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Qui bénéficie de l’exploitation minière ?

Le potentiel minier ne sera utile au pays que s’il est bien exploité. Pourtant, ce secteur qui représente la moitié des exportations est depuis les années 1930 artisanale. Il est également caractérisé par le manque de données et de transparence, la forte volatilité des productions… Les taxes et les redevances qui en découlent ne représentent en 2019 que 3, 4% des recettes d’exportation. Les experts en la matière proposent la réforme du secteur. Cela lors du forum national sur développement du Burundi qui a eu lieu jeudi et vendredi le 18 et le 19 novembre 2021 

« Le Burundi est riche en minerais d’avenir. Ceux-ci sont des minerais qui ont une forte demande mondiale. Il s’agit par exemple, des terres rares, du lithium, du cobalt, du nickel… Cependant, il existe des minerais qui sont exportés et d’autres qui ne sont pas bien exploités (Nickel), précise Dr Janvier Nkurunziza, expert en économie basé à Genève et travaillant pour le compte des Nations Unies.

Il rappelle que le secteur minier représente la moitié des exportations du pays. Cela avant de regretter que les redevances et les taxes collectées en 2019 ne constituent que 3, 4% des recettes d’exportations. Pour Dr Nkurunziza, les minerais ne sont utiles au pays que quand ils sont bien exploités.

Le secteur minier représente la moitié des exportations. Pourtant, les redevances et les taxes issues de ce secteur n’ont constitué que 3,4% en 2019 des recettes d’exportations.

La sous exploration

L’expert en économie évoque pas mal de défis qui hantent le secteur minier dont le manque de données compatibles, la production artisanale, la forte volatilité des productions (manque d’objectif précis) et la vente illégale des productions minières.

Dr Nkurunziza informe que la cartographie minière localise les minerais dans les régions Ouest et Est du pays. Ce qui n’est pas le cas, selon toujours cet expert en économie. Plutôt, confirme-t-il, tout le pays est riche en concentrés de minerais, mais ces derniers sont sous-exploités.

Le fait que les investisseurs ne trouvent pas d’informations sur ce secteur est l’une des causes de cette sous-exploitation. A cela, Dr Nkurunziza ajoute le manque d’infrastructures et le malaise (permis de recherche expirés ou suspendus depuis longtemps).

« Les problèmes d’énergie, le manque de compétences locales (on doit faire recours aux technologies importées), la méconnaissance de la filière (qui implique les géologues pour les explorations, les juristes pour analyser les marchés, les fiscalistes pour analyser la taxation, les auditeurs pour vérifier les marchés, les économistes pour négocier les contrats sont parmi les obstacles au développement du secteur) », fait remarquer Dr Nkurunziza avant d’insister sur le renforcement des équipes qui négocient avec les multinationales.

Il recommande de conclure les contrats interprétables (faciles, clairs), de privilégier la transparence par rapport à la confidentialité, la mise en place d’un mécanisme de suivi et de contrôle à chaque maillon de la chaîne… Cela sans oublier le renforcement de la crédibilité du secteur au niveau international (respect des normes de la transparence) et le bon choix des investisseurs qui respectent l’environnement, le code social…

Dr Nkurunziza se demande pourquoi le gouvernement a 10% d’actions dans les sociétés d’exploitation minière et pourquoi pas 50% voire plus. Et d’insister : « Pour tirer le maximum de profits dans l’exploitation minière, il faut revoir la taxation ».

Un code minier adapté

Prof.Dr. Steve de Cliff Juru, chimiste se focalise sur le code minier. Celui-ci doit inclure des dispositions claires de façon que les contrats soient gagnant-gagnant.

« De plus, le code minier doit avoir un œil vigilant sur les produits finis miniers, les prix des produits miniers et la quantité minière exploitable », martèle-t-il avant de revenir sur la nécessité de finaliser tous les processus de production minière au niveau local (obliger tout exploitant à construire une usine industrielle de traitement, de métallurgie et de raffinage du produit sur place).

Il signale que le gouvernement doit conclure des conventions minières basées sur la quantité de minerais à ne pas dépasser, la libération du capital par les exploitants, la construction d’une école des mines et d’un laboratoire de recherche et d’analyse minière.

Didace Ntirampeba, directeur de l’Office Burundais des Mines (OBM) invite à investir dans les métaux précieux (or), dans les métaux rares (3Ts) ou les roches industrielles qui ne demandent pas beaucoup de techniques d’exploration.

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