Le Burundi importe pour près de 800 millions USD par an alors que les exportations sont légèrement inférieure à 200 millions USD. Le taux de couverture des importations par les exportations est 20%. Pour réduire les coûts de transport qui affectent le prix sur le marché, le secrétariat exécutif du corridor central vient de financer à hauteur de 100 millions de FBu deux projets du ministère en charge du commerce visant à faciliter le commerce international
Vendredi, le 21 mai 2021, le secrétariat exécutif du corridor central et le ministère en charge du commerce ont signé deux accords de partenariat. Il s’agit de la mise à la disposition du ministère du Commerce par le corridor central des kits de dépistage du Covid-19 qui vont permettre de réduire le temps que les transporteurs internationaux passaient à la frontière en attente des tests et la mise à la disposition de ce ministère d’un outil appelé Observatoire du Commerce International permettant au ministère d’avoir en temps réel des statistiques sur les marchandises. Le coût de ces projets s’élève à 50 mille USD (100 millions de FBu)
Signature de partenariat entre le secrétariat exécutif du corridor central et le ministère burundais en charge du commerce. Le secrétariat exécutif du corridor central vient de financer deux projets à hauteur de 100 millions de FBu visant à faciliter le commerce international.
La couverture des importations par les exportations est de 20%
Selon Capitaine Dieudonné Dukundane, secrétaire exécutif du corridor central, l’observatoire du commerce international va permettre au ministère en charge du commerce de savoir le volume de marchandises en transit et à destination du Burundi, le temps de transit, le coût de revient et ce que les investisseurs peuvent prévoir comme budget. Ayant des données statistiques réelles, il sera possible de prendre de décisions nécessaires ou des politiques commerciales pour réduire le coût des importations.
« Il est difficile pour le ministère en charge du commerce de donner des orientations éclairées sans qu’il ait en sa disposition des chiffres », explique Capitaine Dukundane. Pour le secrétaire exécutif du Corridor Central, le Burundi importe actuellement des marchandises dont la valeur s’élève à peu près à 800 millions USD par an alors que les exportations sont légèrement inférieures à 200 millions USD. « Le taux de couverture des importations par les exportations est de 20%. Il est encore faible ».
Trois astuces pour redresser la situation
L’observatoire du commerce international va aider à prendre les décisions nécessaires pour redresser la balance commerciale. Capitaine Dukundane évoque trois astuces. Le pays diminue la valeur des importations ou bien il augmente la valeur des exportations. Pour la diminution de la valeur des importations, Capitaine Dukundane précise que l’objectif poursuivi n’est pas de diminuer les importations. « Elles sont nécessaires ». Il s’agit, selon lui, de réduire l’argent qui est dépensé dans les importations au près des différentes usines à l’étranger. Pour diminuer cette valeur, le secrétaire exécutif du corridor central informe que les pays pratiquent l’import substitution. « Ils produisent localement une partie de ce qu’ils achètent à l’étranger. Cela permet d’économiser des devises », explique-t-il.
Capitaine Dukundane propose en plus de diminuer l’assurance du transport international. Pour que les marchandises arrivent au Burundi, les importateurs doivent payer des primes d’assurance au près des sociétés d’assurances étrangères. Pour lui, il y a moyen que le pays puisse adopter une réglementation qui oblige les importateurs à payer les primes d’assurance auprès des sociétés d’assurances locales et en monnaie locale. « Ce facteur permettra de réduire l’érosion des devises à l’étranger ».
Le Burundi doit également miser sur les frais de transport des marchandises. «La majeure partie des marchandises nous parviennent via le transport routier, qui est très cher», poursuit Capitaine Dukundane. Pour réduire les charges liées au coût de transport, les pays qui sont dans une situation d’enclavement appliquent la multi-modalité. Ils identifient le mode de transport ou les voies d’acheminement moins chères. « Les voies maritimes et ferroviaires ont démontré qu’elles peuvent casser le coût du transport jusqu’à 40% par rapport au coût du transport routier », fait savoir Capitaine Dukundane tout en ajoutant que si les investisseurs ont des chantiers ou des usines à monter et que les prix des matériaux changent du jour au lendemain, cela les décourage. « Mais si le ministère dispose de l’outil de l’Observatoire du Commerce International, il peut mener des analyses en séries statistiques pour bien orienter les consommateurs », a-t-il conclu.
Pour réduire les charges liées au coût de transport, les pays qui sont dans une situation d’enclavement appliquent la multi-modalité.
Un outil qui vient à point nommé
Jérémie Banigwaninzigo, secrétaire permanant au ministère en charge du commerce précise que l’outil de l’Observatoire du Commerce International vient à point nommé. « Au niveau de notre ministère, on ne connaissait pas le volume des marchandises provenant de l’extérieur et on n’était pas au courant des statistiques sur le commerce international ». Selon lui, les commerçants spéculaient sur les prix comme ils voulaient. « Avec cette assistance, on aura un tableau de bord où les techniciens vont analyser tous les produits qui vont entrer. Nous serons connectés avec d’autres services qui travaillent dans ce secteur comme l’Office Burundais des Recettes, la Banque Centrale, les banques commerciales et les assurances », explique le secrétaire permanant au ministère du Commerce.
Philippe Ndikumana, président de l’Association Burundaise des Agences en Douanes et des Transitaires (ABADT) se réjouit que l’Observatoire du Commerce International vient clarifier certaines difficultés qui se remarquent dans les paramètres du commerce international, surtout en ce qui concerne le transport. Le paramètre transport au Burundi en tant que pays enclavé coûte énormément cher aux opérateurs burundais, soit plus de 40% de la valeur des marchandises. L’OBR et d’autres partenaires vont l’utiliser pour collecter de façon efficace et rapide les recettes douanières étant donné que le paramètre transport est intégré dans le calcul de la valeur en douane et dans l’évaluation des droits et taxes à payer.
D’après lui, les difficultés liées aux conflits en matière de taxation du paramètre transport s’observent surtout pour les marchandises provenant des ports de Dar-es-Salaam et de Mombassa. « L’Observatoire va permettre d’avoir un rapprochement réaliste par rapport aux prix pratiqués sur le transport des marchandises à destination du Burundi ».
Les voies maritimes et ferroviaires ont démontré qu’elles peuvent casser le coût du transport jusqu’à 40% par rapport au coût du transport routier.
Cinq projets financés en faveur du Burundi
Ces deux projets (la mise à la disposition du ministère du Commerce par le corridor central des kits de dépistage du Covid-19 et d’un outil appelé Observatoire du Commerce International) figurent parmi les cinq que le secrétariat exécutif du Corridor Central a accepté de financer à court terme en faveur du Burundi. Le corridor central va également intervenir en ce qui est de l’instauration du guichet unique au port de Bujumbura, la formation des commissionnaires en douane et des transitaires ainsi que le renforcement des capacités dans le transport maritime, selon l’article paru dans le numéro 450 du 23 avril 2021 du journal Burundi Eco.
Le corridor central joue un rôle stratégique dans l’essor économique du Burundi. Plus de 90% des produits importés et exportés passent par ce corridor. Le corridor central part du port de Dar-es-Salaam vers Bujumbura en passant par Singida et Kobero sur une distance de 1620 km. Il part également de Dar-es-Salaam vers Kigoma par voie ferroviaire et de Kigoma vers Bujumbura par voie lacustre. Tout cela sur une distance d’environ 1 400 km.