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PAEEJ à la rescousse des jeunes chômeurs

Le 7 avril 2021, un décret présidentiel a institué le PAEEJ dans le but de rendre autonomes les jeunes burundais tout en luttant contre le chômage récurrent qui frappe cette catégorie de la population depuis des une dizaine d’années. Huit mois après, pas mal d’étapes ont été franchies, mais quel est le bilan ?   

« Le dernier recensement national de la population qui a eu lieu en 2008 montre que plus de 66% de la population a moins de 35 ans. Actuellement, les chiffres émanent des bases de données de plusieurs organisations internationales indiquent que la population burundaise est jeune à hauteur de 72%. En ne considérant que les jeunes en soi, on se rend compte que 40% d’entre eux sont âgés de 15 à 35 ans », indique Pr. Désiré Manirakiza, coordinateur national du Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes (PAEEJ).

Il ajoute que les projections démographiques montrent que d’ici 2050, la population burundaise sera environ 26 millions d’habitants et les jeunes seront toujours majoritaires. En plus de cela, plus de 90% des jeunes lauréats des universités et instituts d’enseignement supérieur passent plus de 5 ans avant de trouver le premier emploi.

Dans le recensement des jeunes chômeurs réalisé en 2020, on a constaté que 400 000 jeunes diplômés sont sans emploi alors que le gouvernement du Burundi n’emploie que 120 000 fonctionnaires. Les chômeurs restent trois fois supérieurs à ceux qui travaillent. Ce qui fait qu’une grande partie des actifs du Burundi travaillent dans le secteur informel.

L’origine du PAEEJ

Nonobstant cette situation, il n’est pas question de créer de nouveaux emplois dans la fonction publique. Il ne faut pas délaisser non plus les jeunes, plutôt il faut leur offrir une opportunité pour qu’ils soient eux-mêmes des acteurs de leur propre développement

C’est pour cette raison qu’un forum pour les jeunes a été organisé en novembre 2020 dans le but de réfléchir sur les voies et moyens de venir à bout du chômage endémique des jeunes. Parmi les recommandations formulées figure la mise en place d’un programme qui a pour mission la gestion du chômage des jeunes burundais; d’où la naissance du PAEEJ financé par l’Etat à hauteur de 48 milliards de FBu.

Les chômeurs restent trois fois supérieurs à ceux qui travaillent.

Axes stratégiques du PAEEJ

Selon Pr. Manirakiza, dans la conception des Burundais, seul le travail de bureau a un sens. L’école est restée fondamentalement théorique et n’a pas appris aux jeunes comment être des créateurs d’emploi. Les jeunes burundais doivent savoir qu’ils ne sont ni les sujets ni les objets du développement, mais plutôt les acteurs de leur propre développement. Une fois que les jeunes sont conscients qu’il vaut mieux investir ou périr, le PAEEJ leur donne des formations pratiques (renforcement des capacités) dans des domaines bien spécifiques : techniques modernes en élevage, en agriculture, de communication institutionnelle ou de marketing professionnel… Cela est le premier axe.

Le deuxième axe stratégique c’est l’entrepreneuriat. Les jeunes déjà formés sont appelés à concevoir des projets qui seront financés directement par le PAEEJ. Ici il faut distinguer trois catégories de jeunes. La première catégorie est constituée par les jeunes décidés à s’investir dans le secteur agro-pastoral. La deuxième catégorie, ce sont ceux qui ont choisi de s’investir dans l’industrialisation de tout genre (TIC, Petites et Moyenne Entreprises, écotourisme, eau et assainissement, transport, énergie…). La troisième catégorie, ce sont des entrepreneurs actifs, mais qui ont un petit capital qui ne leur permet pas de conquérir le marché. Le PAEEJ leur donnera les moyens nécessaires pour avancer.

Pour les jeunes des deux premières catégories (les coopératives, les groupements collinaires des jeunes qui ont des projets innovants…), ils recevront un financement remboursable au taux zéro. Et la dernière catégorie obtiendra un financement remboursable au taux de 7%.

Le troisième axe stratégique c’est le placement des jeunes ou l’insertion professionnelle à travers le mécanisme de stage de premier emploi. Comme tout le monde ne peut pas être entrepreneur, le PAEEJ signera un mémorandum d’entente avec les entreprises locales qui accepteront d’accueillir les jeunes dans des stages professionnels. Comme clause, à la fin du stage, l’entreprise ayant bénéficié le soutien du PAEEJ pour le paiement des stagiaires devra contractualiser certains jeunes suivant un quota déterminé.

La sélection des bénéficiaires est de rigueur

Avant d’aller sur terrain, le PAEEJ a commencé par le travail de conception. Pour le moment, il a déjà formé 396 jeunes qui sont répartis dans 66 coopératives à Giheta et à Mwaro. Bientôt ce sera le tour de Kayanza où 272 jeunes seront formés.

Le critère de sélection numéro un, est que le jeune doit être chômeur. Mais Il y a d’autres critères d’ordre démographiques, sociologiques et opérationnels à considérer. Par exemple, au point de vue démographique, le jeune doit être âgé de 16 à 40 ans. Le PAEEJ a pris la borne la plus élevée, car, il y a des jeunes qui passent beaucoup de temps à l’école et qui se retrouvent adultes après les études. Pour les projets collinaires, il faut être originaire de la colline et/ou résider sur la colline. Et il ne faut pas avoir un frère ou un conjoint dans une même coopérative ou dans un même groupement. Et toutes les coopératives doivent être constituées de façon paritaire entre les garçons et les filles (là où c’est possible).

Les jeunes compétents ont plus de chances

Dans les projets de la deuxième catégorie, tout jeune est éligible. Il doit simplement être compétent, car la pertinence du projet présenté au PAEEJ sera de rigueur. « Au cas où nous avons affaire à de nombreux projets pertinents, nous passerons à la phase de concours. Ce ne sont que les meilleurs projets qui seront appuyés », indique Pr. Manirakiza. Pour la troisième catégorie ce sont des jeunes déjà actifs et on essaie de leur donner une impulsion. On tient compte d’un domaine porteur de croissance qui résout un problème quelconque de la société.

Par ailleurs, le décret No 100/273 du 6 décembre 2021 portant modification du décret No 100/107 du 7 avril 2021 portant création, pilotage et coordination du Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes (PAEEJ) stipule que ce dernier est supposé relever certains défis qui sont entre autres le développement du capital humain, le chômage des jeunes, etc. Enfin, le PAEEJ a la mission de mettre la jeunesse au cœur du développement afin de la rendre autonome en luttant contre le chômage et les effets pervers connexes.

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