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PSSD – IFDC : Pionnier dans le développement du secteur semencier

Le Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement agricole (IFDC) en partenariat avec KIT (Royal Tropical Institute) a présenté les succès du projet PSSD (Private Seed Sector Development), un projet qui œuvre dans le développement du secteur semencier privé au Burundi. Depuis 2019, ce projet a enregistré des résultats satisfaisants selon ses différentes parties prenantes. 14,69% des ménages agricoles au Burundi ont eu accès aux semences certifiées grâce au projet PSSD.

Le Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement agricole (IFDC) en partenariat avec le KIT a organisé un atelier de deux jours (du 6 au 7 décembre 2022) dont le but était d’analyser les succès et les impacts du projet PSSD (Private Seed Sector Development) qui est un projet de développement du secteur semencier privé exécuté par l’IFDC depuis 2019.

Cet atelier a regroupé les différents partenaires clés qui ont travaillé avec ce projet et les ONGs œuvrant dans le secteur semencier. « C’est en fait s’évaluer pour voir ce qui a été fait, mais aussi analyser quelques défis qui restent, quelles sont les contraintes qui sont là et probablement formuler des propositions de solutions », fait savoir Cyriaque Simbashizubwoba, chef à l’intérim du projet PSSD.

Cyriaque Simbashizubwoba, chef à l’intérim du projet PSSD : « 14,69% des ménages agricoles au Burundi ont eu accès aux semences certifiées grâce au projet PSSD ».

Le PSSD a de quoi se réjouir

Ce projet a enregistré des résultats impressionnants surtout chez les entrepreneurs semenciers. Citons entre autres l’augmentation des superficies emblavées pour la production des semences et partant l’augmentation du volume des semences produites, que ce soit en qualité ou en quantité. Cela se fait remarquer par la diminution nette du volume des semences rejetées lors de l’analyse.

Plus de 255 mille ménages agricoles ont acheté autour de 5 mille tonnes de semences auprès des partenaires appuyés par le projet PSSD. Ces ménages agricoles qui ont pu accéder aux semences de qualité grâce au projet PSSD représentent 14.69% du nombre total des ménages agricoles au Burundi, référence faite à l’ENAB de 2018. Plus de 112 mille agriculteurs, dont plus de 55 mille, soit   45.4% sont des femmes, ont bénéficié des formations de la part du PSSD sur la plus-value de l’utilisation des semences de qualité et les bonnes pratiques agricoles.

Boudy Van Schagen est conseiller technique de KIT Royal Tropical Institute. Selon lui, la semence est un intrant clé, un facteur primordial si on veut augmenter la production et la productivité agricole. Malheureusement, le taux des ménages agricoles qui utilisent les semences de qualité reste faible au Burundi. La conséquence qui en découle est que le rendement agricole devient moins bon. Ce qui est à l’origine de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté.

Pour pallier à ces défis, avec le projet PSSD, il y a eu de nouvelles introductions de variétés pour les différentes cultures cibles du projet à savoir la pomme de terre, le haricot et le maïs. Depuis 2019, trente et une variétés, soit en moyenne 8 variétés par an ont été homologuées. En permettant à plus de ménages agricoles bénéficiaires d’avoir accès aux semences de qualité et plus productives, le projet contribue à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des revenus.

Produire, oui. Mais aussi savoir vendre

Selon M. Simbashizubwoba, produire les semences de qualité est une chose, pouvoir les vendre en est une autre. C’est pour cela que le projet a consenti beaucoup d’efforts dans le développement des mécanismes de vente des semences certifiées. Les stratégies développées ont permis de diminuer d’une façon remarquable les méventes. Les stratégies développées sont entre autres les ventes mobiles sur des bicyclettes et/ou moto et la construction des points de vente ruraux. Ainsi, 256 points de ventes ont été construits par les producteurs de semences en milieu rural. Ces points de vente permettent aux ménages agricoles de s’approvisionner non loin de chez eux car, avant l’avènement du projet, les agriculteurs étaient obligés de parcourir des kilomètres et des kilomètres pour s’approvisionner en semences certifiées. En conséquence le projet PSSD a amélioré l’accessibilité physique pour les semences de qualité.

Cet atelier a regroupé les différents partenaires clés qui ont travaillé avec ce projet et les ONGs œuvrant dans le secteur semencier.

