La période de cinq mois qui était prévue pour la reconstruction du marché de Kamenge parti en fumée dans la nuit du 3 octobre 2020 vient de toucher à sa fin. Même si les travaux ne sont pas encore terminés, ils sont à une étape satisfaisante. Ils vont prendre fin avec le mois de juin, apprend-t-on des sources sur place. Les commerçants sont impatients de retrouver ce marché qui était jadis très mouvementé
Nous sommes lundi le 31 mai 2021. Il est 11h pile dans la zone de Kamenge, commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura. Sur l’avenue menant vers l’ancien marché de Kamenge (actuellement en pleine reconstruction), le mouvement n’est pas dense comme sur d’autres avenues. Toutefois, à l’ouest du marché, des échoppes métalliques sont ouvertes. On y vend différents articles (du matériel de construction et du matériel électrique). On y trouve également des sacs à dos, des tapis, etc. Au Nord-Est du marché en reconstruction, un mall est en pleine construction.
Au marché proprement dit, des bennes qui amènent les matériaux de construction surtout le gravier viennent un à un. Des blocs en étages qui ceinturent ce marché sont visibles. Certains sont déjà terminés, d’autres pas encore. Au sommet, les maçons finalisent les charpentes. A l’intérieur, la construction des échoppes et des hangars est déjà terminée. Un peu plus loin, un mur de soutènement est en train d’être construit pour stabiliser les berges de la rivière Nyabagere. On a appris sur place que les travaux de reconstruction de ce marché vont se clôturer avec ce mois de juin.
Trois blocs en étages, des hangars et des échoppes avec une capacité d’accueil de 1870 places en construction.
Un marché improvisé
Non loin de cette infrastructure en pleine reconstruction, le commerce bat son plein. La route pavée qui sépare les zones Cibitoke et Kamenge a été transformée en marché improvisé. Elle n’est plus praticable par les automobilistes. Sur les stands ou à même le sol, les femmes y étalent des marchandises, surtout des denrées alimentaires, des chaussures et des friperies. A la 13ème avenue de la zone Cibitoke, le commerce s’y exerce également aussi et se fait à l’air libre. Sur des tables, les femmes étalent l’huile de palme dans des bidons et des bouteilles en plastiques. On apprend d’ailleurs que l’huile de palme est très chère actuellement. Pour faire face au soleil, ces femmes font recours aux parapluies arborant les couleurs des différentes sociétés de télécommunication œuvrant au Burundi.
Les commerçants impatients
Une femme, quinquagénaire qui vend l’huile de palme se dit menacée par les maladies des yeux. «Nous sommes toujours exposés au soleil. Actuellement, j’ai des troubles de la vision alors que je n’en avais pas avant». Et d’ajouter que lorsqu’il pleut, elles sont victimes des inondations. Elles n’ont nulle part où s’abriter. Elles sont obligées de dégager et de plier leurs marchandises. Cette mère de 5 enfants qui a un capital équivalent au prix d’un bidon d’huile informe qu’elle a du mal à trouver de clients. «Quand j’étais au marché de Kamenge, je vendais un bidon d’huile par jour mais aujourd’hui, trois jours peuvent passer sans que je ne l’écoule», explique-t-elle. Elle espère que le marché de Kamenge pourra être opérationnel d’ici peu.
Pas des parkings
Un vendeur de viande exerçant dans le petit marché de secours érigé à la 12ème avenue de la zone Cibitoke se lamente que les clients viennent à compte-gouttes. Il révèle qu’il n’arrive pas à encaisser une somme de 500 mille FBu par jour alors qu’auparavant, il pouvait facilement empocher 1 million de FBu par jour. Ce boucher fait remarquer que ce petit marché est inaccessible. «Il n’y pas de parkings. Nos clients ne peuvent pas trouver où garer leurs véhicules. Ils préfèrent s’approvisionner dans les marchés de Cotebu, Kinama et Chez Sion», se lamente-t-il tout en demandant à la commission chargée de la reconstruction du marché de faire tout le nécessaire pour finaliser les travaux.
Le marché de Kamenge a pris feu dans la nuit du 03 octobre 2020. Plus de 85% de ce dernier sont partis en fumée. 4 milliards BIF se sont volatilisés dont des infrastructures d’une valeur de 1, 5 milliards BIF et des marchandises d’une valeur de 2,5 milliards BIF. Trois blocs en étages et des hangars y sont érigés avec une capacité d’accueil de 1870 places.
Contacté pour savoir l’état d’avancement des travaux de reconstruction du marché de Kamenge, Général Agricole Ntirampeba, président de la commission chargée de la reconstruction de ce marché, a promis de s’exprimer sur ce sujet au cours d’une conférence de presse qu’il va tenir prochainement. Nous reviendrons sur ce dossier dans nos éditions ultérieures.