La pénurie du charbon de bois s’observe dans la municipalité de Bujumbura. Les économies familiales sont fortement bousculées et l’inquiétude gagne le terrain. Les consommateurs comme les commerçants du charbon de bois jugent la situation très compliquée. Les mesures sur la protection de l’environnement seraient à l’origine de cette situation
La question de l’énergie domestique reste une préoccupation majeure au Burundi. Avec une population estimée à plus d’un million d’habitants, Bujumbura est la ville la plus peuplée du Burundi. Dans cette ville qui s’agrandit d’année en année, le charbon de bois constitue la source d’énergie la plus prisée pour des milliers de ménages.
Sans aucun doute, l’augmentation des dépenses liées à l’achat du charbon de bois fait basculer la comptabilité des familles. Aujourd’hui, le prix du charbon de bois a explosé sur le marché. Cette cherté doublée de la pénurie du charbon de bois inquiète la population. A part qu’ils subissent les contrecoups de ce phénomène, les commerçants et les consommateurs du charbon de bois dans différents quartiers de la ville de Bujumbura crient à la pénurie.
La question de l’énergie domestique reste une préoccupation majeure au Burundi.
Les vendeurs et les consommateurs tous touchés
Selon un détaillant du charbon de bois rencontré au quartier Bwiza, le changement est énorme. La variation la plus basse du prix d’un sac de charbon se situe entre 8 mille et 12 mille FBu. Le prix d’achat d’un sac de charbon a connu un bond allant de 35 mille à 45 mille FBu dans les trois moins passés. Cet homme vivant de ce petit commerce très prisé dans la capitale économique dit ne pas être compris par ses clients. « Les clients nous accusent de malhonnêteté parce qu’ils ne connaissent pas les problèmes auxquels nous faisons face », déplore-t-il tout en affirmant la rareté notoire du charbon dans les sources d’approvisionnement.
Eslon Mushiranzigo, un autre vendeur de chabon de bois au quartier Mutanga Sud au niveau du centre de négoce de Mugoboka, la hausse du prix du charbon est incompréhensible. Selon cet homme qui lutte pour sa survie, le prix de revient d’un sac qui était à 32 mille FBu a bondi jusqu’à 48 mille FBu dans les trois mois précédents. Pour réaliser un bénéfice, le prix de vente peut aller jusqu’à 60 mille FBu. « Je ne peux pas vendre à moins de 60 mille FBu le sac sauf quand il s’agit d’un étudiant », explique-t-il. Sur les lieux, une femme qui venait s’approvisionner en charbon de bois dit ne plus avoir de mots pour qualifier cette hausse. « Je n’ai plus à dire. Moi-même je vendais du charbon avant de laisser tomber parce que je travaillais à perte », s’est-elle indignée.
Une mère résidant dans le quartier Kanyosha abonde dans le même sens. « Nous avons déjà raté le souper à cause de la pénurie du charbon qui est devenu une réalité dans tous les quartiers de la villes depuis quelques mois», indique cette jeune femme.
Plusieurs raisons expliquent cette situation
Les traders du secteur reconnaissent l’existence des difficultés dans ce commerce. Selon C. K, un des fournisseurs de charbon habitant à Matana, une commune de la province Bururi, le tarissement des ressources est la première source de ces difficultés.
Selon les informations recueillies auprès de Mushiranzigo, plusieurs raisons expliquent la hausse du prix du charbon. Pour lui, les mesures prises par les pouvoirs publics allant dans le sens de la protection de l’environnement seraient à l’origine de son calvaire. « Nos fournisseurs disent que les mesures sur la protection de l’environnement et les taxes communales ne facilitent pas leurs activités», explique Mushiranzigo. Selon lui, les dépenses liées au transport pendant la saison pluvieuse seraient aussi une cause de cette hausse du prix.
Les pistes de solution
Il est impossible d’ignorer ou de négliger le problème lié à l’énergie domestique au Burundi. Avec une densité de la population allant au-delà de 420 hab./km2 en 2019 projetée à 750 hab./km2 dans les 30 prochaines années, le Burundi doit impérativement développer des énergies alternatives. Les opérateurs économiques importent déjà des produits de substitution comme le gaz, les briquettes combustibles… Cependant, les Burundais restent réticents à utiliser ces nouvelles sources d’énergie. La cherté de ces produits constitue un autre obstacle pour la population. En ce sens, des tables rondes ont été organisées pour sensibiliser les intervenants dans le secteur énergétique à la promotion des énergies alternatives. Le reboisement, un projet déjà en cours initié par les autorités publiques reste une solution partielle si jamais on ne parvient pas à vulgariser l’utilisation d’autres formes d’énergie.