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PAEEJ, FIGA, ABEJ, BIJE, des programmes qui vont gagner le pari ?

Le chômage des jeunes est une réalité au Burundi. En 2016, il était en milieu rural de 55,2% contre 65,4% en milieu urbain selon le Consortium ADISCO et REJA. Pour faire face à ce défi, le gouvernement du Burundi a mis en place des programmes pour soutenir l’emploi des jeunes dont le PAEEJ, le FIGA, l’ABEJ … Mais quelle est l’efficacité de ces programmes ?    

Dans un Burundi d’à peu près 12 millions d’habitants, les jeunes représentent plus de 60%. Le dernier recensement national de la population (2008) montre que plus de 66% de la population a moins de 35 ans. 

Une étude réalisée en 2016 par le Consortium ADISCO et REJA montre que le chômage des jeunes en milieu rural table sur 55,2% contre 65,4% en milieu urbain. De quoi s’inquiéter.  Face à ce sérieux problème, le gouvernement a mis en place et a renforcé des programmes visant l’autonomisation économique des jeunes. Il s’agit entre autres du Programme d’Autonomisation Economique et de l’Emploi des Jeunes (PAEEJ) mis en place en avril 2021. Le Fonds d’Impulsion, de Garantie et d’Accompagnement (FIGA) opérationnel depuis février 2021. L’Agence Burundaise pour l’Emploi des Jeunes (ABEJ) mise en place en 2010. Il y a également la Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE) opérationnelle depuis 2021.

Plus de 60% de la population burundaise sont des jeunes. Selon le Consortium ADISCO et REJA, le chômage des jeunes en milieu rural table sur 55,2% contre 65,4% en milieu urbain. (Photo : Ntare House)

Une année après, quel bilan pour le PAEEJ ?

En marge de la deuxième édition du forum national des jeunes intellectuels tenu du 15 au 16 septembre dans la commune Shombo de la province Karusi, les représentants de ces organisations ont brossé la situation de leurs réalisations. 

Visant l’autonomisation des jeunes, le PAEEJ dispose d’un budget de 48 milliards de FBu pour une période de 4 ans (2021-2025). Une année après, pour la première catégorie des coopératives collinaires, sur 6000 prévus, 866 projets de coopératives sont déjà encadrés par le PAEEJ. 213 projets sont déjà financés. 653 projets sont en instance de financement, informe Dr Désiré Manirakiza, coordonnateur national du PAEEJ. 

Pour la deuxième catégorie concernant les petites et moyennes entreprises, sur 1000 PME prévues, 375 projets sont retenus et en cours de financement dont 47 projets déposés en ligne et 328 projets issus du concours national des projets innovants. Pour la troisième catégorie qui concerne les projets des jeunes entrepreneurs à succès, 3 des 29 projets déposés en ligne sont déjà financés. « Les 26 qui restent sont en instance de financement ». Cela sur 200 projets prévus. 

Sur le volet « formation et renforcement des capacités », 18 609 jeunes ont été formés dont 8 382 femmes et 10 222 hommes sur l’agri-élevage, la pisciculture, la photographie, les métiers divers, etc. 8 659 jeunes ont été sensibilisés dont 4 845 hommes et 3 814 femmes sur le changement de mentalités sur 50 mille jeunes prévus « Un nombre inconnu de jeunes ont été sensibilisés indirectement via les radios, les réseaux sociaux et sur les autres plateformes de communication », ajoute le coordonnateur du PAEEJ. Après une année, 13 milliards de FBu du budget y alloué sont déjà consommés, soit 33.3%.

Dr Désiré Manirakiza, coordonnateur nationale du PAEEJ : « Toutes les structures du PAEEJ sont aujourd’hui en place, la deuxième année sera sans doute celui du déploiement effectif du PAEEJ »

Quid des autres programmes ?

Depuis 2010, plus de 5000 mille jeunes ont bénéficié de stages de premier emploi via l’Agence Burundaise pour l’Emploi des Jeunes. Parmi eux, 230 ont été embauchés après le stage, rapporte Vital Niyungeko, directeur de l’ABEJ avant de signaler que 3000 autres jeunes ont été formés sur la culture entrepreneuriale. 

Depuis 2021 jusqu’à fin août 2022 le montant des crédits déjà garantis accordés aux projets des jeunes par le FIGA s’élève à plus de 2 milliards de FBu sur 4 milliards de FBu prévus sur le fonds de garantie de portefeuille dédié aux jeunes. 304 coopératives et 7 220 jeunes ont bénéficié de ces fonds. 

Depuis sa création, la Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE) a déjà décaissé un montant de 2 milliards de FBu dont plus de 1 milliard de FBu dédiés à l’agriculture et 600 millions de FBu dédiés à l’artisanat. 

