La 20ème édition du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF) place le Burundi à la 107ème position sur 180 pays. Il s’agit d’une avancée significative en matière de liberté de la presse, car le Burundi vient de gagner 40 places. Cependant, RSF s’inquiète de la survie des médias qui reste incertaine dans un contexte de pauvreté extrême du pays.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Pas mal d’acteurs œuvrent pour une information indépendante, crédible et non partisane contribuant à la construction d’une société libre et équitable. Cependant, il y a du chemin à faire pour garantir la liberté de la presse. Le marché publicitaire y est très limité. Donc, il est très difficile pour un média de survivre sans le soutien du gouvernement, des institutions ou d’ONGs étrangères. Cela va de soi de l’indépendance et de la crédibilité des professionnels des médias. On ne peut pas prétendre toucher tous les angles d’un sujet qui impliquerait une organisation ou une entreprise qui publie régulièrement ou un annonceur potentiel. La santé financière des médias ne favorise pas l’exercice du métier en toute indépendance.
La liberté de la presse reste une notion complexe dans un pays fraîchement sorti de la crise socio-politique. Les médias vivent les séquelles du passé avec la destruction de la plupart des médias indépendants suivi par un climat de méfiance envers les professionnels des medias. Cela étant, les journalistes doivent avoir toujours à l’esprit la complexité de ce travail. Il y aura toujours des pressions de tout genre, mais nous devons rester debout. L’exactitude, l’impartialité et la responsabilité sociale doivent servir de boussole à chaque journaliste qui se veut professionnel.
Après les évènements de 2015, l’autocensure a gagné du terrain. Au niveau des rédactions, les jeunes journalistes ne justifient pas d’assez d’expérience pour décrypter les enjeux socio-économiques du pays. Les menaces pèsent toujours sur les journalistes qui osent poser des questions pertinentes sur des sujets d’intérêt public. Il n’est pas rare de voir les cadres de l’Etat esquiver les questions ou chercher des excuses pour ne pas éclairer l’opinion publique. Pire encore, ces derniers nous assimilent expressément au simple rôle de communicants en refusant catégoriquement de répondre aux questions des journalistes lors des conférences de presse. Il en est de même pour les opérateurs économiques qui boudent les médias du moins pour la plupart d’entre eux.
La liberté de la presse et la liberté d’expression sont un révélateur de la culture démocratique et de l’Etat de droit. Les médias sont les garants du droit à l’information qu’il convient d’exercer en toute liberté et avec responsabilité, lit-on dans un communiqué de presse sanctionnant la visite des ambassadeurs de l’UE aux bureaux du régulateur.
Chers collègues, être journaliste ça se mérite. Le fait de détenir une carte de presse ne fait pas de vous un journaliste qui exerce parfaitement son métier. Nous devons l’exercer en toute indépendance et en toute responsabilité sur l’ensemble du territoire du Burundi. La loi régissant la presse au Burundi garantit le libre accès aux sources d’informations. Ainsi nous pouvons enquêter et commenter librement sur les faits de la vie publique.
D’ailleurs, tout journaliste s’engage à dire la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité. En outre, il doit défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique. (Charte de Munich, 1971).