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Plus de 41 milliards de FBu injectés dans la filière café en deux ans

La filière café est en pleine restructuration. Une stratégie de redressement de la filière café et son plan d’action ont été récemment adoptés par le conseil des ministres. La concrétisation de ces derniers s’est traduite par la mise en place d’un nouvel organe dénommé Office pour le Développement du Café (ODECA). L’une des grandes attentes de cette stratégie est la fixation d’un prix rémunérateur pour le caféiculteur

Le Gouvernement du Burundi est toujours préoccupé par le développement durable de la filière café, une filière qui contribue considérablement au développement du pays, a déclaré Dr Déo-Guide Rurema, ministre en charge de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage ministre de l’Environnement lors d’une conférence de presse animée mercredi, le 29 janvier 2020.   

Le café fournit autour de 60 % des devises issues des exportations. Il est l’une des cultures pratiquées essentiellement par les petits producteurs et leurs revenus dépendent en grande partie de cette culture. Durant la campagne café 2019-2020, la quantité de café vert déjà déparchée est de 7 511,5 tonnes. De cette quantité, 6 254,2 tonnes de café vert sont déjà vendues pour une valeur de 15.221.142,69 USD dont 5 002 558,19 USD déjà rapatriés. Le ministre en charge de l’Agriculture met en garde les exportateurs qui ne rapatrient pas les devises sous prétexte que les acheteurs n’ont pas encore payé. Un inventaire des sociétés ou individus qui n’ont pas rapatrié les devises sera établi. Et ces derniers seront bannis de la filière café, prévient le patron du ministère de l’Agriculture.

La production en baisse

La campagne en passe d’être clôturée (au 31 mars 2020) a enregistré une production très faible. Les projections estimaient la production à 75 928,6 tonnes de café cerise, mais la production a été de 47 845,6 tonnes. Le ministre Rurema attribue cette chute de la production au phénomène dit de cyclicité. L’abondance de la production est souvent accompagnée par une chute de la production, précise-t-il.  La production attendue au cours de la prochaine campagne est de 136 792 tonnes de café cerise.

Le café est l’une des cultures pratiquées essentiellement par les petits producteurs et leurs revenus dépendent en grande partie de cette culture.

Une filière en turbulence?

Au cours des deux dernières années, la filière café a été  confrontée à pas mal de contraintes. Ce sont notamment les retards enregistrés dans le paiement des caféiculteurs, le non rapatriement des devises ; etc. L’autre difficulté est inhérente à la réticence des banques d’octroyer des crédits à certaines sociétés. Des mesures ont été prises pour redresser la situation, pour redynamiser le secteur. Les récalcitrants qui n’ont pas respecté les règles du jeu ont été écartés de la filière. Pour voler au secours des caféiculteurs, le gouvernement a décidé de refinancer le secteur café à hauteur de 41,1 milliards de FBu à raison de 24 milliards de FBu pour la période 2018-2019 et 17,1 milliards de FBu la campagne suivante. La bonne nouvelle est que tous les caféiculteurs ont été payés pour la campagne en cours, se réjouit le ministre.

La décision emblématique a été l’adoption par le conseil des ministres du 1 er novembre 2019 de la stratégie et de son plan d’action. L’objectif crucial de cette politique est le réengagement de l’Etat sur tous les maillons de la chaine de valeur, y compris la commercialisation. La décision a été concrétisée par la mise en place d’un organe technique appelé «Office pour le Développement du Café». (ODECA)

L’ODECA reprend les commandes

L’ODECA va s’occuper de toutes les activités qui étaient confiés aux organes issus de la politique de désengagement de la filière café en l’occurrence la Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs (CNAC-MURIMA w’Isangi ), l’INTERCAFE, les Sociétés de Gestions des Stations de Lavage du Café (SOGESTAL), la Société de Déparchage et de Conditionnement du Café (SODECO).

Ainsi, le gouvernement recommande à ces sociétés de remettre le matériel, les stocks d’intrants et autres outils liés à l’encadrement, l’outil industriel, de production ainsi que les pièces de rechange, afin de faciliter l’exécution des activités de la filière café. Cependant, la stratégie de redressement garde la porte ouverte pour les investisseurs privés ayant les capacités techniques et financières requises. Ils peuvent d’ores et déjà contacter l’ODECA pour connaître les conditions de leur agrément  en sachant qu’il n’y aura plus la garantie de l’Etat pour avoir des crédits et qu’une caution délivrée par leurs banques sera de rigueur, insiste Rurema.

Les caféiculteurs se frottent les mains

La priorité des priorités est l’augmentation du prix au producteur. Le ministre semble déterminé plus que jamais à valoriser les efforts du caféiculteur. Ce dernier sera payé à temps, insiste-t-il. Adieu les impayés : c’est le premier avantage de la stratégie de redressement de la filière café. Par ricochet, si le caféiculteur est payé régulièrement au bon prix, il sera motivé pour entretenir son verger, explique le ministre Rurema.

Il est encore tôt pour s’exprimer sur le prix minimum du café cerise, dit-il. Il informe cependant que des innovations interviendront dans la fixation des prix. Auparavant, les intervenants dans le secteur se réunissaient à huis clos pour fixer le prix du café. Et, souvent, les intérêts du caféiculteur n’étaient pas pris en considération. Les charges des sociétés (frais de fonctionnement, les redevances, etc.) qui œuvraient dans le secteur pesaient sur le prix. Ainsi, avec la nouvelle méthodologie qui sera adoptée par l’ODECA, il y aura autour de 34 % des charges qui n’influenceraient plus la fixation des prix, estime le ministre Rurema.

Quant au sort réservé aux employés des sociétés qui intervenaient dans la filière café, le ministre Rurema a précisé que tous les employés de l’ARFIC vont intégrer l’ODECA. D’autres techniciens en provenance de la SODECO ou des SOGESTALs vont intégrer progressivement cet organe en fonction des activités identifiées. Après les déclarations du ministre en charge de l’agriculture, plusieurs interrogations subsistent sur le rôle véritable des investisseurs privés d’autant plus que la nationalisation des sociétés gagne du terrain. Dans nos éditions ultérieures, nous reviendrons sur le sujet pour établir un bilan de la politique de privatisation de la filière.

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