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Les recettes d’exportation en chute libre

Dans un pays souffrant de la pénurie de devises qui paralyse l’activité  économique, l’exportation de l’or se présentait comme étant une source de revenus potentielle pour alimenter les caisses de l’Etat en devises. Cependant, depuis la suspension de l’exploitation des minerais, l’opportunité que présente l’or pour le fonctionnement de l’économie burundaise s’éclipse. Un manque à gagner énorme pour le pays    

Le Conseil de l’Union Européenne a annoncé mardi le 15 février 2022 la levée des sanctions économiques prises contre le Burundi depuis mars 2016. « Le Conseil a décidé aujourd’hui d’abroger la décision qu’il avait prise en 2016, par laquelle il imposait au Burundi des mesures telles que la suspension du soutien financier et du versement de fonds au bénéfice direct de l’administration ou des institutions burundaises. L’abrogation de la décision permettra donc à l’UE de relancer ce type de coopération avec le Burundi », précise le Conseil de l’UE dans un communiqué. La réaction est plus enthousiaste chez les simples Burundais qui espèrent que l’appui budgétaire européen va les aider à sortir de la crise économique  dans laquelle le pays est plongé et surtout le manque de devises. Cela étant,  avec une aide globale de quelque 430 millions d’euros pour la période 2015-2020, l’UE était le premier pays donateur du Burundi.

Depuis alors la prise de ces sanctions, le Burundi a tant bien que mal tenu en s’appuyant sur les devises que lui procuraient quelques produits d’exportations dont le café, le thé et l’or. Mais depuis qu’on a suspendu l’exploitation des minerais depuis juillet 2021, les recettes d’exportations ont considérablement  diminué puisque l’exportation de l’or constituait une grande partie de ces recettes.

La diminution au niveau des exportations est en grande partie attribuée à la non exportation de l’or observée depuis le quatrième trimestre de 2020, lit-on dans le bulletin trimestriel de l’ISTEEBU sur le commerce extérieur.

Une détérioration de la balance commerciale de plus de 50%

Malheureusement, comme on peut le lire dans le bulletin trimestriel de l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques (ISTEEBU), les produits domestiques exportés au troisième trimestre de 2021 se caractérisent par une forte diminution en comparaison avec la même période de l’année précédente. En effet, le total des exportations du troisième trimestre de 2021 s’élève à 47,7milliards de BIF contre 142,4 milliards de BIF au même trimestre de 2020.

Par rapport au même trimestre de 2020, les exportations des produits domestiques du deuxième trimestre de 2021 enregistrent un recul de 66,5% environ. Le déficit de la balance commerciale du trimestre sous analyse, s’élève à 493,2 milliards de BIF contre 325,5 milliards de BIF au même trimestre d’un an avant, soit une détérioration de plus de 50%. Ainsi, le taux de couverture trimestriel des importations par les exportations est de 9,4% contre 31,1% au troisième trimestre de 2020.

La chute des exportations du trimestre sous analyse est tirée par la détérioration des exportations de l’or, du café, de la farine de froment et du tabac. Mais, cette détérioration au niveau des exportations est en grande partie attribuée à la non exportation de l’or observée depuis le quatrième trimestre de 2020.

L’exportation de l’or à l’arrêt

Le bulletin trimestriel sur le commerce extérieur de l’ISTEEBU affiche une valeur d’exportation de l’or nulle au troisième trimestre de l’année 2021. Il montre cependant qu’au cours des années précédentes, la courbe les exportations de l’or  était ascendante. En ne considérant que les troisièmes trimestres,  la valeur des exportations de l’or est passée de 2,8 milliards de BIF, 14,7 milliards de BIF en 2017, 15 milliards de BIF en 2018,  58,4 milliards de BIF en 2019 à 88 milliards de BIF en 2020.

Le rapport d’inspection de l’Office Burundais des Mines et Carrières indique qu’à partir du 26 novembre 2019, les comptoirs d’achat et d’exportation de l’or ont été suspendus et l’or produit au niveau national est vendu à la Banque de la République du Burundi (BRB) pour constituer l’or monétaire.

Certes, la levée des sanctions constitue une lueur d’espoir pour faire entrer les devises dans les caisses de l’Etat. Mais encore faut-il que la reprise de l’aide directe au gouvernement soit immédiate. En attendant, l’exploitation du sous-sol burundais pourrait constituer un moyen de secours surtout que cette reprise ne comblerait pas le déficit de réserves en devises que connait le Burundi.

Pour rappel est que la décision de suspendre les exploitations minières avait été prise en raison de nombreux manquements du code minier qui doit être révisé. Le pays n’en profitait pas comme il se devait.

En tenant compte des recommandations du forum national sur le développement, les experts avaient conseillé d’instaurer une législation simple qui s’applique à tout le secteur surtout en évitant les négociations par investisseur et par mine.

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