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Protection de la RNFB : Les communautés locales impliquées dans la gestion environnementale

A côté de la promotion de la culture du café d’ombre, le Projet d’Aménagement Durable des Zones Caféicoles (PADZOC) a réussi à connecter les communautés locales à leur nature. Il a financé notamment les travaux de gestion environnementale dans la Réserve Naturelle Forestière de Bururi (RNFB)pendant 4 ans. Les résultats sont plutôt satisfaisants

La réserve naturelle forestière du Burundi est riche en biodiversité qu’il faut protéger à tout prix

La réserve forestière de Bururi a été créée en 1951. Elle couvre une superficie de 3 300 ha, soit 0,1% de la superficie totale du Burundi. Elle est mondialement reconnue pour sa biodiversité. On dénombre actuellement 268 espèces de plantes réparties en 86 familles et 207 genres. Cette aire très riche en biodiversité compte 5 espèces endémiques-qu’on ne trouve nulle part ailleurs qu’au Burundi-parmi les 20 espèces déjà recensées à travers tout le pays.

En ce qui concerne la faune, la réserve renferme des espèces rares dont une grenouille qui a été repérée pour la première fois en 1949 puis revue au même endroit en 2011. On y trouve également des chimpanzés et une grande colonie d’oiseaux (plus ou moins 205 espèces), décrit M. Léonidas Nzigiyimpa, responsable des aires protégées à l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE).

L’activité humaine pèse sur l’environnement

Selon le rapport d’activités du PADZOC, environ 23 000 personnes, dont une communauté autochtone de Batwa, vivent à proximité de la réserve naturelle de Bururi. Ce qui accroit la pression sur les ressources naturelles.  Les riverains fréquentaient régulièrement la réserve pour la coupe des arbustes pour tuteurs de haricot, du bois de chauffe ou de service, la carbonisation, pour y installer des cultures ou pour prélever des plantes médicinales.

D’où il fallait chercher une autre alternative pour inverser la tendance. PADZOC a financé la mise en œuvre d’une sous composante dédiée à la préservation de la nature. L’idée sous-jacente était d’amener les habitants de la zone tampon à diversifier sources de revenus pour améliorer leurs conditions de vie. Ce qui permettra de réduire considérablement le risque d’extension de l’agriculture vers la réserve.

Plusieurs activités ont été menées pour qu’elle soit plus attractive

Les activités ont consisté en la visualisation et l’attractivité de la réserve. En ce sens, des pancartes ont été installées autour de la RNFB pour accroître sa visibilité et contribuer à la sensibilisation et à l’éducation environnementale. D’autres actions menées concernaient notamment la construction des infrastructures dont le siège de la RNFB, des postes de surveillance, d’une salle d’éducation environnementale et la démarcation physique de la réserve. En outre le projet a fourni des équipements aux écogardes. Nzigiyimpa plaide pour la construction d’un centre d’interprétations écologiques. Etant donné que tout le monde ne doit pas nécessairement parcourir la réserve pour comprendre sa biodiversité. La salle permettra d’expliquer aux touristes les vertus de la réserve naturelle de Bururi, déclare-t-il.

Les résultats atteints rassurent

Pour la démarcation physique des frontières, le bornage a été effectué sur un périmètre de 37 km.  La « démarcation écologique » a été opérée aux alentours de la réserve. A la fin de l’année 2016, 74 ha de la réserve de Bururi ont été restaurés contre 30 ha de micro-boisements plantés dans les exploitations de 424 ménages des communautés riveraines. Il y a eu aussi la création des corridors écologiques sur une distance de 2,66 km reliant la réserve naturelle et la vallée de Myugaro de part et d’autre du ruisseau de Rurezi. De plus, les postes de surveillance installés dans permettent à la fois aux visiteurs d’observer les animaux et les paysages autour de la réserve et au personnel de la réserve d’effectuer le contrôle et la surveillance.

L’impact du projet

L’impact du projet est perceptible: « la coupe illicite des arbres a été réduit à zéro. Les quelques riverains qui fréquentent la réserve y ramassent uniquement du bois de chauffage », s’émerveille Nzigiyimpa.

En ce qui concerne l’habituation des chimpanzés, le constat est que ceux-ci sont habitués plus que jamais à la présence humaine.   

Une partie du budget a servi à la réhabilitation du site des eaux thermales de Muyange situé au pied du massif montagneux de Kibimbi. En plus des vestiaires, un espace de rafraichissement y ont été érigés. Du 16 juillet au 22novembre (5mois) : 1 620 usagers des eaux thermales de Muyange dont 1 186 hommes, 430 femmes ont été enregistrés pour une somme de 1 638 000 FBu. En matière d’agrotourisme, la coopérative « DUKUNDIKAWAYACU » de Burunga en commune Bururi a initié une cafétéria pour permettre aux visiteurs de goûter au café. Le projet a fourni le matériel tel que les torréfacteurs et une formation a été dispensée aux bénéficiaires.

L’implication des communautés, clé du succès

Il a été constaté que la pauvreté est l’une des principales causes de la dégradation de la nature. C’est pourquoi, le projet a travaillé main dans la main avec les communautés locales dans l’aménagement et la protection de l’environnement, dit l’environnementaliste Nzigiyimpa. « Les communautés locales ont été pleinement impliquées dans la gestion et la préservation de leur environnement naturel. Elles savent désormais qu’elles en sont les premiers bénéficiaires », explique-t-il.

Dans cette logique, la population riveraine a investi dans l’élevage du gros bétail. Ainsi, certains bénéficiaires ont pratiqué l’élevage d’embouche. Les résultats étaient sans appel : une bête achetée à 400 000 FBu a été revendue à 1 000 000 de FBu, rapporte Nzigiyimpa. D’autres projets ont trait à la promotion des moyens de subsistance des ménages, notamment la culture des plantes maraîchères. L’autre fait marquant est la participation des 28 ménages de la communauté Batwa aux projets d’aménagement de pistes et de surveillance de la réserve. Les Batwa qui jadis vivaient dans des huttes au centre Bururi sont parvenus à s’acheter une propriété foncière sur la colline Kiganda.

Le projet a été clôturé en octobre 2018. Lors de l’atelier de clôture et de capitalisation des acquis du projet, il a été annoncé que le projet de régénération des paysages et de renforcement de la résilience va assurer le relais. Il est financé par la Banque Mondiale à hauteur de 30 millions USD. Ledit projet met à l’échelle les efforts de restauration et soutient la gestion durable de la réserve forestière de Bururi et des parcs nationaux de Kibira et de Ruvubu.

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