Les personnes âgées constituent un pont entre la société moderne et la société traditionnelle. Elles sont le garant de la culture Burundaise. Pourtant, cette catégorie de personnes est parfois marginalisée au niveau de la société. Il n’est pas rare de trouver les personnes âgées laissées sur leur sort. Elles manquent de tout et elles ne bénéficient d’aucune forme d’assistance. Les personnes du troisième âge est un bouclier social qu’il faut absolument protéger.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Dans le Burundi traditionnel, les membres de la famille se retrouvaient au coin du feu à l’école de Papy. Ce dernier était un vrai pédagogue qui exploitait les devinettes, les contes-fées, les proverbes pour éduquer les enfants sur les valeurs de la société, les interdits, etc. Il s’y connaissait également dans les différents métiers d’autant plus qu’il y avait des clans de forgerons, de chasseurs, etc. Les pratiques modernes fragilisent le tissu social et les initiées ne jouent plus le rôle de pilier familial. Leur parole n’est plus prise en considération comme c’était le cas quand ils étaient des chefs coutumiers, des notables, des représentants du roi au niveau des chefferies. Leur influence s’estompe au fil du temps. Hélas, la société a tendance à les reléguer au second plan.
Par conséquent, les personnes âgées vivent un calvaire sans nom. Les résultats d’une enquête réalisée en 2019 dans huit provinces du pays auprès de 853 personnes âgées montrent que 73% des personnes âgées souffrent de troubles de la vision lorsque 40% souffrent de troubles de l’audition. De plus, elles souffrent de maladies cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle, le diabète, l’arthrite (troubles des membres inférieurs), les crises cardiaques, l’asthme, etc. Pire encore, plus de 80% ont du mal à accéder aux services de soins de santé et n’arrivent plus à couvrir les besoins élémentaires, c’est-à-dire l’alimentation, le logement, l’habillement et les soins de santé.
A travers ces lignes, nous rendons hommage à toutes les personnes âgées qui ont servi la nation d’une manière ou d’une autre. Il sied de signaler que certaines familles ont le courage de préserver la dignité des personnes âgées. D’ailleurs, C‘est une obligation constitutionnelle. Chaque Burundais a le devoir de préserver le développement harmonieux de la famille et d’œuvrer en faveur de la cohésion et du respect de cette famille, de respecter à tout moment ses parents, de les nourrir et de les assister en cas de nécessité. (Art 66.)
Dans les centres urbains, les personnes âgées vivent dans des familles d’accueil. Elles sont gardées par des nounous à l’image de leurs petits fils. Ce sont des bibliothèques humaines qui permettent de reconstituer toute l’histoire de notre pays qu’il faut absolument protéger. D’autres sont confiés à des centres d’accueil. Encore faudra-t-il que ces personnes âgées s’adaptent aussi facilement aux nouvelles conditions de vie. Dans des centres d’accueil souvent sous-équipés et à court de moyens pour la prise en charge holistique des personnes du troisième âge, les conditions de vie ne sont pas aussi meilleures. La solitude, l’angoisse et/ou la dépression les accompagnent jusqu’à la dernière demeure.
Chacun a un rôle à jouer pour épargner les personnes âgées de la mendicité et des mauvaises conditions de vie. Sinon, nous courrons un grand risque de voir les valeurs d’Ubuntu, La sagesse, L’humilité, L’hospitalité légendaire des Burundais tant vantée disparaître à jamais. La civilisation ne devrait pas nous dérober ces valeurs intrinsèques du peuple burundais car, un peuple sans culture est un comme un corps sans âme, dit-on. Avec la ratification du Protocole additionnel à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatifs aux droits des personnes âgées, il y a lieu d’espérer que les conditions de vie des personnes âgées pourront s’améliorer. La ministre de la Solidarité Nationale, Mme Imelde Sabushimike s’est montré rassurant devant la chambre basse du parlement. « Une fois promulgué, ce protocole permettra une meilleure gestion de la prise en charge des personnes du troisième âge tant au point de vue économique, sanitaire que social ». Pourvu que ce genre de documents ne finisse pas dans les tiroirs.