La dette publique augmente sensiblement. Elle atteint un montant de plus de 4700 milliards de FBu à fin juillet 2022 contre plus de 4100 milliards de FBu à la même période de l’année précédente. Ce qui est inquiétant est que c’est la dette intérieure qui augmente sensiblement par rapport à la dette extérieure. Elle est de plus de 3400 milliards de FBu fin juillet 2022 contre plus de 3000 milliards de FBu à la même période de l’année précédente.
La dette publique évolue en flèche, lit-on dans le rapport de la BRB. L’encours de la dette publique s’est accru de 14,5% fin juillet 2022, se fixant à 4.763,7 contre 4.161,3 Mds de FBu à la même période de l’année précédente, en liaison avec l’accroissement à la fois de la dette intérieure (+11,8%) et de la dette extérieure (+22,0%). Par rapport au mois précédent, la dette publique a augmenté de 0,2% en rapport avec la diminution de la dette intérieure (-0,2%) et de la dette extérieure (-0,7%).
En glissement annuel, le même rapport explique que la dette intérieure a augmenté à fin juillet 2022, passant de 3.086,8 à 3.452,5 Mds de FBu, en liaison avec l’augmentation de l’endettement de l’Etat envers le secteur bancaire (+373.733,4 MBIF) et le secteur non financier (+3.250 MBIF). Les engagements de l’Etat envers les Etablissements Financiers ayant baissé de 11.300 MBIF.
Par rapport au mois précédent, ce rapport prouve que la dette intérieure a baissé de 5.730,1 MBIF, en rapport avec la diminution de l’endettement de l’Etat envers le secteur bancaire (-7.730,1 MBIF). L’endettement auprès du secteur non financier a augmenté de plus de 2.000,0 MBIF.
La dette extérieure fin juillet 2022 est passée de 1.074,4 à 1.311,2 milliards de FBu
En glissement annuel, le dit rapport fait remarquer que la dette extérieure a augmenté de 22,0% fin juillet 2022, passant de 1.074,4 à 1.311,2 Mds de BIF en rapport avec les tirages (+276.422,7 MBIF) partiellement contrebalancés par les moins-values de réévaluation (11.831,8 MBIF) et l’amortissement de la dette (27.799,8 MBIF).
Et d’ajouter que par rapport au mois précédent, la dette extérieure a diminué de 0,7% fin juillet 2022, s’établissant à 1.311,2 contre 1.320,3 Mds de BIF, en liaison avec les moins-values de réévaluation (6.811,2 MBIF) et l’amortissement de la dette (2.945,7 MBIF), partiellement contrebalancés par les nouveaux tirages (+691,0 MBIF).
Exprimée en Dollar américain, la dette extérieure s’est accrue de 101,0 M USD à fin juillet 2022, se fixant à 644,0 contre 543,0 M USD à la période correspondante de 2021.
L’augmentation de la dette publique s’observe depuis 2015
Dans le forum national sur le développement du Burundi tenu du 18 au 19 novembre 2021, les experts ont alerté sur le niveau inquiétant de l’augmentation de la dette publique depuis 2015. Selon Dr Euphrem Niyongabo, cette dette est dominée par la dette intérieure estimée à ¾ de la dette totale du pays. Néanmoins, cet expert s’inquiète du fait que la croissance économique n’est pas en train de suivre cette cadence.
Il a alerté que le Burundi tend vers un risque de surendettement élevé même s’il parvient encore à honorer ses engagements.
Les banques commerciales financent la dette intérieure à plus de 50%
Roger Ntwenguye, directeur général adjoint de la BGF a déploré que les banques commerciales financent la dette intérieure à plus de 50%. Elles avancent à l’Etat plus de 1500 milliards de FBu.
Selon lui, si les banques commerciales mobilisent les ressources pour financer la dette publique, l’avenir des ménages et des entreprises est incertain, car la mission principale des banques commerciales est de financer le secteur privé étant donné qu’il est le moteur de la croissance économique du pays.
Selon toujours lui, si cette cagnotte finançait le secteur privé, ce serait une très bonne chose. Donc le fait que les banques commerciales soient entrain de financer la dette publique constitue une perte énorme pour la croissance économique.
Pour éviter le pire, les experts suggèrent que la dette publique soit bien gérée, car les conséquences du surendettement sont fâcheuses. Et une stratégie adéquate de régulation de l’endettement et de la gestion de la dette publique devrait être mise en place pour gagner le pari.
Il faut aussi limiter les dépenses, élargir l’assiette fiscale, financer de façon transparente les secteurs porteurs de croissance comme le secteur minier qui peut générer beaucoup de revenus, réduire les charges des sociétés publiques, adopter la numérisation du système fiscal, réduire les exonérations et consacrer des dépenses importantes aux secteurs générateurs de revenus et de croissance économique.