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Modification des billets de 5000FBu et de 10000FBu : Certains ont subi des dommages collatéraux

Faustin Ndikumana, président de l'Ong PARCEM : « Des mesures importantes doivent être prises pour améliorer l'environnement des affaires ».

Après la période de modification des billets de 5 000 FBu et de 10 000 FBu, Faustin Ndikumana, Expert en économie et Président de l’ONG locale Parcem  appelle la Banque centrale à présenter le  bilan de cette activité. Il fustige la non protection des gens qui, selon leur business, avaient des millions de FBu reçus légalement, mais qui ne pouvaient pas les déposer sur leurs comptes respectifs. Pour lui, ils ont été victimes du changement brusque de ces billets. Cet expert réclame des lois pour sanctionner la thésaurisation

 Faustin Ndikumana , Président de Parcem :«certaines personnes ont été victimes de cette décision comme quoi il n’y a pas de loi sur le sol burundais qui interdit la thésaurisation ou qui détermine la somme d’argent cash qu’une personne autorisée à porter sur lui» .

Au lendemain de la période de modification des billets de 5 000FBu et de 10 000 FBu du 07 Juin au 17 juin 2023 par la Banque de la République du Burundi(BRB), Faustin Ndikumana, Expert  en économie et Président de l’ONG Parcem  demande à cette institution de présenter le bilan de cette activité pour que l’opinion publique sache le résultat.

Pour lui, il aurait que l’Etat sanctionne les gens qui ont volé de grandes sommes d’argent du gouvernement car, à maintes reprises, le Président de la république Evariste Ndayishimiye a annoncé qu’il y a certaines personnes qui s’enrichissent illicitement  et qui ont pris l’argent de la BRB pour le thésauriser  et par conséquent ruiner l’économie nationale.

Pourtant, il indique que certaines personnes ont été  victimes de cette décision comme quoi il n’y a pas de loi sur le sol burundais qui  interdit la  thésaurisation ou qui détermine la somme d’argent cash qu’une personne autorisée à porter sur lui.

«Il est possible que les gens qui ont pris l’argent dans la caisse publique ont fait des branchements en construisant des villas ou en achetant des parcelles ou des véhicules de luxe », indique le patron de Parcem. Il se demande alors comment ces billets métamorphosés en immobiliers  reviendront dans le trésor public avec la seule décision de  changement des billets.

Où est la justice ?

L’économiste réclame plutôt la justice pour dénoncer ces voleurs. «Ils sont connus et ils peuvent être comptés sur les doigts de la main. Il faut les fixer devant la justice pour qu’il soit jugé et sanctionné pour leurs infractions», fait-il savoir. Pour illustrer cela, Faustin Ndikumana donne l’exemple des gens qui ont construits la centrale hydroélectrique de Mpanda qui a duré le temps de la rose.

Et de renchérir : « c’est une perte énorme pour le pays  compte tenu du coût en devises de la fabrication d’autres billets et pour les gens dont les billets ont été transformés en papiers alors qu’il n’y a pas de règlement qui les empêchent de les posséder».

Selon lui, la modification des billets n’est pas une solution efficace pour sanctionner les gens qui pillent l’économie nationale. Il faut plutôt effectuer des renseignements financiers pour se  rendre compte des gens qui font la malversation économique.

Il faut éviter les dommages collatéraux

Faustin Ndikumana  remercie cependant la volonté  du Président de la République du Burundi  de stabiliser l’économie du pays, mais appelle à  la consultation des lois et des experts avant la prise des décisions afin d’éviter que les dommages collatéraux

« Le gouvernement a le droit de changer les billets, mais il aurait informé les gens qu’il allait changer ces billets et les invitait les gens à déposer leurs trésors sur leurs comptes respectifs. Ainsi, il serait facile de dresser un rapport et de savoir ceux qui ont déposé un montant qui surpasse leurs revenus », a-t-il indiqué avant d’ajouter que l’Etat  n’a pas produit  des statistiques pour savoir ceux qui possèdent ces billets illégalement et ceux qui les possèdent légalement.

Selon lui, quelle que soit la cause de  la modification de ces billets, la BRB a surpris la population. « Le communiqué a souligné que pendant 10 jours, sur un compte d’une personne physique, le total des dépôts en cash est limité à 10 millions de FBu. Qu’en est-il pour les gens qui dépassent ce montant et qui l’ont reçu légalement ? » s’interroge -t‑ il. Et d’ajouter : « Il fallait une loi pour protéger ces gens»

Quid des inconvénients de la thésaurisation?

Toutefois, le Président de l’ONG locale  Parcem fait savoir que la thésaurisation freine la circulation de la monnaie et par conséquent impacte négativement  l’économie du pays. Pour inverser  la tendance, il faut qu’il y ait des lois qui déterminent la somme d’argent qu’une personne est autorisée à porter sur lui en cash ou de conserver chez elle comme dans d’autres pays. Il faut aussi définir d’une façon claire et précise le montant qu’une personne ne peut pas payer en cash pour favoriser le paiement électronique.

Un service bancaire fiable et proche de la population et l’augmentation de  la production pour donner l’emploi à la population pourraient  contribuer dans la lutte  contre la thésaurisation,  car la majorité de la population vit de l’économie informelle et ne posséder pas de comptes dans les institutions financières. A cela s’ajoute la sensibilisation de la population par les institutions financières afin d’indiquer les inconvénients de la thésaurisation pour l’économie du pays.

Ainsi, pour la Banque centrale, la décision de modifier les billets de 5 000 FBu et de 10 000FBu a été prise  dans le souci de faire face à une problématique liée à l’augmentation de la circulation fiduciaire dans le circuit informel. Ce qui a entraîné l’instabilité des activités d’intermédiation des institutions financières qui collectent les dépôts et accordent des crédits.

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