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Rencontre avec « la maman aux 36 000 enfants »

Madame Spès Nihangaza est co-fondatrice de l’Association FVS-AMADE Burundi qui œuvre pour la protection des droits de l’enfant. Elle est connue pour avoir défendu les droits des orphelins et autres enfants vulnérables. Ses actions en faveur des enfants lui ont permis de gagner plusieurs prix à l’échelle internationale. Portrait

Mme Spès Nihangaza est née en 1958 à Rusama en commune Songa de la province de Bururi, plus précisément dans la paroisse Rumeza.  Elle a fait ses études primaires à Rumeza et ses études secondaires au lycée étoile des montagnes d’Ijenda en commune Mugongomanga. Et il paracheva le cycle supérieur au lycée clarté notre dame de Bujumbura actuellement Lycée Vugizo.

Elle s’est envolée vers l’Algérie pour faire le baccalauréat en chimie. Après, elle a travaillé dans un laboratoire de contrôle technique des médicaments à l’Office National Pharmaceutique (ONAPHA) comme chimiste pendant 12 ans.  Et, parallèlement, elle était passionnée toujours par le service social. Ainsi, ce chimiste de formation quitte les labos pour se consacrer à la protection des droits de l’enfant et l’autopromotion économique des ménages vulnérables pour le bien- être de l’enfant.

Spès Nihangaza, membre du Conseil d’Administration de l’Association Mondiale des Amis de l’Enfance (AMADE Mondiale) : « Chaque fois que j’échangeais avec quelqu’un, il me partageait ses soucis concernant l’avenir de ses enfants ».

En intégrant plusieurs associations féminines et d’entraide sociale, Spès Nihangaza a adhéré à un groupe de volontaires qui était au chevet des séropositives alitées à l’Hôpital Prince Régent Charles dans les années 1990. Au cours de ses visites à l’hôpital, Mme Nihangaza avait rencontré d’autres patients en besoin de soutien, car ils vivaient loin de leurs familles.

« Chaque fois que j’échangeais avec quelqu’un, il me partageait ses soucis concernant l’avenir de ses enfants. Malheureusement, les patients assistés étaient majoritairement des séropositives seulement », se remémore Mme Nihangaza. A l’époque, les ARV n’existaient pas. La maladie était mal connue et stigmatisante. Très souvent, les séropositifs n’avaient pas l’espoir de vivre longtemps.

Genèse de la création de FVS – AMADE

A côté des traumatismes physiques dus à la maladie, il s’ajoutait la souffrance morale. Ils s’indignaient pour l’avenir de leurs enfants. A chaque fois, ils nous demandaient si nous pourrions prendre en charge leurs enfants quand ils ne seront plus de ce monde. C’est de là que naquit l’idée de s’engager dans la mission de soutenir ces orphelins, fait savoir, la représentante légale de  FVS-AMADE Burundi.

Comme ils étaient en difficulté de trouver de quoi nourrir leurs enfants, la priorité était de donner à leurs enfants de quoi mettre sous la dent. Nous avons fait une mobilisation à l’endroit des membres de la famille, des collègues, des voisins et amis pour qu’ils puissent voler au secours des patients hospitalisés à cet hôpital.

Ardent défenseur des droits de l’enfant, elle a cinq enfants, dont un enfant adoptif. Mme Nihangaza indique que la FVS- AMADE a débuté ses activités avec 17 enfants en 1992 dans le but de leur fournir du matériel scolaire. Aujourd’hui cette organisation prend en charge plus de 70 000 enfants. Même si elle n’a que 4 enfants, on l’appelle « la maman aux 36 000 enfants ».

Au départ, FVS- AMADE Burundi a rencontré des problèmes liés au surnombre d’enfants à prendre en charge alors que les moyens étaient très limités. Pour ce faire, Mme Nihangaza fait remarquer que son association, n’a pas croisé les bras. La méthodologie de travail a été améliorée en créant des programmes autonomes. Elle cite notamment la mutualité Tuzokira Twese dans le domaine de la santé, Dukuze Ibibondo Microfinance, etc.

D’où trouve-t-elle ses inspirations ?

Spès Nhiangaza se distingue d’autres femmes par sa détermination et ses objectifs et est inspirée par d’autres personnalités comme Angela Merkel, chancelière de la République Fédérale d’Allemagne qui se distingue par ses visions et ses capacités à influencer les autres chefs d’Etat. Ce ne sont pas les femmes seulement qui l’inspirent dans la lutte contre la non-violence mais aussi les hommes comme Martin Luther King.

Ses actions en faveur des enfants lui permis de gagner des prix.  En 2010, elle a été vice lauréate du Prix International de la Femme décerné par la Vallée d’Aosta en Italie pour avoir aidé les personnes pauvres à vivre grâce au fruit de leur travail.  Elle a également reçu le Prix de la Réconciliation décerné par SER Foundation en Allemagne pour le projet « Bienvenue mon Enfant » concernant la réinsertion familiale des enfants naturels nés des anciens combattants et des militaires pendant la guerre. Enfin, elle a été lauréate du prix mondial des droits de l’enfant reçu en 2019 qui a contribué à la construction des salles de classe.

Spès Nihangaza est Consul Honoraire de la Principauté de Monaco au Burundi et membre du Conseil d’Administration de l’Association Mondiale des Amis de l’Enfance (AMADE Mondiale).

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