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La pénurie du carburant, une équation à plusieurs inconnues

Le monde entier est frappé par la hausse du prix du carburant. Une situation qui résulte de la crise russo-ukrainienne. Face à cette hausse du carburant qui induit nécessairement la hausse des prix des autres produits, les Etats ont pris des mesures radicales afin d’amorcer le choc. Jusqu’à présent, aucune mesure n’est envisagée par l’Etat burundais pour contrecarrer cette situation malgré que le pays connait une grave pénurie de carburant qui paralyse les activités    

La pénurie du carburant a paralysé les activités dans la capitale économique Bujumbura depuis plus d’une semaine. De longues files de voitures, taxi-voitures, bus, camions sont remarquables devant les stations-service de la capitale tout au long de la journée. Cette pénurie a paralysé beaucoup d’activités, surtout le transport des personnes, des biens et des marchandises. Une autre conséquence est que les coûts des transports et de certains produits de première nécessité ont grimpé considérablement.

Malgré que le monde entier souffre à cause de cette hausse du prix du carburant, le Burundi souffre doublement.

Un risque de surinflation 

Pour décortiquer les risques induits par cette pénurie ou une hausse éventuelle du carburant, le journal Burundi Eco s’est appuyé sur E.M, économiste et enseignant à l’université du Burundi qui a voulu garder son anonymat. Tout d’abord, il explique que la pénurie ou la hausse du prix carburant a un effet immédiat sur le prix des autres produits. L’explication est que le carburant est un produit stratégique utile dans la production ou la transformation et même dans le transport des produits. Ainsi, quand le prix du carburant augmente, cela implique la hausse du coût de production et du prix de transport et, par conséquent, les prix des biens sur le marché augmentent. Ce qui cause l’inflation, cette dernière étant la perte du pouvoir d’achat de la population causée par l’augmentation généralisée et durable des prix.

Le risque est qu’il y a un quasi arrêt de l’activité économique. « Les gens ne produisent pas et cela ralentit voire fait régresser la croissance économique. « Le pays court le risque d’une « stagflation » qui  est la situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation », explique l’économiste. 

Libéraliser l’importation du carburant

Malgré que le monde entier souffre à cause de cette hausse du prix du carburant, le Burundi souffre doublement. Ne possédant pas de stocks stratégiques et connaissant un marché monopolisé du carburant, trouver une solution immédiate est difficile pour ce pays. L’autorité politique doit prendre des mesures radicales. Pour cet économiste, la première mesure à prendre est de libéraliser l’importation du carburant. « Il faut accorder la licence d’importer le carburant à d’autres investisseurs et leur permettre de l’importer directement des pays producteurs », fait savoir l’économiste. Il explique que le fait que le Burundi doit acheter le carburant à la Tanzanie constitue un manque à gagner au niveau du prix, mais aussi au niveau de la qualité du carburant.

Il explique que le gouvernement doit mobiliser des devises pour permettre à ce qu’on en importe de façon à constituer des stocks stratégiques. Sur la pénurie de devises, l’économiste n’y va pas par quatre chemins. « Il doit en emprunter auprès des institutions financières internationales ou accélérer le processus de la reprise effective des relations avec les puissances donateurs du Burundi ». Mais encore une fois, il faut que le Burundi soit crédible.

Quant à ce qui est de la volonté du chef de l’Etat de ne plus subventionner le carburant, il dit : « c’est une mauvaise idée ».

Le Ghana, un bon exemple

Comme les autres pays africains, la hausse du prix du carburant n’a pas épargné le Ghana. Le gouvernement ghanéen prend des mesures drastiques, en vue de contrer le phénomène de la vie chère, marqué par la flambée des prix des produits de première nécessité. C’est ainsi qu’il a pris la ferme résolution de baisser le salaire du chef de l’Etat, mais aussi de celui des ministres. Il est prévu l’injection de 2 milliards de dollars US. Selon les propos de Ken Ofori-Atta, ministre ghanéen des finances, ces mesures visent à aider le Ghana à faire face à l’impact du Covid-19 et à la hausse actuelle des prix du pétrole brut, causée par la guerre en Ukraine.

Tout près du Burundi, la présidente tanzanienne a ordonné le rétablissement de la taxe de 100 shillings sur le carburant qui a été supprimée afin d’amortir l’impact négatif des prix élevés du carburant sur les citoyens. Elle a instruit à ses fonctionnaires de dire la vérité  aux citoyens concernant le coût de la vie élevé qui est sur le point de frapper le pays.                

Pourquoi la guerre russo-ukrainienne impacte le prix du carburant

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les cours mondiaux du pétrole s’affolent. Fin février, le prix du baril a franchi les 100 dollars, son plus haut niveau depuis 10 ans. La Russie figure en deuxième position au classement des plus gros producteurs de pétrole, derrière les Etats-Unis et devant l’Arabie Saoudite. Elle est également le deuxième pays gros exportateur de pétrole au monde. Moscou fournit 12% de l’offre mondiale et est le troisième producteur de pétrole brut. Une guerre perturberait donc les approvisionnements essentiels.  

Cette situation a fait que, plusieurs Etats revoient à la hausse le prix du carburant à la pompe. Mais le Burundi qui venait de revoir les prix à la hausse fin janvier ne s’est pas encore prononcé sur un éventuel renchérissement des prix du carburant à la pompe.

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