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Reboisement : Les plantations méritent d’être protégées

Pour contribuer à la regénération de la nature, des arbres sont en train d’être plantés dans le pays.  Les environnementalistes apprécient positivement ce projet et estiment que la reforestation va de pair avec l’étude du sol. Ils crient également au secours de la biodiversité existante, entre autres le parc de la Rusizi

Dans une évaluation du projet de reboisement national « Ewe Burundi Urambaye » effectuée au mois de mars 2019 dans la province de Kayanza, le constat est que près de 50 millions d’arbres ont été plantés à travers le pays et près de 90 % ont déjà poussé. Cela 6 mois après le démarrage du projet dont la durée s’étend sur sept ans.

Deux mois après, c’est-à-dire au mois de mai, le ministre de l’Environnement Déo Guide Rurema a indiqué qu’on a produit 51 921 465 plants d’arbres au sein du même projet.

Parmi les mesures d’accompagnement du projet  figurent la transformation des aliments pour les cuire en un laps de temps avec peu de moyens. Dans le budget général 2019-2020, le gaz est exonéré des taxes et droits de douanes pour inciter les citoyens burundais à l’utiliser. Egalement, le pays envisage l’utilisation du biogaz et l’exonération des matériaux de construction qui vont remplacer le bois.

La réserve naturelle de la Rusizi n’a cessé de subir des modifications au niveau de la superficie et de l’appellation

Les jeunes plants d’arbres adorés par les animaux domestiques

Selon la Revue de Géographie Alpine, les animaux domestiques, notamment les chèvres, les moutons et les vaches broutent les herbes.

« Les chèvres et les moutons sont pour les jeunes plants d’arbres des ennemis mortels », stipule la revue. En cinq minutes, deux ou trois chèvres peuvent épointer 30 à 40 jeunes plants. Cette opération répétée deux ou trois années d’affilée suffit à faire périr les arbustes.

Toutefois, le projet de loi portant stabulation permanente a été promulguée en 2018 et entrera en vigueur progressivement sur une période de trois ans, c’est-à-dire en 2021. Ce qui apportera une valeur ajoutée.

Le parc national de la Rusizi ménacé

Jean Claude Ndayishimiye, représentant légal de l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages et leurs Milieux de Vie (APRASAMI) indique que la réserve naturelle de la Rusizi est un écosystème se trouvant dans la plaine de la Rusizi, au nord de la région naturelle de l’Imbo et du lac Tanganyika. Elle a une superficie d’environ 1 673 hectares. Elle est subdivisée en deux secteurs qui sont le secteur palmeraie plus vaste et le secteur delta, à l’embouchure de la rivière Rusizi vers le Lac Tanganyika. Elle a aussi une petite zone appelée corridor qui est un isthme reliant les deux secteurs.

« L’aire protégée n’a cessé de subir des modifications au niveau de la superficie et de l’appellation. Tantôt c’était le parc national, tantôt la réserve naturelle. Le cas le plus frappant est celui de l’année 2000 où le parc national de la Rusizi a été rebaptisée réserve naturelle après avoir été amputée près de la moitié de sa superficie », regrette-t-il.

Comme la plaine de la Rusizi était couverte de forêts, elle abritait beaucoup d’animaux comme les lions, les buffles, les crocodiles, les oiseaux, les sangliers….

Avec l’accroissement démographique de cette plaine et la réduction de son espace, explique M.Ndayishime, l’aire protégée a été envahie par des activités anthropiques tels le défrichage pour chercher des espaces cultivables et le braconnage. Ce qui provoque la migration des animaux sauvages vers d’autres zones et la disparition de certaines espèces d’arbres.

La fausse palmeraie (Rukoko), un grand trésor à protéger

La fausse palmeraie est une espèce d’arbres appelée Hyphaene benguellensis variété ventricosa. Unique au monde, C’est une sous-espèce endémique dans la région et qui dure longtemps (plus de 100 ans), fait remarquer M.Ndayishimiye.

« L’espèce est théoriquement protégée. Cependant, les malfaiteurs continuent à l’exploiter clandestinement. Ses troncs sont utilisés dans la construction, les feuilles dans la construction des clôtures et la fabrication des cordes, les fruits dans la carbonisation. Pourtant, on peut l’exploiter pour plusieurs finalités », s’exclame-t-il.

La fausse palmeraie et toute la réserve naturelle sont menacées. Un projet de plantation de canne à sucre implanté dans la réserve vers les années 2010 n’avait pas de raison d’être comme le signale M.Ndayishimiye.

Il témoigne qu’il a dévasté beaucoup d’hectares, mais n’a rien produit. « De plus, les projets de l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) y occupent plus de 200 hectares. La Compagnie de Gérance du Coton (COGERCO) ne cesse également d’étendre ces champs. Les autorités locales continuent à signer des contrats d’achat dans la réserve naturelle, sans oublier les dommages causés par le cimetière de Mpanda », s’exclame l’environnementaliste.

Tout cela diminue le rythme de la régénération de la végétation, dégrade la nappe phréatique, provoque des érosions…

M.Ndayishimiye souligne que les projets de reboisement sont d’une importance capitale. Pour lui, la biodiversité constitue une richesse à long terme pour le pays, surtout que c’est une source d’attraction pour les touristes qui amènent les devises au pays. Seulement, pour chaque projet de plantation d’arbres, il faut une étude d’impact environnementale. Quant à la réserve naturelle de la Rusizi, elle est nous protège contre les vents en provenance du lac Tanganyika, empêche l’érosion en faisant infiltrer l’eau de pluie. Elle est aussi une source de pluie pour la région sèche de Gihanga.

Pour protéger alors la biodiversité, l’environnementaliste recommande d’impliquer la population et de faire respecter la loi.

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