Depuis près d’un an, le prix de l’œuf a augmenté de plus ou moins 100 FBu. Certains restaurants ou même les petits commerçants ambulants ont du mal à s’approvisionner de cette denrée qui devient de plus en plus chère. Du poulailler aux vendeurs ambulants, les œufs ont plus de raisons d’être chers
L’urbanisation rapide et la hausse de la demande alimentaire nécessitent de mieux connaître les circuits d’approvisionnement des marchés urbains en produits animaux, notamment en œufs. Ainsi, dans la capitale économique Bujumbura, les produits avicoles deviennent de plus en plus chers. Le prix d’un œuf non cuit est passé de 300 à 400 FBu et celui cuit de 350 FBu à 500 FBu et cela en moins de quelques cinq ou six mois. Les causes de cette hausse sont variées. Les acteurs dans ce domaine exposent ces raisons.
La production locale est insuffisante
Ça parait bizarre pour certains, mais une grande partie de la consommation avicole est importée. Les commerçants s’approvisionnent, notamment en Tanzanie, en Ouganda ou en RDC. Par conséquent, pendant cette période de crise sanitaire où les frontières sont fermées, le marché local ne satisfait plus la demande. Le centre de Mutoyi, un des centres qui est renommé dans la production avicole partage le même constat. Un des responsables de ce centre qui s’est entretenu avec Burundi Eco explique qu’aujourd’hui un flux de commerçants fait recours à leur centre mais que, malheureusement, le centre n’est pas à même de les satisfaire.
Le prix d’un œuf non cuit est passé de 300 à 400 FBu et celui cuit de 350 FBu à 500 FBu et cela en moins de quelques cinq ou six mois.
La période n’est pas propice
Les mois de mars, avril, mai jusqu’à juin est la période où les champs de haricots fleurissent ou donnent les fruits. Aristide Horimbere, un jeune entrepreneur aviculteur indique que c’est la période où la production des œufs diminue. Ainsi, les systèmes traditionnels de production avicole à petite échelle en milieu rural continuent à jouer un rôle crucial dans l’approvisionnement en produits avicoles. Il avance la simple raison que les poules qui étaient autrefois élevées traditionnellement donc errantes dans la nature sont désormais enfermées pour qu’elles ne déciment pas les champs.
Ces poules qui sont désormais nourries ne produisent plus la quantité qu’elles produisaient avant. D’où la quantité globale des œufs sur le marché diminue.
Le système d’élevage ne facilite pas la tâche
Le responsable du centre Mutoyi nous explique que l’élevage des poules nécessite le renouvellement des troupeaux. « Par exemple, 1500 poules peuvent produire 6500 à 8000 œufs par semaine. Cependant, ces 1500 poules, toutes ne pondent pas en même temps. Il doit y avoir celles qui pondent et des poussins qui vont remplacer les pondeuses quand celles-ci seront vendues pour produire la viande », explique-t-il.
Le problème est que d’une part certains éleveurs attendent que les poules pondeuses arrivent à maturité et ne produisent plus pour préparer les poussins qui les remplaceront. Cela fait qu’il y ait une période de sous-production. D’autres parts, les éleveurs altruistes sont bloqués du fait que le gros des poussins proviennent de l’extérieur et que les frontières sont fermées.
Le secteur de la volaille continue à se développer et à s’industrialiser par plus d’un surtout la jeunesse. La croissance de la population, l’urbanisation rapide, ainsi qu’un plus grand pouvoir d’achat ont été de puissants moteurs favorisant cette croissance. Que ce soit le fameux centre « Mutoyi », que ce soit le jeune entrepreneur, tous espèrent que les prix vont baisser avec la récolte et la réouverture des frontières. Cependant, les facteurs évoqués ci-dessus font que le secteur avicole reste un terrain presque vierge à exploité.