 

Le projet PSSD a également appuyé le développement des activités en rapport avec l’emballage des semences. Auparavant, c’était difficile voire impossible de distinguer les bonnes semences des mauvaises. Il y avait certainement des producteurs de semences qui faisaient passer leurs semences de mauvaise qualité pour celles de bonne qualité. Cette situation induisait beaucoup de doutes chez les agriculteurs. Avec le PSSD, les entrepreneurs semenciers ont appris comment emballer les semences après leur certification. Cet emballage personnalisé indique l’identification du producteur. De cette manière, l’emballage a donné confiance aux ménages agricoles que les semences sont réellement de qualité. C’est une sorte de publicité pour le producteur de semences si la semence vendue est bonne et une contre publicité dans le cas contraire. Ce système d’emballages personnalisés engage la crédibilité chez les producteurs et inspire la confiance chez les acheteurs.

 Partenariat public-privé (PPP), la force du PSSD

Le projet PSSD a une spécificité. C’est un projet de facilitation qui n’exécute pas des activités lui-même, mais qui développe des partenariats publics-privés. Au cours de ces quatre ans, des partenariats publics ont été développés avec un certain nombre de services techniques du Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage. L’objectif poursuivi est l’amélioration de l’environnement des affaires dans le secteur semencier. PSSD a travaillé avec l’Office National de Contrôle et de Certification des Semences (ONCCS) surtout pour l’homologation, l’inspection, l’analyse et la certification des semences. Le PSSD a travaillé avec l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) dans la recherche des nouvelles variétés qui sont plus productives, plus tolérantes aux maladies et aux ravageurs. Son partenariat avec la Direction de la Promotion des Filières Agricoles et des Produits Forestiers Non Ligneux (DPFAPFNL) consiste en grande partie à la règlementation/législation et à la coordination.

Dans le partenariat privé, le projet PSSD a travaillé avec 114 entreprises semencières dans la production et la vente des semences aux ménages agricoles. Au total 17069 champs de démonstration ont été installés à cet effet. « Pour le moment, la production des semences a sensiblement augmenté, les ménages agricoles qui ont accès aux semences aussi », se réjouit M. Simbashizubwoba.

Les bénéficiaires s’en réjouissent

Mme Madeleine Sindaruhuka est une entrepreneure semencière résident dans la province de Muyinga. Selon elle, le projet PSSD a impacté positivement le quotidien des entrepreneurs semenciers. Les renforcements de capacité qu’ils ont reçu de ce projet leur ont permis d’exercer leur métier d’une façon rentable. « On nous a appris comment cultiver, faire le suivi de nos champs jusqu’à la récolte. Nous avons reçu de ce projet des hangars pour sécher la récolte de maïs », témoigne-t-elle.  « Nous avons également appris les techniques de triage des semences selon les tailles des graines, les couleurs des graines, etc. et d’emballage après certification par l’ONCCS. Selon Mme Sindaruhuka, les entrepreneurs semenciers ont également bénéficié de ce projet des machines pour coudre les sacs d’emballage. En plus des techniques de production, le projet PSSD leur a appris les techniques de vente comme le fait savoir cette entrepreneure semencière.

Fidèle Gahungu ,directeur général de l’ONCCS :« Nous devons à ce projet, des renforcements de capacités à l’endroit de nos agents de terrain et aussi à l’endroit des privés, surtout les inspecteurs accrédités ».

 

Fidèle Gahungu est le directeur général de l’ONCCS. Selon lui, son institution a tant gagné du projet PSSD. « Ils nous ont donné des moyens nous permettant d’atteindre les multiplicateurs de semences. Nous devons à ce projet, des renforcements de capacités à l’endroit de nos agents de terrain et aussi à l’endroit des privés, surtout les inspecteurs accrédités », se réjouit-il. 46 inspecteurs privés accrédités et 9 d’ONCCS ont été formés à cet effet sur le processus de certification des semences. Cela a renforcé les actions des inspecteurs de l’ONCCS qui jusque-là se chiffraient à moins d’une dizaine. Cela leur a permis d’atteindre et de visiter plus de ménages agricoles. Le projet PSSD a également appuyé dans le processus d’homologation de ces semences jusqu’à l’inscription de ces nouvelles variétés au niveau du catalogue national des espèces et variétés cultivées au Burundi comme le témoigne M. Gahungu.

Des acquis, mais aussi des recommandations

Apres l’analyse des forces, des faiblesses, des opportunités et des défis, quelques recommandations ont été formulées. Il s’agit de l’appui aux infrastructures de production (irrigation, mécanisation) mais également des équipements de manutention et processing post-récolte (hangars de stockage, laboratoire) ainsi que les activités de législation et libéralisation du secteur semencier.

Rappelons que le projet de développement du secteur semencier privé (PSSD) est exécuté par le Centre International pour la Fertilité des Sols et le Développement Agricole (IFDC) sous le financement de l’Ambassade du Royaume des Pays Bas au Burundi. Ce projet a commencé en 2019 et va se clôturer le 31 décembre de cette année. Le PSSD travaille sur les cultures de pomme de terre, de haricot, de maïs, de manioc et les légumes.

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