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Quand l’approvisionnement en produits vivriers requiert une autorisation préalable

La vente des produits vivriers d’une province à une autre est désormais interdite sauf si elle a été préalablement autorisée. Cette mesure encourage le protectionnisme alors qu’aucune région burundaise n’est autosuffisante en denrées alimentaires    

Les commerçants sont interdis de s’approvisionner dans les provinces sans une autorisation, une mesure prise par Martin Niteretse, ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique.

Désormais, les commerçants ne sont pas autorisés à collecter les produits vivriers dans une province pour aller les vendre dans une autre encore moins à l’étranger. L’exception sera appliquée aux commerçants qui disposeront une autorisation de la part des administratifs provinciaux. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de protéger la production nationale. Les produits vivriers concernés par cette mesure sont notamment le haricot, le riz, le maïs, les arachides, le sorgho, etc. Mais les produits vivriers qui pourrissent facilement, comme les patates douces, les avocats, les choux, les colocases, les maniocs, … ne sont pas concernés. Toutefois, les administratifs doivent veiller à ce qu’ils ne soient vendus au-delà des frontières nationales. Cela a été annoncé par Martin Niteretse, ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique après une réunion avec les gouverneurs de provinces qui a eu lieu mardi le 6 juin 2023 à Bujumbura. Cette mesure ne concerne que les commerçants. Sinon, pour les personnes qui achètent des produits à consommer à la maison, il n’y a pas de soucis.

M. Niteretse a indiqué que cette mesure est prise dans le but de décourager les commerçants mal intentionnés qui collectent les produits vivriers pendant la période de récolte où le prix est relativement faible, les stockent pendant un certain temps pour les revendre un prix très élevé. La mesure est prise également pour décourager les commerçants qui exportent les produits vivriers sans une autorisation préalable des administratifs provinciaux. Il demande à la population de protéger leur récolte à tout prix alors que les gouverneurs sont appelés à suivre de près la production de leurs provinces respectives.

Comment les commerçants demanderont une autorisation de s’approvisionner dans d’autres provinces ?

M. Niteretse n’a pas mâché les mots en expliquant les démarches à suivre pour qu’un commerçant soit autorisé à déplacer les produits vivriers d’une province à une autre. Le commerçant n’a qu’à demander la permission au gouverneur de la province dont il relève et à celui de la province où il veut collecter les produits. Comment alors cette permission sera donnée ? Selon le ministre Niteretse, un commerçant intéressé est obligé d’écrire une lettre au gouverneur de la province dont il relève (ou de la province où il travaille) pour demander une autorisation tout en expliquant le pourquoi et le comment de cette requête. Il indiquera la quantité des produits qu’il veut acheter, le type de véhicule qu’il prévoit utiliser pour déplacer ces produits et son conducteur. Si le gouverneur est convaincu, il lui donnera le feu vert en paraphant sur la lettre. C’est cette même lettre que le commerçant présentera au gouverneur de la province où il veut acheter des produits vivriers pour valider la demande. Ce document représente une autorisation préalable et sera exhibé aux administratifs ou aux agents de sécurité en cas de besoin.

Même si cette mesure est plus que protectionniste, M. Niteretse n’exclut pas que les produits vivriers puissent être exportés. Il affirme que si jamais il y a un surplus, les produits pourront être exportés moyennant une autorisation spéciale. Ainsi, le pays pourra encaisser les devises tant convoitées.

Le libéralisme vaut mieux que le protectionnisme

Des mesures pareilles ont été prises dans le passé par des administratifs locaux (gouverneurs ou administrateurs communaux) pour essayer de protéger les produits vivriers de leurs entités administratives. Ce qui n’est pas sans conséquence à long terme sur l’économie de leurs provinces ou leurs communes. Par ailleurs, aucune région burundaise n’est autosuffisante en denrées alimentaires. Le protectionnisme n’améliore pas la situation économique du pays. Il freine la libre circulation des marchandises à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Vaut mieux opter le libéralisme économique.

Comme l’agriculture est une activité productive, elle devrait s’exercer en toute liberté. Et les activités commerciales et industrielles connexes devraient être exercées librement. Pourtant, les pays membres de l’East African Community (EAC) dont le Burundi ont instauré, depuis 2010, un marché commun.  Ce marché unique promeut la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux sur tout le territoire de cette communauté.

A noter que l’octroi des autorisations aux commerçants qui veulent s’approvisionner dans les autres provinces est suspendu jusqu’au 20 juin 2023. Cela est mentionné dans un communiqué du ministère en charge de l’intérieur rendu public jeudi le 8 juin 2023. Cela parce que les gouverneurs de provinces sont en train de sensibiliser la population sur la mesure de la Banque Centrale de modifier les billets de 5 000 FBu et 10 000 FBu.

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