L’institutionnalisation de la « Tante et du tonton école » dans tous les établissements scolaires du Burundi a apporté des changements positifs en ce qui est de l’éducation des élèves. A l’Ecofo Muriza de la commune Butaganzwa en province de Ruyigi, les grossesses non désirées ont diminué grâce à cette initiative
Le ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique a initié il y a bientôt deux ans le programme d’institutionnalisation de la « Tante et Tonton école » dans tous les établissements scolaires du Burundi. C’était dans le but de renforcer l’éducation parentale et d’assurer un encadrement de qualité basé sur une information complète et correcte. Ils jouent le rôle d’éducateurs et de conseillers.
Lucie Nshimirimana est enseignante et tante école à l’Ecole Fondamentale de Muriza relevant de la direction communale de l’éducation de Butaganzwa dans la province de Ruyigi. Selon elle, dans la tradition burundaise, la tante et le tonton devait prodiguer des conseils à leurs nièces et neveux au cours de leur puberté et de leur adolescence.
Lucie Nshimirimana, enseignante et tante école à l’Ecole Fondamentale de Muriza : « Des résultats positifs sont enregistrés en ce qui est de l’éducation des élèves grâce au programme d’institutionnalisation de la «Tante et tonton école».
Le renforcement des capacités est de mise
Lucie Nshimirimana indique que les « Tantes et tontons école » ont été choisis par les élèves sur base de leur moralité et ont besoin de s’affirmer et d’avoir confiance en eux et d’inspirer confiance à ceux-là qui pourraient les solliciter. « J’ai été choisi par les élèves parmi tous les enseignants de cette école alors que j’étais nouveau à cette école », se réjouit-elle.
En vue d’améliorer leurs performances, elle précise qu’ils ont bénéficié des formations sur le renforcement des capacités en ce qui est d’encadrer, d’informer, d’écouter et d’orienter les élèves au quotidien.
Des effets positifs
Lucie Nshimirimana précise que des changements positifs sont enregistrés en ce qui est du bien être des élèves. Pour cette enseignante, l’apport des tantes et des tontons école a contribué dans la réduction des grossesses non désirées à cette école. Un cas de grossesse non désirée a été enregistré depuis le premier trimestre de l’année académique 2020-2021 à l’Ecofo Muriza. Sept cas ont été identifiés dans toute la direction provinciale de l’enseignement, selon Onesphore Sabiyumva, directeur provincial de l’éducation dans la province de Ruyigi. Pour Mme Nshimirimana, même si les abandons scolaires persistent, ils sont en nette diminution. L’Ecofo Muriza a enregistré 37 abandons scolaires durant les deux premiers trimestres de l’année « Nous faisons des sensibilisations à l’endroit des élèves sur les avantages de la scolarisation. Il y a même des enfants qui avaient abandonné l’école et qui y sont retournés par après. Nous leur montrons la différence entre la vie d’un instruit et celle d’un non instruit», explique-t-elle. Et d’ajouter qu’elle aide les jeunes filles qui se confient à elle sur les questions de gestion des menstruations. « Des jeunes filles qui vont pour la première fois dans les périodes de menstruation viennent souvent solliciter mon aide ». Les «Tantes et tontons école» jouent aussi un rôle dans la résolution des différends opposant les élèves et les enseignants en ce qui est de l’octroi des points ou d’autres malentendus qui peuvent sugir. Lucie Nshimirimana se réjouit que les élèves leur font confiance.
Des défis non négligeables
Lucie Nshimirimana révèle que les « tantes et les tontons écoles » font face à de nombreux défis. « Nous n’avons pas de bureaux dans lesquels nous pouvons accueillir les élèves qui nous sollicitent. Parfois, ils nous trouvent en classe alors qu’on devrait se rencontrer dans un endroit plus sûr et calme. Souvent, ils ne sont pas à l’aise. Ils ne s’expriment pas en toute liberté», fait savoir l’enseignante. A cela s’ajoute le manque de matériel dont les supports de communication, le manque de serviettes hygiéniques pour les filles, etc. Nous accueillons souvent des filles qui ne sont pas préparées à de telles situations. On devrait leur octroyer des serviettes hygiéniques, mais on n’en a pas et cela nous pose problème. Les « tantes et les tontons écoles » font face à des situations qui dépassent leurs compétences. « Il y a des élèves qui commettent des fautes lourdes et qui constatent la lourdeur de leurs fautes, vont se confier en nous solliciter notre aide. Nous ne pouvons pas intervenir dans de telles situations. On laisse s’appliquer le règlement. Cela constitue un défi pour nous parce que les élèves vont conclure qu’on ne les aide pas. Les « tantes et tontons écoles » font le bénévolat. Ils ne reçoivent ni primes d’encouragement ni frais de communication.
Le taux d’abandons scolaires reste élevé à Ruyigi
Selon Onesphore Sabiyumva, directeur provincial de l’éducation dans la province de Ruyigi, la problématique des abandons scolaires est une réalité. Depuis le premier trimestre de cette année, dans les écoles fondamentales, sur 115 792 élèves inscrits, 4 744 ont abandonné l’école dans 7 directions communales de l’éducation. L’ignorance des parents, la démotivation des élèves, la pauvreté des familles, les grosses non désirées sont quelques-unes des causes de ces abandons scolaires