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Mutambara-Rumonge : Les filles exposées à toutes sortes de violences

Les grossesses non désirées, les violences sexuelles, les mariages précoces, les filles vivant dans le site de déplacés de Mutambara sont exposées à toutes sortes de dangers. La mise en place d’un système solide d’encadrement de ces jeunes est plus que nécessaire.

A cause de la pauvreté extrême dans laquelle baigne leurs familles, certaines filles du site de déplacés de Mutambara tombent dans le piège des personnes qui essaient de les impressionner en leur promettant de subvenir à leurs besoins.

La pauvreté, les abandons scolaires, l’obscurité qui règnent dans le site de déplacés de Mutambara en commune et province de Rumonge exposent les jeunes de ce site à toutes les formes de dangers. Même si cette question est commune à tous les jeunes de ce site, les filles y sont les plus exposées comparativement à leurs pairs masculins.

Noëlla Kwizerimana, 22 ans, réside dans le site des déplacés de Mutambara. Lorsque nous y sommes passée, elle était en train de broder un drap. Une nouvelle occupation pour elle, depuis qu’elle a abandonné l’école en 2022. Elle était en 8ème année et suite aux conditions précaires dans lesquelles elle étudiait, elle a décidé d’abandonner l’école. Elle a remarqué que sa vie n’avait plus aucun sens.  Pourtant, ce nouveau statut l’expos plus que jamais à toutes sortes de dangers.

Comme elle nous l’a expliqué, la vie des jeunes filles dans ce site est très risquée. « A cause de la pauvreté extrême dans laquelle baigne leurs familles, certaines filles tombent dans le piège des personnes qui essaient de les impressionner en leur promettant de subvenir à leurs besoins, vu qu’ils baignent une opulence innommable », explique-t-elle. « Pour nous autres qui ne sommes pas au banc de l’école, c’est catastrophique. Plus nous passons une bonne partie de la journée sans occupation, plus nous sommes exposées aux tentations », regrette-t-elle. Selon cette fille, à cause d’un lendemain obscur, certaines filles finissent par se livrer à la débauche.

La gestion des menstruations, un fiasco

Les filles vivant dans le site des déplacés de Mutambara ont du mal à vivre ce moment qui exige une intimité et une discrétion sans faille Comme le témoigne notre interlocutrice, la période menstruelle constitue un moment de stress pour elle. Faute de moyens financiers pour   acheter des serviettes hygiéniques, certaines filles utilisent les moyens de bord qui ne sont pas d’ailleurs sans conséquences sur leur santé.

Les maisons construites par l’OIM pour ces déplacés comprennent trois petites chambres qui sont très communicantes. Pour Kwizerimana, cela rend impossible la discrétion et l’intimité surtout pendant les périodes menstruelles. « Nos chambres se ferment à peine et elles sont presque communes, surtout pour les familles nombreuses et rendent impossibles l’intimité et la discrétion », regrette-t-elle.

Les parents en débandade

Audacienne Hakizimana habite aussi le site de Mutambara. Cette mère de 6 enfants se dit préoccupé par l’éducation de ses enfants dans ce site, surtout les filles. « Tout parent qui a une fille dans ce site ne peut pas être tranquille. C’est facile de les entrainer dans la débauche vu la nécessité dans laquelle elles se trouvent », regrette-t-elle.

Même son de cloche pour Mme Gertrude Niyogushima. Pour elle, même s’il ne s’est pas encore manifesté des cas de grossesses non désirées, c’est juste parce que c’est encore tôt vu qu’ils sont arrivés dans ce site depuis seulement le mois de février dernier. « Nos filles sont vraiment vulnérables. La preuve en est que surtout les soirs, on voit des va-et-vient des garçons surgissant de l’extérieur du site, qui profitent de l’obscurité pour draguer nos filles », témoigne-t-elle. Il faut que le système d’éclairage du site soit amélioré et qu’il y ait un système d’encadrement des jeunes plus performant. Sinon, on craint le pire.

Selon Mme Béatrice Ndayisenga, conseillère socio-culturelle du gouverneur de la province de Rumonge, l’éducation des jeunes vivant dans le site de Mutambara leur tient à cœur. Elle se réjouit du fait que USAD a initié des activités d’encadrement des jeunes dans ce site et appelle les autres partenaires au développement à lui emboîter le pas.

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