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Prolifération des constructions anarchiques : Les services de l’urbanisme pointés du doigt

Les constructions  anarchiques sont devenues une pratique courante dans la municipalité de Bujumbura. Elles s’observent non seulement sur les bords du lac Tanganyika et de ses affluents, mais aussi dans différents quartiers situés sur la périphérie de la ville de Bujumbura. Les conséquences sont fâcheuses. Les infrastructures s’effondrent. Il s’observe aussi des décès, des blessés et des déplacés. Le respect des lois s’avère une nécessité. Les services de l’urbanisme devraient s’impliquer pour inverser la tendance

Dans les quartiers comme Kibenga rural, Buyenzi, Buterere et Kanyosha, les maisons sont construites à proximité des eaux des rivières Kanyosha, Ntahangwa, Gasenyi et du lac Tanganyika au vu et au su des administratifs. On ignore les codes de l’urbanisme, de l’environnement et de l’eau. A ces endroits, des inondations récurrentes constituent une menace pour les habitants. L’absence de canalisations expose les habitants au risque d’inondation pendant les périodes pluvieuses. Les eaux de pluies sont bloquées par les constructions qui ne facilitent pas  leur évacuation. Cela est dû à l’attribution des parcelles sans tenir compte des exigences de ces lois. Les conséquences sont fâcheuses. On assiste à des écroulements de maisons. Dans certains quartiers comme Buterere, Muyaga, Uwinterekwa, Gihosha rural, etc, la voirie y est presqu’inexistante. Les rues serpentent entre les constructions et se terminent par des impasses.

Pire encore, la mobilité devient un casse-tête pour les riverains  de ces quartiers. Aucun véhicule assurant le transport en commun n’y circule. Seuls les véhicules des particuliers et quelques taxis s’aventurent dans les rues en terre battue pour relier ces quartiers au reste de la ville. Les frais de transport sont extrêmement élevés. A certains endroits, les eaux usées se déversent dans d’étroites canalisations des eaux de pluie sommairement aménagées.

Les infrastructures construites dans la zone tampon du lac Tanganyika au quartier Kibenga rural

Qu’en est-il des conséquences des constructions anarchiques ?

Les conséquences fâcheuses ne cessent de s’observer. Sept personnes ont été retrouvées mortes sur les plages de Kagongo et Rumonge en commune et province de Rumonge le 2 mars 2020  suite aux pluies diluviennes. Les eaux du lac ont monté. Par conséquent, les ménages riverains du quartier kanyenkoko situé au chef-lieu de la province de Rumonge ont été inondés. Les bateaux ont été endommagés. Ce calvaire s’ajoute aux infrastructures tant publiques que privées qui ne cessent d’être détruites dans la municipalité de Bujumbura. D’autres sont au bord du gouffre. De plus, on enregistre beaucoup de morts et de blessés liés à cette situation.

Pierre Nkurunziza, Président de la République du  Burundi ne nie pas l’existence des constructions anarchiques dans la municipalité de Bujumbura. Pour inverser la tendance, il a annoncé qu’il est actuellement interdit de construire d’autres maisons dans la municipalité de Bujumbura. Nonobstant, il s’inquiète du fait que les infrastructures continuent à pousser comme des champignons.  On construit pendant la nuit.  Et, suite à la pression démographique, les constructions anarchiques prolifèrent un peu partout dans la ville de Bujumbura.

Mbonerane : «Qu’on se ressaisisse»

Si on continue à construire dans les zones tampons, Albert Mbonerane, environnementaliste précise que les dégâts vont s’alourdir. On va demander au gouvernement de réparer les dommages, car ce sont ses services qui octroient des parcelles dans des endroits inhabitables. Ce qui est dramatique c’est qu’on ne cesse pas d’octroyer des parcelles dans ces endroits. Demain, s’il y a des avocats spécialisés en la matière, le gouvernement va perdre les procès, car ce sont ses agents qui ont délivré les autorisations de bâtir. En principe, pour accorder ces autorisations de bâtir, on devrait analyser s’il s’agit d’une parcelle située dans un endroit habitable ou pas, c’est-à-dire inondable ou pas. Si on ne cesse pas cette pratique, il fait savoir que le gouvernement est en train de se piéger. Il invite donc les services de l’urbanisme à être prudents dans leurs activités quotidiennes. Sinon, plusieurs infrastructures tant publiques que privées vont s’effondrer dans les jours à venir. Il y aura beaucoup de sans-abris, et peut-être des morts et des blessés.

Le respect des lois, une bonne prévention

Selon Mbonerane, pour prévenir tous ces maux, il faut obliger la population à respecter les textes de loi qui protègent l’environnement en général et le code de l’eau en particulier. L’article 5 de ce dernier stipule  qu’il est interdit de construire  sur les bords des lacs sur une largeur de 150 m pour le lac Tanganyika, 50 m pour les lacs du nord et de  25 m sur chacun des bords pour les affluents du lac Tanganyika à partir du niveau le plus élevé qu’atteignaient les eaux dans leurs crues périodiques. Pour les autres rivières du pays, une zone tampon de 5 m est installée. Sinon, le danger reste imminent. Il indique que les montagnes qui surplombent la ville de Bujumbura sont dénudées. Auparavant, elles étaient couvertes de plusieurs espèces d’arbres. Cela freinait la pression de l’eau de pluie (la végétation retient l’eau et consolide les terres) dont la destination finale est le lac Tanganyika. S’il pleuvait, l’eau s’infiltrait dans le sol. Actuellement, elle coule directement vers les rivières puis le lac.

Signalons qu’à cet effet, les eaux du lac peuvent par exemple monter à tout moment comme c’est arrivé en 1963, souligne Mbonerane. Il indique que les eaux du lac Tanganyika étaient arrivées jusqu’au niveau des bâtiments de la Radiodiffusion Nationale du Burundi. Si le niveau du lac monte comme en 1963, les dégâts seront inimaginables. Des milliers d’infrastructures tant publiques que privées pourront s’effondrer.

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