Le Burundi regorge d’énormes potentialités pour diversifier les sources d’énergie. Par ailleurs, force est de constater que le bois et ses dérivés sont les plus usités dans la cuisson des aliments. Dans un pays où le taux d’urbanisation reste faible, moins de 20% de la population, le bois de chauffage se retrouve dans la quasi-totalité des ménages. Les milieux urbain et semi-urbain sont également de grands pourvoyeurs de produits à base de bois. Le charbon de bois demeure la principale source d’énergie, surtout pour la cuisson des aliments. Par conséquent, la pression sur les ressources naturelles s’amplifie. Cette situation est exacerbée par le galop démographique. L’augmentation exponentielle de la population exerce une pression sans précédent sur les forêts et les boisements. La déforestation s’accélère. Ce qui expose le pays aux effets du changement climatique, mais aussi à l’érosion du sol, aux glissements de terrains et aux inondations.
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L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que près de 3 milliards de personnes dans le monde font la cuisine et chauffent leur logement à l’aide de foyers ouverts ou de simples poêles utilisant du kérosène ou de la biomasse (bois, déjections animales, résidus agricoles) et du charbon.
Les conséquences de ces pratiques sont désastreuses à en croire les experts de l’OMS. Ainsi, la pollution de l’air à l’intérieur des habitations est responsable de maladies non transmissibles, Accident Vasculaire Cérébral (AVC), cardiopathies ischémiques, bronchopneumopathies chroniques obstructives et cancers pulmonaires. Les statistiques montrent que chaque année plus de 4 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air domestique due à la cuisine à base de combustibles solides et de kérosène. En 2018, l’OMS a alerté que près de la moitié des décès par pneumonie chez l’enfant de moins de 5 ans sont dus à l’inhalation de matières particulaires provenant de la pollution de l’air intérieur. Le Burundi n’est pas à l’abri de cette catastrophe humanitaire au moment où le bois de chauffage est considéré comme la seule source d’énergie pour les ménages à revenus moyens.
Pour inverser la tendance, des initiatives au niveau local ont été prises. Les investisseurs tentent tant bien que mal de développer d’autres formes d’énergie. Mais jusque là les produits de substitution (le gaz, les briquettes, etc.) restent limités et onéreux. En ce sens, le ministère en charge de l’énergie vient d’organiser une table ronde pour sensibiliser les intervenants dans le secteur énergétique à la promotion des énergies alternatives. Le terrain est encore vierge. L’utilisation du gaz est très timide dans le pays alors que dans les pays développés, des réseaux de distribution du gaz existent depuis des décennies. Quand bien même le gaz serait en abondance il serait fastidieux d’installer un réseau de distribution dans une ville comme Bujumbura où les normes de construction ne sont pas du tout respectées. Le reboisement des montagnes dénudées tant souhaité par les autorités reste une solution partielle si jamais on ne parvient pas à vulgariser le recours à d’autres formes d’énergie. Il importe de signaler qu’il est plutôt aisé de fabriquer du gaz chez soi dans les régions agropastorales.