Les huiles essentielles ne sont pas exploitées à un niveau satisfaisant alors qu’elles sont très appréciées sur le marché international. Le Burundi regorgerait d’immenses potentialités qui pourraient booster les exportations, et partant, la rentrée des devises. Le Patchouli est l’exemple qui rappelle que certaines opportunités sont encore sous exploitées alors qu’elles pourraient contribuer au relèvement de l’économie du pays
Les huiles essentielles sont utilisées dans la parfumerie et dans l’alimentation. Elles servent aussi dans la savonnerie. Certaines d’entre elles possèdent des vertus thérapeutiques.
Qu’est-ce que les huiles essentielles ?
L’huile essentielle est la substance qui fait la plante.
C’est la sève qu’elle contient. Elle peut provenir de ses feuilles, de sa fleur, de son fruit, de son écorce et même de ses racines. C’est une substance odorante, volatile et de consistance huileuse. Elle peut être obtenue par distillation ou par un procédé mécanique d’extraction. Ces substances naturelles concentrent au plus haut niveau les qualités biochimiques et énergétiques des plantes dont elles sont extraites.
Quid de l’industrie des huiles essentielles au Burundi ?
Ir Chadrik Habonimana, DG de Rugofarm : « Dix tonnes de feuilles vertes donnent deux tonnes de feuilles sèches. Le taux d’extraction du Patchouli se situe entre 2,5% et 3%. Ce qui équivaut à environ 60 kg d’huile de Patchouli par hectare »
Au Burundi, l’industrie des huiles essentielles est naissante. Elle est largement inexploitée. Seule l’huile de Patchouli est exportée en quantité plus ou moins suffisante, a indiqué Ir Chadric Habonimana, directeur général (DG) de Rugofarm, une société agroalimentaire installée dans la commune Rugombo en province Cibitoke.
Mais même l’exploitation du Patchouli est très récente. Nous sommes des pionniers dans ce secteur, fait savoir Ir Habonimana. D’autres plantes sont exploitées, ici et là, d’une manière artisanale et en quantité minime, ajoute le DG de Rugofarm.
Les atouts de l’exploitation des huiles essentielles
Les huiles essentielles, si elles sont suffisamment exploitées, peuvent générer beaucoup de devises. En fait, elles sont très recherchées sur le marché international. Leurs prix sont incitatifs. A titre indicatif, le prix du Patchouli se négocie entre 50 et 55 USD le litre. Ensuite, l’extraction de ces huiles ne demande pas de gros investissements ni beaucoup de savoir-faire. On n’a pas non plus besoin de beaucoup de machines pour les extraire. Il suffit parfois d’une chaudière qui fournit l’énergie nécessaire et d’un système de distillation.
Plusieurs types de plantes peuvent être exploités à cette fin
Le pays possède un autre atout important. Il a beaucoup de zones pédoclimatiques. Ses 11 régions naturelles possèdent une gamme de plantes qui peuvent être exploitées industriellement. Différentes variétés d’eucalyptus peuvent donner des huiles essentielles, mais aussi des agrumes (orange, citron, mandarine, etc.).
Les fleurs du café peuvent également fournir une huile essentielle. D’autres plantes sauvages, notamment les variétés de lantana camara de la forêt de Murehe à Kirundo sont aussi exploitables d’après le DG de Rugofarm.
Les cultivateurs n’ont pas beaucoup d’efforts à fournir
Une famille de la commune Rugombo en train de récolter le Patchouli
L’autre avantage est que les cultivateurs n’ont pas beaucoup d’efforts à fournir car parfois ce sont les plantes naturelles qui ne demandent pas beaucoup de soins. Le Patchouli, lui, est une plante ombrophile qui est cultivée en dessous d’autres plantes pour profiter de leur ombre. Les plantes à partir desquelles on extrait ces huiles ne sont pas souvent en concurrence avec d’autres plantes.
Elles ne demandent aucun traitement spécial. Elles ne peuvent être qu’une valeur ajoutée pour le cultivateur, déclare Ir Habonimana. Il est nettement très facile de récupérer les écorces, les fleurs ou les racines de certaines plantes ou les épluchures de leurs fruits. Le Burundi regorge de potentialités énormes pour l’industrie des huiles essentielles, ajoute-t-il.
Les huiles essentielles, des opportunités pour résorber le chômage
Au Burundi on se plaint du problème de surpopulation. Mais ce trop-plein devient une force pour le pays si on peut lui donner du travail. Ils pourraient cultiver ces plantes qu’on vient d’évoquer. D’autres pourraient tout simplement les collecter étant donné qu’il y en a qui poussent à l’état sauvage et qui ne demandent qu’à être collectées. C’est un secteur qui peut créer une activité bénéfique pour la population.
Le Patchouli, un bon exemple
Les plantes qui servent à la production des huiles essentielles ont une grande valeur ajoutée plus que les plantes vivrières. Or on peut planter le Patchouli sous une bananeraie ou sous les colocases. On récolte en même temps les colocases ou les bananes et le Patchouli. Au lieu d’exploiter des plantes qui ne sont pas très rentables, on peut les accompagner d’autres plantes qui ont une plus-value sur la même surface. Le rendement du Patchouli est de dix tonnes de feuilles vertes sur un hectare.
Le Patchouli en chiffres
Les feuilles sèches de Patchouli prêtes pour l’extraction de l’huile
Le kilo de feuilles de Patchouli s’achète à 300 FBu. Dix tonnes de feuilles vertes donnent deux tonnes de feuilles sèches. Le taux d’extraction du Patchouli se situe entre 2,5% et 3%. Cela fait entre 50 et 60 kg d’huile de Patchouli par hectare. Le cultivateur gagne et l’entrepreneur gagne aussi. Même les petits exploitants y trouvent leurs comptes. Ils gagnent entre 500 mille et 1 million de FBu en moyenne. L’année passée, Rugofarm a exporté 1,5 tonne d’huile de Patchouli.
On compte augmenter les exportations jusqu’à 4 tonnes cette année. La teneur du Patchouli oscille entre 28 et 35%. Celle du Patchouli Burundais est de 31 %. Le premier au niveau mondial est à 32 %.
Nous sommes parmi les producteurs de meilleur Patchouli au monde. Son prix tourne autour de 55 USD le litre. C’est bon pour tout le monde et même pour le pays, souligne Ir Habonimana. L’industrie des huiles essentielles se cherche encore, mais elle a de bons jours devant elle. Elle est l’exemple de ce que devraient faire les entrepreneurs Burundais, c’est-à-dire explorer toutes les opportunités qu’offrent les ressources du pays pour redynamiser le secteur industriel.