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Province Cankuzo : les abandons scolaires amplifiés par les grossesses non désirées

Les abandons scolaires varient d’une année scolaire à une autre. Parmi les causes de ce phénomène figurent la pauvreté dans les familles et l’ignorance de certains parents et des élèves de l’importance de l’école. En plus de cela, les grossesses non désirées constituent un facteur non négligeable des abandons scolaires.

Jeanne Hakizimana, directrice provinciale de l’éducation à Cankuzo explique que la pauvreté qui s’observe dans les ménages est l’une des causes des abandons scolaires.

 

La Direction Provinciale de l’Education (DPE) de Cankuzo enregistre des cas d’abandons scolaires qui varient d’une année scolaire à une autre. Par exemple, au cours de l’année scolaire 2015-2016 ; 11 898 cas d’abandons scolaires ont été enregistrés, soit un taux de 16,2 % par rapport à l’effectif global des élèves. En 2019-2020 ; 7796 cas d’abandons scolaires ont été enregistré soit un taux de 6,6 %. Pour l’année scolaire 2021-2022, on a recensé 8 719 cas d’abandons scolaires soit un taux 10,1%. En 2022-2023, on a enregistré 9695 cas d’abandons soit un taux de 10,6 %.

Les filles comme les garçons abandonnent l’école presque au même rythme. Prenons par exemple l’année scolaire 2022-2023 où 5005 garçons ont abandonné l’école contre 4269 filles au niveau de l’Ecole Fondamentale. Au niveau de l’Ecole Post fondamentale, 186 garçons ont abandonné l’école contre 235 filles.

Quelles sont les causes des abandons scolaires ?

Selon Jeanne Hakizimana, directrice provinciale de l’éducation à Cankuzo, la première cause des abandons scolaires c’est l’instabilité des familles originaires des provinces du Nord du Burundi comme Ngozi, Kayanza, Kirundo, Karusi…. Elle explique que ce sont généralement des personnes qui s’installent dans la province de Cankuzo en compagnie de leurs enfants et ces derniers doivent être inscrits à l’école. Après quelques mois, ces familles déménagent et, en conséquence, les enfants quittent l’école. Ce phénomène s’observe le plus souvent dans la commune de Mishiha. En deuxième lieu, les cas d’abandons scolaires s’expliquent par les départs de certains élèves vers la Tanzanie à la recherche du travail rémunéré.

Une autre cause c’est la pauvreté qui s’observe dans les ménages. Pour Mme Hakizimana, quand les enfants ont du mal à trouver de quoi manger, ils préfèrent abandonner l’école. A cela s’ajoute l’ignorance des parents et de certains élèves de l’importance de l’école. A ne pas oublier non plus le chômage des ainés qui démotivent les enfants qui sont encore sur le banc de l’école.  A cela s’ajoutent la scolarisation qui n’est pas obligatoire au Burundi et les grossesses non désirées.

Les grossesses non désirées, un facteur non négligeable des abandons scolaires

Les grossesses non désirées sont une réalité en milieu scolaire dans la province de Cankuzo. A titre illustratif, au cours de l’année scolaire 2013-2014, on a enregistré 105 cas de grossesses non désirées en milieu scolaire. En 2018-2019, 19 cas de grossesse ont été répertoriés. En 2019-2020, 35 cas de grossesse non désirés ont été identifiés. Pour l’année scolaire 2020-2021, 13 cas de grossesse ont été répertoriés. En 2021-2022, on a enregistré 22 cas tout comme en 2022-2023.

Un autre détail à ne pas ignorer est que même les petites filles sont victimes des grossesses non désirées. Par exemple, pendant l’année scolaire 2022-2023, au niveau de l’Ecole Fondamentale, 10 cas de grossesses non désirées ont été enregistrés contre 12 cas de grossesses non désirées au niveau du post fondamental.

Malheureusement, selon Mme Hakizimana, dans la plupart des cas, les auteurs des grossesses en milieu scolaire ne sont pas identifiés. Pourquoi ? Parce que les victimes protègent les auteurs, elles n’osent pas les dénoncer. Malgré tout, la sensibilisation à l’endroit des élèves, des enseignants et des parents reste l’ultime solution. Même l’administration provinciale participe à cette sensibilisation au cours des réunions avec la population.

Heureusement, les élèves qui ont abandonné l’école à cause des grossesses non désirées réintègrent l’école après une année après avoir présenté l’extrait d’acte de naissance de l’enfant qui est né. Même chose pour l’auteur de la grossesse (si c’est un élève) quand il a été identifié bien sûr.

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