Le 17 septembre 2020, l’Assemblée Nationale a adopté un projet de loi portant révision du décret-loi N°1/037 du 7 juillet 1993 portant code du travail au Burundi. Ce projet de loi sous analyse prolongera de cinq ans l’âge requis pour le départ à la retraite. Une mesure qui n’est pas favorable pour certains
Travailler comme un fou puis s’arrêter de travailler, prendre sa retraite et profiter de sa vie, de ses enfants et de ses petits-enfants est le rêve de beaucoup de fonctionnaires. Cependant, ce rêve ne reste qu’une utopie dans la mesure où la pension versée ne leur permet pas de joindre les deux bouts du mois. Revoir à la hausse l’âge de départ à la retraite, c’est-à-dire de 60 ans à 65 ans, n’est favorable ni à ceux qui attendent leur retraite, ni aux chercheurs d’emploi selon les analystes.
Et si le problème n’était pas l’âge limite de départ à la retraite
Selon Me Isirahenda Cyrille-Fresh, spécialiste des droits des personnes âgées, la mesure est bonne dans la mesure où les retraités touchaient des miettes comme pension de retraite. « Parce que la pension de retraite est insignifiante et donc ne parvient pas à entretenir pas la personne pendant la retraite, prolonger l’âge de service est un léger mieux pour les concernés », dit-il.
« Revoir à la hausse l’âge limite de départ à la retraite remettrait en question le fait que la plupart des employés mourront sans avoir atteint l’âge de retraite ou même s’ils y parviendraient, ils seraient amorti et n’auraient pas la chance de vivre longtemps ».
L’avis est partagé par Eric Ndayikengurutse représentant du Réseau des organisations des Jeunes en Action (REJA). « Beaucoup préfèrent mourir au service que mener une vie misérable en retraite », dit-il. Il met en cause le fait que les employés n’ont pas la capacité d’épargner quitte à ce qu’après la retraite, ils fassent une reconversion professionnelle et démarrent leurs propres activités. Les statistiques de 2018 montrent que l’espérance de vie au Burundi était de 61, 20 ans. Revoir à la hausse l’âge limite de départ à la retraite remettrait en question le fait que la plupart des employés mourront sans avoir atteint l’âge de départ à la retraite ou même s’ils y parviendraient, ils seraient amortis et n’auraient pas la chance de vivre longtemps constate M. Ndayikengurutse. Pour Me Isirahenda, la meilleure solution est de revoir à la hausse plutôt la pension de retraite quitte à ce que l’employé puisse vivre mieux sa retraite.
A-t-on sacrifié la productivité ?
Si l’âge de la retraite varie selon les pays, certaines études ont montré que la personne est productive entre 44 et 50 ans. En plus, le spécialiste critique cette mesure quant au le rendement de ces personnes. Pour lui, le niveau physico-intellectuel compromettrait la productivité. Etant donné que la force physique est nécessaire pour produire un travail, le spécialiste explique qu’employer les personnes âgées coûterait à l’Etat plus quant au rendement.
Les jeunes pris à l’étau
Les chômeurs ont besoin d’être engagés et cette mesure constituerait un obstacle à la diminution du chômage. « Pour les jeunes, le mieux serait que la loi encourage la retraite anticipée pour que les anciens puissent libérer des places afin de donner la possibilité aux jeunes d’accéder au travail », indique le représentant de REJA.
Il propose qu’il y ait un programme d’accompagner les employés, de leur apprendre comment préparer leurs retraites et, si c’est nécessaire de les inciter à prendre une retraite anticipée afin qu’ils laissent la place aux jeunes lauréats.
Pour ce qui est de la retraite anticipée, le spécialiste se demande ce que le nouveau code en dit. Il explique que pour l’ancien code l’employé pouvait demander la retraite anticipée, mais que sa pension n’est versée que quand l’âge de la retraite est atteint. Il demande que ce nouveau code prévoie des modalités permettant à tout employé de bénéficier de sa pension au moment où il décide d’arrêter le travail.
Contactée à ce sujet, la Confédération Syndicale du Burundi s’est réservée de tout commentaire avant de connaître le contenu de ce nouveau code. Le projet de loi portant révision du décret-loi N°1/037 du 7 juillet 1993 portant code du travail au Burundi est en attente d’être analysé par le Sénat avant d’être promulgué par le Président de la République et tout son contenu n’a pas encore été rendu public.