Au moment où la majorité de la population pense que le chômage bat son plein, l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) le perçoit autrement. Il informe cependant que le Burundi ne connait pas le chômage, mais plutôt le sous-emploi.
D’après Mme Jeanine Niyukuri, directrice du département des études des statistiques démographiques et sociales à l’ISTEEBU le Burundi ne souffre pas du chômage, mais plutôt du sous-emploi. Elle indique cela en s’inspirant des données de l’Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages (ECVMB) effectuée entre 2013 et 2014. Cette dernière précise que 97,6 % de la population active ont un emploi contre 2,4 % qui n’en disposent pas. Selon cette enquête, le taux de chômage au Burundi est de 1,6 % au sens strict et de 2,4 % au sens élargi. Ce que Mme Niyukuri affirme correct est incontestable.
Mme Niyukuri rappelle que d’après le Bureau International du Travail (BIT), une personne est chômeur s’il est en âge de travailler, s’il est en situation de chômage, si elle est sans emploi et si elle est disponible à travailler. Cela sur une période de référence généralement d’une semaine pour le cas du Burundi. Ce dernier critère est généralement relâché pour définir le chômage au sens élargi. Or, au Burundi, même celui qui garde les vaches pendant deux heures, celui qui commercialise des arachides, celui qui laboure un champ est considéré comme un travailleur. De surcroît, il n’est pas chômeur. Elle fait remarquer que la population qualifie de chômeur celui qui n’est pas salarié. Ce qui n’est pas correct, presque la majorité de la population Burundaise occupe un emploi, lance-t-elle.
Selon l’ECVMB, le chômage est plus présent en milieu urbain où il atteint 14,7 % de la population citadine au sens élargi. Ce dernier affecte 6,9 % des personnes lauréats de l’enseignement secondaire et 17,9 % des lauréats de l’enseignement supérieur. Ce phénomène de chômage est plus prononcé chez les jeunes de 15 à 24 ans où le taux se situe à 4,6 %.
Le sous-emploi, une réalité
Quant au sous-emploi, lit-on dans l’ECVMB , le chômage concerne plus les actifs occupés du milieu rural à raison de 42,3% au moment où ceux du milieu urbain sont de l’ordre de 30,1%. Le même rapport indique que le sous-emploi concerne plus les femmes que les hommes à des taux respectifs de 42,7 % et de 39,6 %.
Cependant, le rapport déplore le manque de statistiques sur le marché de l’emploi qui ne permet pas d’établir une comparaison adéquate entre les demandes et les offres d’emplois afin de connaître les taux de couverture des demandes d’emplois par rapport aux offres.
Taux de chômage selon le milieu de résidence, l’âge, le sexe et le niveau d’instruction en (%)
Taux de chômage strict |
Taux de chômage élargi |
|
Milieu de résidence |
||
Urbain |
10,0 |
14,7 |
Rural |
0,8 |
1,2 |
Sexe |
||
Masculin |
2,1 |
2,8 |
Féminin |
1,2 |
2,1 |
Tranche d’âge |
||
2,4 |
3,7 |
|
0,5 |
1,0 |
|
0,1 |
0,1 |
|
Niveau d’instruction |
||
Aucun niveau |
0,7 |
|
Primaire |
1,7 |
|
Secondaire |
6,9 |
|
Supérieur |
17,9 |
|
Pays |
1,6 |
2,4 |
Source : ECVMB 2013-2014 `
Les faiblesses dans le secteur de l’emploi
Le rapport soulève un certain nombre de faiblesses dans le domaine de l’emploi. Il s’agit de la prédominance de l’emploi informel, de l’absence des statistiques sur l’emploi, des structures chargées de la promotion de l’emploi qui ne sont pas dotées de capacités humaines et de moyens d’action suffisants, de l’absence d’une coordination des intervenants dans le domaine de l’emploi.
De plus, ajoute le rapport, les politiques macroéconomiques peu incitatives dans la création des microentreprises, le programme-pays pour le travail décent deuxième génération non actualisé , le salaire minimum interprofessionnelle garanti (SMIG) insignifiant (160 FBU en milieu urbain et 105 FBu en milieu rural), l’absence d’une politique salariale, d’une culture d’entreprise et d’une politique nationale des personnes handicapées constituent eux aussi des faiblesses dans le secteur de l’emploi.