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Un nouveau vent souffle sur l’espace médiatique ?

Le paysage médiatique Burundais a connu des bouleversements sans précédents au cours de la dernière décennie. Le pluralisme médiatique vivement acclamé s’estompe avec la fermeture des médias privés. Il s’agit d’une conséquence directe de la crise socio-politique qu’a connue le pays.

L’année 2015 a été un désastre pour les médias Burundais. On se souviendra de la destruction de  cinq médias privés (Radio Publique Africaine, Radio Isanganiro, Radio Télévision Rema FM, la radio BONESHA FM et la Télévision Renaissance). Une centaine de journalistes ont quitté le pays pour sauver leur peau. D’ailleurs, un bon journaliste est un journaliste vivant, dit-on. C’est là où commence le calvaire.

Les journalistes étaient considérés comme des « ennemis du pays ». Petit à petit, un climat de méfiance s’est installé entre les sources officielles et les journalistes. Il était de plus en plus difficile d’accéder aux sources d’information. Les responsables des medias détruits décident de diffuser en ligne depuis Kigali. Un malheur ne vient jamais seul. Ils viennent de suspendre leurs programmes pour des raisons indépendantes de leur volonté, peut-on lire dans un court communiqué du 24 mars 2021.

Le départ des journalistes chevronnés qui travaillaient dans les médias privés a laissé un vide sur le marché de l’information. Les médias en ligne ont pris le relais pour informer l’opinion publique. Mais la soif de consommer des informations bien fouillées reste là. Certains consommateurs de l’information remettent en question les contenus médiatiques.

Les médias locaux disposent de jeunes journalistes qui n’ont pas nécessairement une formation initiale en journalisme ou une discipline connexe. Ainsi, avec la situation qui prévalait (verrouillage de l’espace médiatique), il était difficile pour les nouveaux journalistes d’émerger. L’autocensure gagne du terrain et les sujets sont traités de façon superficielle. Certains journalistes étaient assimilables à des attachés de presse de certaines institutions publiques ou privées.

Les discours du locataire de Ntare House augurent un meilleur avenir. « Jamais sans les medias », ce slogan scandé en marge de la rencontre du Président de la République Evariste Ndayishimiye avec les professionnels des médias est un signe éloquent que les autorités veulent collaborer avec les medias. Nous osons espérer que ceux qui traitent encore les médias d’oiseaux de mauvais augure vont changer d’avis. Il y en a  d’autres qui n’ont pas l’habitude de s’exprimer dans les médias. Ils ont peur de développer les sujets qui fâchent. D’une façon ou d’une autre, la rétention de l’information entrave l’exercice du métier de journaliste. Les tracasseries administratives imposées aux journalistes doivent être simplifiées.

Les médias ne sont pas là pour plaire aux autorités, mais plutôt pour les aider à réussir leurs missions. Les journalistes dénoncent, alertent sans porter préjudice à autrui. Ils enquêtent sur des cas de malversations économiques, des cas de corruption…. Tout doit être fait dans le strict respect de la loi régissant la presse et le code d’éthique et de déontologie professionnelle.

Chères autorités, les journalistes ne sont pas du tout vos ennemis. Pour rappel, la liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d’opinion et la liberté d’expression. Le public a besoin d’être informé sur ce qui se passe dans le pays, sur la gestion des biens publics, la mise en œuvre des politiques, les décisions prises, les lacunes ou les manquements d’une personnalité, la gestion des entreprises de l’Etat, l’exécution ou la préparation du budget de l’Etat… En tout cas, le paysage médiatique se revivifie peu à peu, mais chacun doit apporter une pierre à l’édifice pour asseoir une liberté de la presse en bonne et due forme

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