L’administration provinciale de Mwaro annonce avoir réussi à éradiquer la consommation d’une boisson prohibée dénommée « Umudringi », largement consommée par les habitants de cette province. Nuisible à la santé, cette boisson était également à l’origine de l’insécurité au sein des ménages.
On peut affirmer que la lutte contre une boisson prohibée, communément appelée « Umudringi », a été couronnée de succès dans toute la province de Mwaro, déclare Col. Gaspard Gasanzwe, gouverneur de cette province, dans un entretien exclusif accordé à l’hebdomadaire socio-économique Burundi Eco. Il précise que la consommation de cette boisson nuisible à la santé était devenue monnaie courante dans toute la province avant son arrivée à la tête de celle-ci. « J’ai constaté qu’elle était fabriquée et consommée fréquemment dans les ménages, comme le vin de sorgho ou de banane », révèle-t-il, avant de montrer ses conséquences néfastes sur la santé de la population.
« Les conséquences de la consommation de cette boisson sur la santé étaient catastrophiques : enflures des jambes et des yeux, décoloration des cheveux, perte d’appétit, etc. Ceux qui en devenaient chroniquement fanatiques abandonnaient même le travail, n’ayant plus de forces pour travailler », ajoute le gouverneur Gasanzwe.
Pire encore, selon lui, cette consommation était à l’orgine de l’insécurité au sein des ménages et dans les champs des agriculteurs. « Personne ne pouvait élever un porc, car ils étaient toujours dans les cabarets. Cette situation était à l’origine de nombreux vols, tant dans les foyers que dans les champs », précise-t-il. D’après lui, les consommateurs se sentaient à l’aise lorsqu’ils la sirotaient accompagnée de brochettes de viande grillée, croyant que cela les empêcherait de devenir ivres.
Des sanctions sévères contre « les fans » de cette boisson pour changer la donne
M.Gasanzwe explique que l’administration provinciale a dû prendre des mesures sévères pour éradiquer complètement la consommation de cette boisson prohibée. Il précise qu’un fabricant de «Umudringi» arrêté par la police est condamné à deux ans de prison, ainsi qu’à une amende s’élevant entre 1 million et 2 millions de FBu. Certaines autorités locales « corrompues » et souvent complices des vendeurs de cette boisson ont entravé le processus. Cependant, l’administration provinciale a collaboré avec la population pour recueillir des informations permettant d’identifier des vendeurs, tout en évitant les témoignages les autorités locales corrompues, qui auraient pu tenter de les couvrir en échange de pots-de-vin.
« Le combat n’a pas été de tout repos », déclare le gouverneur Gasanzwe. « Un producteur de cette boisson peut investir une somme modeste de 20 000 FBu et récolter plus de 300 000 FBu. Il est donc facile de corrompre les autorités locales pour acheter leur silence ». Il souligne que l’administration provinciale a fourni d’énormes efforts pour éradiquer cette boisson.
Les familles sauvées
Les habitants de la commune de Kayokwe se réjouissent des résultats de la lutte contre la consommation de la boisson prohibée communément appelée «Umudringi», qui était devenue très populaire dans cette commune. E. K., un habitant de la colline de Kibogoye, déclare que cette colline est désormais sécurisée, car il n’y a plus de personnes qui baladent dans les ménages à la recherche de l’endroit où se trouve cette boisson. De plus, les femmes s’adonnaient à la débauche pour pouvoir se payer un litre de cette potion tandis que les ménages étaient délaissés.
Ce jeune homme révèle qu’il existe encore quelques vendeurs clandestins de cette boisson, mais leur effectif est désormais insignifiant, car ils savent qu’ils peuvent être arrêtés à tout moment. « Actuellement, les hommes et même les femmes de cette commune vaquent à leurs activités quotidiennes. Il n’y a plus de va-et-vient dans les cabarets ni dans les ménages pendant les heures de travail », ajoute-t-il.
La province de Mwaro a été longtemps considérée comme l’une des plus grandes consommatrices de la boisson prohibée, communément appelées « Umudringi ». Les communes les plus touchées étaient Kayokwe et Nyabihanga. Fabriquée à base de sucre et de levure, cette boisson est régulièrement déconseillée par les professionnels de la santé en raison de ses effets nuisibles sur la santé humaine.