 4000

3 500

Paracétamol comprimé 300 500
Ibuprofen comprimé 400mg

Ibuprofen sirop

1 800

 

2 500

2 000 ou 2 500

 

3 000

Albendazole comprimé

Albendazole sirop

300

700

500

2 000 ou 2 100

Cloxacilline comprimé 2 500 3 000
Lofnac comprimé 800 1 000
Diclofenac comprimé 500 500
Gentamycine collure 1 500 2 000

 

Dans certaines pharmacies situées dans les quartiers de Bwiza,Nyakabiga,Kigobe ,les prix de certains médicaments essentiels  se présentent comme suit :
Nom des médicaments Prix en FBu/Janvier 2024 Prix en FBu/ octobre 2024
Amoxicilline gélule 500mg 1 500 ou 2 000 2 500 ou 3 000
Métronidazole sirop

Métronidazole cp 250mg

2 500

1 500

 

3 000

2 000

Paracétamol cp 250 ;300 500
Ibuprofen cp 400mg

Ibuprofen sirop

400 ;700

2 500

1 500 ou 2 000

2 500

 

Albendazole cp

Albendazole sirop

300 par cp

700 par flacon

300 ou 500

2 000 ou 2 500

Cloxacilline cp 2 000 2 500

 

Ciprofloxacine cp 1 200 ou 1 500 2 000
Cotrimoxazole 480mg

Cotrimoxazole 800mg

480 ou500

2 000

1 000

2 500

Quinine 7 000 7 000
Efferalgan 500 par cp 1 000 par cp
Diclofenac cp 300 ou 500 500 ou 700
Gentamycine collule 800 2 000

 

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