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Quid des risques qui guettent  la chaîne de valeur lapin ?

La cuniculture est parmi les secteurs prioritaires  de la politique agricole nationale. Cependant, la Plateforme pour la Gestion des Risques Agricoles (PARM) indique que l’élevage des lapins au Burundi est exposée à des risques sanitaires et commerciaux. Cette plateforme formule des recommandations à l’endroit des  intervenants dans cette filière afin de rendre celle –ci résiliente.

D’après l’étude de PARM, la cuniculture    est  vulnérable aux risques sanitaires, notamment l’absence de services vétérinaires pour poser de bons diagnostics, aux maladies parasitaires et virales et aux risques commerciaux dû au manque de marché d’écoulement ( Photo : Ntare House). 

Depuis l’an 2020, les ménages ruraux de toutes les provinces du Burundi se sont massivement équipés de lapins. Cela est dû principalement à une accélération de l’élevage du lapin sous l’impulsion du Président de la République Evariste Ndayishimiye. Cependant,  la chaîne de valeur lapin au Burundi  se heurte à de nombreux risques à tenir compte pour que cette filière soit résiliente.

La Plateforme pour la Gestion des Risques Agricoles (PARM)  a révélé que la cuniculture    est  vulnérable aux risques sanitaires, notamment l’absence de services vétérinaires pour poser de bons diagnostics, aux maladies parasitaires et virales,  mais aussi au manque  de vaccins pour le traitement des lapins.

C’était dans un atelier de  partage  des connaissances et de restitution des résultats préliminaires de l’étude d’évaluation des risques  dans les chaînes de valeur   maïs, riz et lapin organisé  en date du 23 au 24 mai 2024 par le ministère de l’Environnement , de l’Agriculture et de l’Elevage en partenariat  avec  le PARM.

Les risques commerciaux parmi les défis

Cette étude conduite par  Madame Anne Meyer et Monsieur Nicodème Nimenya   membres de l’équipe technique de PARM indique que l’élevage des lapins  est aussi confronté     aux risques commerciaux. Selon eux, l’accroissement rapide du nombre des lapins, la tendance à la professionnalisation  de certains éleveurs et la mise en place des projets  de grande envergure tels que les centres sélectionneurs et les centres naisseurs  engendre une surproduction  de viande de lapin et  une surproduction de déjections. Il est aussi la cause d’une surproduction des lapereaux producteurs et d’une  surproduction  des produits dérivés de la cuniculture. Il faudrait alors mettre en place  un marché d’écoulement.

Mme Meyer et M. Nimenya évoquent aussi la difficulté liée à l’accès aux financements pour les  éleveurs des lapins comme il s’observe dans d’autres secteurs agricoles au Burundi. Ils font savoir que  les  institutions financières hésitent mille fois à financer un secteur agricole,car il présente  des risques considérables.

En plus des risques sanitaires et commerciaux, l’élevage des lapins  fait face aussi à des risques  logistiques  qui peuvent être la source de la mortalité des lapins  ou occasionner des accidents pendant le transport.  Il est aussi  vulnérable à l’insécurité. « Les éleveurs des lapins sont soumis aux vols et à la  prédation », a ajouté M. Nimenya.

Quid des recommandations formulées pour une filière cunicole résiliente?

Pour faire face aux risques sanitaires auxquels est exposé l’élevage des lapins au Burundi, la Plateforme pour la Gestion des Risques Agricoles propose une expertise dans le traitement des maladies virales et parasitaires des lapins. « Il faut que  le ministère ayant l’agriculture et l’élevage dans ses attributions mette  en place un pool  d’experts nationaux appuyés par des experts internationaux pour former les vétérinaires, mais aussi pour étudier   la disponibilité du vaccin pour le traitement des lapins», a précisé M. Nimenya.

Il  faudrait aussi mettre en place  un service vétérinaire spécialisé et décentralisé  dans toutes les provinces pour permettre aux cuniculteurs l’accéder  aux services sanitaires dans un très court délai, faciliter la recherche par la disponibilisation du réseau TIC de partage d’information et le renforcement des capacités des personnels des laboratoires vétérinaires. Le PARM appelle aussi à l’importation encadrée des lapins et à la disponibilisation des races améliorées et adaptées au climat burundais pour les centres naisseurs.

Pour surmonter les risques commerciaux constatés dans la chaîne de valeur lapin, cette étude de PARM propose qu’il y ait un observatoire du marché du lapin pour  étudier les besoins et s’occuper du marché d’écoulement. Cette plateforme indique qu’il y a  aussi un besoin de clarifier le potentiel et la structuration d’une filière export par la production des statistiques.  La promotion  des produits issus des lapins,  notamment dans la petite restauration  et le soutien apporté à l’investissement pour les acteurs  à l’aval pourraient aussi aider à surmonter certains risques commerciaux.

L’élevage des lapins, une priorité de la politique agricole nationale    

Le Burundi a un vaste projet d’augmenter la production des lapins. A titre illustratif, dans le budget de l’Etat, exercice 2023-2024, le gouvernement a prévu un montant d’environ 3 milliards  de FBu pour la  construction d’un centre naisseur et de multiplication des lapins .

Pour sa part, l’assistant du ministre  de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage Emmanuel Ndorimana a indiqué que le choix des chaînes de valeur  riz, maïs et lapin sur lesquelles s’est focalisée l’étude d’évaluation des risques effectuée par la PARM   s’est fait  en fonction de leurs places dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle des burundais, leur exposition aux risques agricoles et leur caractère prioritaire au sein de la politique agricole nationale. Selon lui, cette étude permettra de relever les défis dans ce secteur et par conséquent d’atteindre le développement durable.

 

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