Les habitants et l’administration de la commune de Buganda, dans la province de Cibitoke au Nord-Ouest du pays considèrent la reconstruction du pont Nyamoma, reliant les localités de Kaburantwa (Burundi) et Sange (RDC) comme une véritable aubaine. Ils se disent prêts à en tirer profit d’autant plus que son rétablissement va favoriser les échanges commerciaux et culturels entre les deux pays.
Gaston Ndikumana, habitant de la colline Kaburantwa, commune Buganda, province de Cibitoke attend avec impatience la fin des travaux de reconstruction du pont Nyamoma. Quadragénaire et père de cinq enfants, il témoigne qu’après la destruction du pont, certains voyageurs se rabattaient sur les pirogues pour traverser la rivière Rusizi en direction de la RDC. D’autres, malintentionnés, profitaient de l’absence du pont pour faire transiter des produits frauduleux, tels que des pagnes, avec le risque de se noyer ou d’être attaqués par des animaux aquatiques. Il ajoute : « Le pont va faciliter la traversée de la rivière Rusizi. Il réduira les risques et permettra de lutter contre la fraude, car cette pratique peut entraîner de lourdes pertes pour le trésor public ».
M. Ndikumana précise, en tant qu’habitant proche du pont, qu’il est prêt à en tirer profit. « Je vais augmenter ma production et vendre le surplus en RDC », martèle-t-il.
Abondant dans le même sens, Yoline Nzitunga, résidente de la même colline, confie qu’elle a déjà envisagé la culture de produits rentables. Toutefois, elle souligne un problème d’approvisionnement et de manque d’intrants agricoles. Ce qui pourrait nuire à sa production. Elle avise également que le manque d’eau potable complique la situation, impactant ainsi la santé et, partant, la production agricole.
Un ouf de soulagement pour l’administration communale de Buganda
Selon Alexis Sibomana, secrétaire exécutif permanent de la commune de Buganda, après la destruction du pont Nyamoma, les habitants avaient recours aux pirogues pour traverser la rivière Rusizi, avec tous les risques que cela comporte. « Cette situation a été aggravée par la pandémie de Covid-19 pendant laquelle les déplacements dans cette zone ont été suspendus », informe-t-il. Cela a conduit à des mouvements clandestins et incontrôlés.
Avec le nouveau pont, poursuit M. Sibomana, les mouvements seront désormais contrôlés. Les agents de l’Office Burundais des Recettes (OBR) et du Commissariat Général des Migrations géreront les recettes et les mouvements de personnes. L’argent collecté contribuera ainsi aux travaux de développement du pays, notamment à la construction des hôpitaux, des routes et des écoles.
Le secrétaire exécutif permanent de la commune de Buganda reconnait également que les femmes de la province de Cibitoke, qui exercent le commerce transfrontalier n’auront plus besoin de passer par la frontière de Gatumba. Cela réduira la longueur et la durée du trajet, augmentant ainsi le mouvement à la frontière.
M. Sibomana confirme que l’administration a déjà lancé des initiatives de sensibilisation pour encourager la population à augmenter la production afin de disposer d’un surplus à commercialiser en RDC. Il rappelle que des crédits peuvent être sollicités dans les banques des jeunes et des femmes, afin d’investir dans l’agriculture. Toutefois, il déplore le manque d’intrants, de systèmes d’irrigation adaptés aux différentes saisons agricoles ainsi que le non accès à l’eau potable. Il estime que les autorités compétentes travaillent activement pour résoudre ces défis. Par ailleurs, il souligne que le pont facilitera également l’augmentation des échanges familiaux et culturels.
Le fruit de la volonté des deux présidents
Le pont Nyamoma a été détruit lors des tensions qui opposaient le Burundi et la République Démocratique du Congo (RDC) sous les régimes de Mobutu Sese Seko et Jean-Baptiste Bagaza dans les années 1970. Sa reconstruction représente un espoir pour les habitants de la commune de Buganda, province de Cibitoke, qui voient en ce projet non seulement la redynamisation des relations familiales et des échanges culturels, mais aussi une opportunité de stimuler le commerce transfrontalier entre les deux pays.
Long d’une centaine de mètres, le pont Nyamoma sera reconstruit en béton armé. Les appuis seront enfouis à environ cinquante mètres sous l’eau de la rivière Rusizi, tandis que les fondations reposeront à une trentaine de mètres de profondeur. La fin des travaux est prévue pour le mois de novembre prochain.
La reconstruction du pont Nyamoma est donc le résultat de la mise en œuvre du mémorandum d’entente signé en juillet 2021 entre le Président de la République du Burundi, Evariste Ndayishimiye, et le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi. A cette occasion, deux documents de référence ont été validés pour guider les études de faisabilité du projet tripartite de construction du chemin de fer, tronçon Gitega-Bujumbura (Burundi)-Uvira-Kindu (RDC), en août 2021. Ces documents concernent le projet ferroviaire Gitega-Bujumbura/Uvira-Kindu (environ 600 km) et le projet des infrastructures connexes, incluant la reconstruction du pont Nyamoma reliant Kaburantwa (Burundi) et Sange (RDC).
En attendant, un pont provisoire assure la liaison entre le Burundi et la RDC.