Depuis 2012, le Burundi a entamé le processus de migration vers la numérisation de la télévision. Cependant, il y a environ deux ans que ce processus tourne au ralenti. Le Burundi semble faire une marche sur place malgré les progrès déjà réalisés. A l’origine de cette situation, le manque de moyens.
Selon des sources officielles, les infrastructures de réseau pour diffuser les images sont prêtes sur tout le territoire national. Or, avec le premier trimestre 2017, la société StarTimes Media a suspendu les activités restantes sur le chantier de modernisation de la Radio Télévision Nationale du Burundi. Pour relancer le processus, le gouvernement du Burundi a contracté de ce crédit de 32,6 millions USD auprès de la banque chinoise EXPORT-IMPORT BANK. Le remboursement de ce crédit s’effectuera sur une période de 25 ans, au taux d’intérêt de 2% avec 5 ans de grâce, précise le communiqué du conseil des ministres du 19 juillet 2017. Les experts s’accordent sur le fait que la moyenne acceptable pour passer de l’analogique au numérique se situe entre 20 et 50 millions d’euros.
Il est à noter que le don de 190 000 décodeurs promis par le gouvernement chinois est conditionné par ce prêt. Répondant aux questions orales des députés au parlement, le ministre des Postes, des Télécommunications, de la Communication et des Médias, Nestor Bankumunkunzi, a indiqué que ce crédit va relancer le processus de télédiffusion numérique bloqué. Et d’ajouter que le gouvernement n’avait pas de choix car il négociait en position de faiblesse.
Il a été créé une société mixte dénommée Société Nationale de Télédiffusion Numérique du Burundi (STNB) dont la société StarTimes Network Technology Co.Ltd détient 60% des actions, les 40 % restants revenant à la RTNB qui représente le gouvernement. La STNB dispose de six centres commerciaux dont son siège social et les centres de Buyenzi, Gitega, Ngozi, Muyinga et Makamba. A cela s’ajoute onze sites, hébergeant les équipements qui sont érigés sur tout le territoire national. Selon des sources concordantes, StarTimes supporte toutes les charges de la STNB, y compris le paiement des frais de loyer et l’alimentation en carburant avec plus de 3000 litres par jour pour les groupes électrogènes. Les mêmes sources indiquent que Startimes exige le remboursement des frais utilisés lors de la mise en place des infrastructures de la STNB pour délivrer les clés et les codes d’accès à la STNB.
Différence entre télévision analogique et Télévision numérique terrestre
La télévision numérique terrestre (TNT) offre aux téléspectateurs des images et un son de meilleure qualité. Ses normes de compression et de décompression des données permettent en effet de diffuser plus de contenus sur un même canal. Alors que le signal analogique est très gourmand en fréquences, la TNT libère une partie du spectre au bénéfice d’autres usages comme la 4G qui fait son apparition sur le continent.
Parmi les avantages de la TNT figure la qualité des images et la diffusion à moindre coût. Ainsi la TNT permet de recevoir des images dites de haute définition (HD). De plus, il est désormais possible de bénéficier de plusieurs chaines sur un canal par le mécanisme dit de compression. L’autre innovation avec la télévision numérique c’est qu’il sera désormais possible d’avoir des chaines de télévision sur des applications mobiles et web via internet.
Le continent africain est loin du compte
D’après l’hebdomadaire Jeune Afrique, le continent africain est loin du compte. Seule une poignée de pays d’Afrique orientale et d’Afrique australe a fait le grand saut. Les bons élèves sont le Malawi, l’île Maurice, le Mozambique, le Kenya, la Tanzanie et le Rwanda. Et, surprise, les retardataires ne sont pas forcément ceux que l’on attendait. Dans leurs rangs figurent des économies émergentes comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Egypte et le Maroc. Le manque de moyens bloque encore la télévision numérique. D’après Grégoire Ndjaka, directeur général de l’Union Africaine de Radiodiffusion cité par le magazine La Tribune, avoir la volonté n’est pas forcément synonyme d’avoir les moyens. Certains pays en Afrique manquent même de moyens pour faire face au paludisme. Ils manquent de centres de santé, de médicaments… alors que ce sont là leurs priorités », analyse-t-il
Cas de la Tanzanie
L’Autorité de Régulation des Communications de Tanzanie (TCRA) a commencé par l’identification de tous les postes téléviseurs qui se trouvent dans le pays (2007). Ainsi, le nombre de postes de télévision est estimé à 6,4 millions pour environ 10,3 millions de foyers. L’étape suivante a été la mise en place d’un calendrier pour le passage au numérique et l’octroi des licences aux opérateurs Star Media Tanzania, Agape Media et Basic Transmissions (en 2010).
En 2011, TCRA a lancé des campagnes de publicité sur l’arrêt de l’analogique dans la plus grande ville de Tanzanie. C’était pour éveiller la conscience des autres villes sur la réalité de l’arrêt de la télévision analogique dans un futur proche, conduisant à une augmentation des ventes de décodeurs dans ces régions avant la date prévue de l’arrêt de la diffusion analogique.
Toutefois, il est à noter que le processus est confronté à pas mal de difficultés ayant trait notamment aux prix élevés des décodeurs. Le gouvernement a dû exonérer l’importation des décodeurs pour réduire leurs coûts. L’autre difficulté est liée aux faux décodeurs vendus et au manque d’informations sur le modèle de décodeur à acheter.
En définitive, le processus d’extinction de la télévision analogique a été effectué de manière progressive. Il est parti des grandes villes pour atteindre les petites bourgades du pays. Selon le plan actuel pour la transition vers la télévision numérique, les 13 derniers sites devaient commencer à émettre en septembre 2013, avec un arrêt définitif de l’analogique en 2014.
En définitive, on remarque que la Tanzanie a clairement réussi son programme de transition vers le numérique. Le Burundi peut tirer les leçons des défis auxquels la Tanzanie a été confronté. L’exemple de la Tanzanie permet de souligner qu’avant d’être un exercice purement technique, réglementaire ou politique, le passage au numérique est un exercice de changement de comportement des consommateurs. L’éducation du consommateur doit être un élément clé de tout passage de l’analogique au numérique. Si le Burundi ne respecte pas l’échéance du 31 décembre 2017, date butoir de migration de l’analogique vers le numérique, il perdra les fréquences dans le système.