Des jeunes qui ne sont pas encore au courant de ces programmes

Certains jeunes rencontrés dans la province de Karusi ignorent l’existence de ces programmes visant l’autonomisation des jeunes. C’est le cas notamment du jeune Alexis Ndayishimiye. Il affirme ne pas être au courant de l’existence du programme PAEEJ ou de la BIJE. Jeannine Nduwimana est un agent du service de transfert mobile d’argent. Elle précise qu’elle n’a jamais rencontré un agent du PAEEJ pour d’éventuelles sensibilisations. Travaillant pour le compte de son patron, elle indique qu’elle pourrait démarrer son propre business en cas de soutien. 

Néanmoins, le coordinateur du PAEEJ informe que ce programme est déjà présent dans toutes les provinces. A part les sensibilisations sur place, des communications sont faites via les radios et les autres plateformes de communication digitale.

Encore plus, selon Dr Désiré Manirakiza, 119 coaches sont présents dans toutes les communes du pays pour sensibiliser les jeunes. Et de rassurer : « Étant donné que toutes les structures du PAEEJ sont aujourd’hui en place, la deuxième année sera sans doute celle du déploiement effectif du PAEEJ »

Le décaissement tardif des fonds par les banques, un défi

Le retard dans le décaissement des fonds par les banques partenaires du PAEEJ est un défi de taille auquel font face les jeunes ayant déjà bénéficié des financements de ce programme. Jean Paul Nshimirimana est un jeune entrepreneur dans l’agro-business dans la province de Kirundo. Il œuvre dans le domaine de l’élevage des poules. Figurant parmi les bénéficiaires du PAEEJ, il indique qu’après la signature des conventions de financement avec le PAEEJ, les banques partenaires de ce programme ont trainé les pieds dans le décaissement des fonds. C’est le cas de la Banque Nationale de Développement Economique (BNDE). « Il m’a fallu attendre plus de deux mois pour bénéficier des premiers fonds. Les banques partenaires du PAEEJ exigent beaucoup de documents additionnels alors qu’on a déjà signé des conventions avec le PAEEJ et cela fait qu’il y ait un ralentissement dans le décaissement des fonds ».  Les banques doivent également effectuer des visites sur terrain pour se rendre compte des réalisations antérieures. Cette banque devra analyser de nouveau le projet alors qu’il a été déjà analysé par le PAEEJ. Jusqu’au processus de signature de conventions avec la banque, Nshimirimana  dit qu’il était obligé de faire beaucoup de déplacements vers Bujumbura en provenance de Kirundo. « Depuis juin, j’ai reçu la première tranche du crédit en septembre. Vous trouverez que cela constitue une perte pour les entrepreneurs ».

L’avis est de même pour Renaud Niyonkeza, directeur général de Kazoza FM. La coopérative propriétaire de cette radio et bénéficiaire des fonds du PAEEJ indique qu’il lui a fallu attendre beaucoup de temps pour avoir les financements. Il appelle les banques partenaires de ce programme à minimiser les exigences afin de réduire le long processus de décaissement des fonds.

Le coordonnateur national du PAEEJ informe que des solutions ont été déjà proposées. « Il y avait des conventions signées que les banques n’avaient pas respectées, mais on s’est convenu de les respecter ». En cas normal, un dossier ne devrait pas dépasser 10 jours dans les banques, mais au début,  ça a trainé parce que le programme est nouveau pour les banques. La diversification des banques partenaires est également une autre solution.  Les banques partenaires du PAEEJ sont actuellement la BIJE, la BNDE, la Banque d’Investissement des Femmes (BIDF), la BBCI et la FENACOBU. 

Certains jeunes rencontrés dans la province de Karusi ignorent l’existence des programmes visant l’autonomisation des jeunes.

Un organe de coordination de tous les intervenants dans le domaine, plus qu’une nécessité

Lors d’une réunion du Président de la République avec les partenaires intervenant pour le bien-être de la jeunesse, des inquiétudes ont été soulevées sur la multitude des programmes intervenant pour la jeunesse. Vu que les domaines dans lesquels les jeunes investissent sont importants pour le développement du pays, John Agbor, représentant de l’Unicef au Burundi indique que ces projets permettraient de relever l’économie du pays s’ils étaient parfaitement mis en œuvre. 

Ils ont proposé qu’il y ait un organe de coordination des activités de tous les partenaires intervenant pour le bien – être des jeunes. Pour Dr François Havyarimana, ministre de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique, cet organe de coordination devra être au courant des appuis de toutes les organisations et devra faire le suivi des interventions faites en faveur de la jeunesse et assurer même l’encadrement de la jeunesse après les projets des organisations. 

Pour rappel, les financements du PAEEJ seront remboursés à des taux d’intérêt de 3% pour les PME et 7% pour les entrepreneurs déjà opérationnels au moment de l’acquisition des fonds. Pour la catégorie des coopératives collinaires, les fonds seront remboursés à un taux d’intérêt de 0%.

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