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Primus et Amstel introuvables, les consommateurs consternés

Depuis plusieurs mois, les consommateurs font face à une pénurie persistante des produits phares de la Brarudi, notamment la bière Amstel 65 cl et 50 cl ainsi que toutes les variétés de la Primus. La situation qui ne cesse de s’aggraver pousse certains à parler d’un véritable calvaire pour les amateurs de la bière. Trouver une de ces boissons dans les bars ou les boutiques relève désormais de la gageure. Et lorsqu’on en trouve, les prix sont exorbitants.

La bière produite par la Brarudi devient petit à petit un luxe. Elle n’est plus accessible à tout le monde.

 

Officiellement, une bouteille de Primus coûte 2 500 francs burundais (BIF). Mais dans les faits, certains boutiquiers n’hésitent pas à la revendre entre 5 000 et 6 000 BIF. Les tenanciers des bars expliquent qu’ils reçoivent les boissons à compte-gouttes, à des prix déjà très élevés. Ils affirment ne pas avoir d’autre choix que de répercuter ces coûts sur les clients. Résultat : la bière devient un produit de luxe pour beaucoup de consommateurs.

A Carama, quartier populaire situé au Nord-Ouest de la ville de Bujumbura, la situation commence à peine à se stabiliser. Mais pour de nombreux habitués des débits de boisson, le désarroi est toujours palpable. « Avant que la situation ne se détériore, je ne jurais que par l’Amstel. C’était ma boisson préférée depuis une dizaine d’années. Mais avec sa pénurie persistante, j’ai été contraint de me rabattre sur la Primus. Malheureusement, elle aussi est devenue introuvable ou alors hors de prix », confie, dépité, un habitant de Carama.

Les prix de la bière Amstel hors du commun

Ce dernier explique qu’il lui arrive désormais de passer plus d’une semaine sans boire la moindre bière, alors qu’en temps normal, il ne pouvait pas rester plus de trois jours sans étancher sa soif. Et quand, par chance, il tombe sur une bouteille d’Amstel dans un bar, il faut qu’il soit prêt à y mettre le prix fort : entre 15 000 et 20 000 BIF la bouteille, contre 3 500 BIF officiellement. « L’Amstel est devenue une boisson de luxe. Je ne comprends pas comment une personne au revenu modeste peut encore s’offrir cette marque. Ne vaudrait-il pas mieux y renoncer complètement ? », s’interroge un jeune homme croisé au centre-ville de Bujumbura.

Pour beaucoup de Burundais, les bières de la Brarudi ne sont plus à la portée du citoyen lambda. Nombreux sont ceux qui, même lorsqu’ils les trouvent, n’ont plus les moyens de s’en procurer. Partager un verre entre amis, un geste banal autrefois, devient une exception. « Voilà plus de six mois que je n’ai pas offert une seule bière à un ami. Ce n’est pas par manque de générosité, mais simplement parce que je n’en ai pas les moyens. Avec 10 000 BIF, on ne peut s’acheter qu’une seule bouteille de Primus dans certaines buvettes », se désole Jean Claude Ndikumana, résident de Kamenge, au Nord de la capitale économique Bujumbura.

Face à cette crise, les amateurs de bière n’ont d’autre choix que de faire l’impasse sur les produits Brarudi. Seule la nouvelle venue, l’Amstel Bright, une bière brassée à base de maïs, reste relativement disponible. Mais là encore, la majorité des consommateurs ne s’en satisfassent pas. Le goût, jugé fade ou désagréable par les plus fidèles consommateurs de bière, ne convainc pas.

La pénurie des boissons, un problème insoluble ?

Partout à Bujumbura comme à l’intérieur du pays, la même frustration revient. Jusqu’à quand cette pénurie va-t-elle durer ? Quand pourra-t-on à nouveau partager une bouteille de bière sans avoir à y consacrer un demi-salaire ? Les réponses se font attendre. Même la Brarudi semble prise au dépourvu. L’entreprise qui reste muette sur les causes exactes de cette pénurie, n’a fait aucune communication officielle rassurante à ce jour.

Pourtant, la question préoccupe au plus haut point les autorités du pays. Il y a environ six mois, les autorités burundaises, notamment le maire de la ville de Bujumbura, avaient promis des mesures strictes pour sanctionner les commerçants qui profitaient de la pénurie des produits Brarudi pour pratiquer des prix abusifs. Plusieurs vendeurs avaient été rappelés à l’ordre, certains même sanctionnés. Mais, aujourd’hui, cette initiative semble avoir perdu de sa rigueur. Plus personne n’en parle et les prix continuent de grimper dans une quasi-impunité. Les consommateurs, eux, se sentent abandonnés et n’ont d’autre choix que de souffrir en silence.

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