Les fonctionnaires se réjouissent du fait que l’Etat va mettre en œuvre la politique salariale. Pourtant, ils craignent que cette politique ne puisse pas alléger leurs souffrances au regard du coût de la vie qui devient de plus en plus cher
Les syndicalistes se réjouissent du fait que l’Etat va mettre en œuvre la politique salariale qui vise à réduire les écarts entre les salaires des fonctionnaires. C’est une bonne nouvelle. Ils remercient le gouvernement d’avoir cautionné cette politique salariale. Néanmoins, en plus de la réduction de cet écart entre les rémunérations des fonctionnaires, Antoine Manuma, président du Syndicat Général du Personnel de l’Education du Burundi souhaite que cette politique salariale tienne compte du coût de la vie des travailleurs. Sur le marché, il s’observe une flambée des prix des denrées alimentaires de base. Il y a des produits dont le prix est passé du simple au double. Ce qui altère les conditions de vie des fonctionnaires.
Que la politique salariale tienne compte du coût de la vie des travailleurs.
Avec un salaire estimé actuellement à 350 000 FBu pour les licenciés qui travaillent dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice, prendre en charge leurs familles constitue un véritable parcours de combattant. On est toujours plongé dans un stress sans fin du fait qu’on peut ne pas trouver de quoi manger, les frais de loyer, de soins de santé, etc. Selon un autre fonctionnaire, habitant la commune Ntahangwa, le coût du transport vient empirer la situation. Les tarifs officiels ne sont pas respectés et le coût peut passer du simple au double par rapport au prix officiel. Puisque tout le monde voit que le niveau de vie s’effrite du jour au jour, la plupart des fonctionnaires tentent tant bien que mal d’initier des activités génératrices de revenus pour essayer d’inverser la tendance. Certains ont des boutiques. D’autres pratiquent aussi l’agriculture, l’élevage, etc après les heures de service. Il y a aussi des motards.
Le SMIG nécessite une actualisation
Sachant que le SMIG est à 160 FBu pour les villes de Bujumbura et de Gitega et à 105 FBu pour les provinces de l’intérieur du pays, il est urgent d’actualiser les critères de sa détermination du du salaire minimum qui sont entre autres le coût de la vie et sa fluctuation, les prestations de la sécurité sociale et le niveau de vie comparé à celui d’autres groupes sociaux.
La politique salariale devrait réduire ce choc
Pour Manuma, cette politique salariale devrait réduire cet écart, car les salaires ne sont pas indexés au taux d’inflation. Bien sûr, depuis 2016, il y a eu le mécanisme d’ajustement salarial. Pourtant, on ne parvient pas à joindre les deux bouts du mois, s’inquiète Manuma. On ne parvient même pas à s’approvisionner en denrées alimentaires pendant les deux semaines qui suivent la perception du salaire, car le taux d’inflation augmente du jour au jour. Pour cette raison, la politique salariale devrait être orientée dans le sens d’alléger les souffrances qu’endurent les travailleurs.
Ces derniers s’attendaient au déblocage des annales, fait-il observer. Mais le gouvernement les a définitivement supprimées. Ce qui est une mauvaise nouvelle pour les travailleurs, car ils ont été cotés pendant tous les 6 ans écoulés. Selon Manuma, un fonctionnaire bien coté devrait être primé comme la loi le préconise.
Notons qu’un autre syndicaliste laisse entendre sous couvert d’anonymat que si rien ne change, la politique salariale risque de créer des frictions entre les fonctionnaires, car l’analyse de cette politique salariale montre que ce sont ceux qui ont un faible niveau d’étude qui seront avantagés.