Site icon Burundi Eco

Le prix par kilo du café cerise reste insatisfaisant

Le gouvernement du Burundi à travers le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a augmenté de 10% le prix du café cerise. Les caféiculteurs disent que ce prix reste dérisoire au regard des dépenses colossales qu’exige l’entretien des plantations et des efforts fournis par le producteur

Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a lancé officiellement la campagne café 2020-2021. Les activités se sont déroulées jeudi le 20 février 2020 dans la zone Buhayira de la commune Murwi en province Cibitoke. A cette occasion, le ministre Déo Guide Rurema a rappelé aux caféiculteurs que la filière café est confrontée à pas mal de défis.  Certaines associations opérant dans ce domaine n’avaient pas les moyens suffisants. Ce qui constituait une barrière au fonctionnement de ces dernières. Le personnel en était bouc émissaire. Il avait du mal à percevoir sa rémunération.

ODECA pour inverser la tendance : wait and see!

Pour pallier à ce calvaire, Rurema fait savoir que le gouvernement du Burundi n’a pas cessé de prendre certaines mesures salvatrices. Il a permis aux Sogestals, aux sociétés privées et aux coopératives œuvrant dans la filière café de bénéficier des crédits de la part des banques et établissements financiers pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Un montant de plus de 40 milliards de FBu a été débloqué pour essayer de gagner le pari au cours des trois dernières campagnes café. Néanmoins, malgré tous ces efforts, on a constaté que les défis persistent dans ce secteur suite au désengagement de l’Etat de la gestion de la filière café. Pour inverser la tendance, le décret nº 100/99 du 1er juin 2009 qui mettait en place l’ARFIC a été remplacé par le décret nº100/001 du 7 janvier 2020 mettant en place l’ODECA. Toutes ces innovations rentrent dans le cadre de la redynamisation et de la valorisation de la filière café.

Le gouvernement du Burundi à travers le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a augmenté de 10% le prix du café cerise

Selon Rurema, c’est la raison pour laquelle on a revu à la hausse le prix du café cerise par kg. Actuellement, un kg de café cerise A coûte 550 FBu contre 500 FBu auparavant. Celui du café cerise B coûte 275 FBu contre 250 FBu ces dernières années. Et d’affirmer qu’il s’engage à suivre de près le processus de la gestion de la filière café depuis la production jusqu’à la commercialisation. S’il trouve que le marché est bon, le producteur va en profiter au niveau de la rémunération.

Les caféiculteurs insatisfaits

Malgré les efforts du gouvernement, les caféiculteurs font savoir qu’ils ne sont pas satisfaits par cette rémunération. Un producteur de café habitant la colline Muzenga, zone Buhayira, province Cibitoke fait remarquer que le montant de 550 FBu par kg de café cerise A est insignifiant au regard des dépenses colossales qu’exige l’entretien des plantations et des efforts fournis par le producteur. Trouver le paillis n’est pas chose facile. Il est cher. Pendant la campagne café, on engage des travailleurs saisonniers qui vont aider pendant cette période très cruciale pour les caféiculteurs. Chacun est payé 3000 FBu par jour. Et d’ajouter les frais de transport pour arriver à la station de lavage. Jacques Misago habitant la colline Nyabubuye, zone Ngoma, commune Murwi, province Cibitoke abonde dans le même sens. «Cette rémunération du café cerise par kg reste dérisoire vu l’argent dépensé depuis la production jusqu’à la commercialisation du café cerise. Les stations de lavage ne sont pas nombreuses. Ce qui fait qu’on parcourt un long trajet pour vendre le café cerise. A titre d’exemple, je fais 3 heures pour arriver à la station de lavage de Buhayira. Je paie 150 FBu par kg celui qui m’aide pour transporter ce produit d’exportation. Vu le total de toutes ces dépenses, il me reste seulement 120 FBu par kg comme bénéfice», se lamente-t-il.

Les caféiculteurs malheureux

Misago se réjouit du fait que le gouvernement s’engage à inverser la tendance. Il espère que le producteur va en tirer profit.  Sinon, il précise sans mâcher les mots que les caféiculteurs sont malheureux. Il fait savoir que certains d’entre eux ont commercé à extirper les pieds de caféiers pour y planter d’autres cultures productives comme le maïs, les arachides, etc. Un kg d’arachides coûte par exemple 3500 FBu. Et d’ajouter qu’ils sont consommés localement. On dit que la qualité du café burundais est bonne. Nonobstant, ce  producteur s’inquiète du fait que le prix du café cerise reste statique.  Selon lui, l’Etat devrait comprendre que sans producteur, le café n’existerait plus. Selon toujours lui, au moment où le café contribue à plus de 60% au PIB du pays, motiver le caféiculteur s’avère plus qu’une nécessité.  «J’ai deux enfants. L’aîné se trouve en 1ère année post-fondamentale. Le benjamin étudie en 9ème  année fondamentale. J’ai des difficultés pour leur payer les frais scolaires. L’année scolaire écoulée, j’ai fait louer une partie de ma concession pour les envoyer à l’école. J’ai aussi vendu une de mes chèvres. Si je leur demande de m’appuyer pendant la campagne café, ils refusent catégoriquement tout en me disant que le café ne leur dit absolument rien. Sa contribution à l’amélioration des conditions de vie des ménages n’est pas remarquable», s’inquiète-t-il.

Rurema tranquillise les caféiculteurs

Rurema informe les caféiculteurs que le prix du café cerise sera revu à la hausse chaque fois sur base de son prix d’achat sur le marché international. Pourtant, dans une conférence de presse animée par le même ministre le 29 janvier 2020, Rurema semblait déterminé plus que jamais à valoriser les efforts du caféiculteur. Il a dit que la priorité des priorités est l’augmentation du prix au producteur. Il a précisé que si le caféiculteur est payé régulièrement au bon prix, il sera motivé pour entretenir son verger

De 1990 à 2018, la production a chuté en moyenne de 34 000 tonnes à 16 000 tonnes. Pour le gouvernement, nul doute que la faute est du côté des opérateurs privés. De plus, il s’est observé le non-paiement des caféiculteurs et le non-rapatriement des devises. Des accusations que les opérateurs privés et les caféiculteurs ont balayé du revers de la main. Pour eux, même le gouvernement n’est pas immaculé dans cette affaire. Pour toutes ces raisons, le gouvernement s’est réengagé dans la gestion de cette filière pour inverser la tendance.

Durant la campagne café 2019-2020, la quantité de café vert déjà déparchée était de 7 511,5 tonnes. De cette quantité, 6 254,2 tonnes de café vert ont été vendues pour une valeur de 15.221.142,69 USD dont           5 002 558,19 USD déjà rapatriés. Au cours de cette campagne 2020-2021, il compte atteindre 136 792 tonnes de café cerise contre 47 845,6 tonnes en 2019.

Quitter la version mobile