Satisfaire la demande en sucre est toujours un casse-tête pour les autorités. Avec la Sosumo qui ne parvient plus à satisfaire la demande locale, mais qui limitent cependant son importation, l’opinion pense qu’il est temps d’autoriser aux particuliers d’importer le sucre pour combler dans l’immédiat le déficit
Lors de la présentation des réalisations lundi 17 janvier 2022 de son ministère l’année budgétaire 2021-2022, Marie Chantal Nijimbere, ministre en charge du Commerce admet que la production locale du sucre est insignifiante par rapport à la demande. Aloys Ndayikengurukiye, Administrateur Directeur Général de la Sosumo, explique que cette entreprise connait des problèmes techniques liés surtout à la vétusté des machines.
Pour remedier à cette problématique, la ministre indique que le gouvernement du Burundi est en train d’inciter les investisseurs à implanter d’autres sucreries dans le pays pour compléter la production de la Sosumo.
Un projet de réhabilitation, modernisation-extension de la Sosumo est également sous étude. Il vise à réhabiliter les équipements de l’usine devenus obsolètes. A terme, la production annuelle du sucre atteindra 35 mille tonnes. Ce qui veut dire que, selon le plan du gouvernement, la satisfaction de la demande locale n’est pas pour demain.
La protection de l’entreprise locale doit tenir en compte de l’alimentation du marché.
Protéger l’industrie locale oui, mais penser également au consommateur
Protéger temporairement l’industrie sucrière locale pour lui permettre d’investir et d’améliorer sa compétitivité est une nécessité. C’est l’ambition du gouvernement burundais pour répondre à une demande toujours croissante. Toutefois, Noël Nkurunziza, secrétaire et porte-parole de l’Abuco, indique que le besoin est urgent. Des solutions à court terme sont plus que nécessaires », interpelle-t-il. Il propose en l’occurrence de libéraliser l’importation du sucre en permettant aux privés d’importer le sucre dans le secteur.
Une fois, la commercialisation du sucre libéralisée, la Sosumo risque d’être inondée. « Importer plus ça peut être stratégique, mais aussi délicat. Le gouvernement a le devoir de protéger ses entreprises », fait savoir l’ADG de la Sosumo. Toutefois, Nkurunziza trouve que c’est bien de protéger l’entreprise locale mais si et seulement sa production peut satisfaire la demande locale. Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte Contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) l’a rejoint en disant que la Sosumo n’arrive plus à assurer le monopole. Pour rappel, seule la Sosumo a le monopole d’importer et de vendre le sucre.
Comment les autres pays s’y prennent ?
Malgré l’ambition d’assurer l’autosuffisance à long terme, certains pays ont levé l’interdiction sur les importations du sucre, afin de sécuriser l’approvisionnement des consommateurs. Toutefois, la plupart des pays affiche une sous-production du sucre. C’est le cas de la Tanzanie qui, depuis mai 2018, importe une partie du sucre qui manque. Le but de Dodoma était également de garantir des prix bas pour ce produit. D’autres pays ont interdit l’importation du sucre pour une période déterminée. C’est le cas de la Côte d’Ivoire où depuis 2020, le gouvernement ivoirien a décidé d’interdire l’importation du sucre pour une durée de cinq ans.
Faustin Ndikumana, président de PARCEM indique que l’autre lacune est l’absence des statistiques actuelles et précises. « Le ministère ayant le commerce dans ses attributions a le devoir de mettre à jour les statistiques sur la demande et la production du sucre ». Le porte-parole de l’ABUCO trouve qu’à partir des chiffres, il est facile de ne laisser entrer que seulement la quantité qui manque. « Le besoin urgent consiste à alimenter d’abord le marché. Les autres stratégies de s’auto-suffire peuvent se faire en parallèles ». dit-il.