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Réouverture des bureaux de change : Une mesure qui ne suffit pas à elle seule

Le Burundi a connu une pénurie de devises au cours de ces dernières années. Pour y remédier, la Banque de la République du Burundi (BRB) a récemment levé les mesures restrictives prises en 2020, notamment la fermeture des bureaux de change. Ce que les activistes de la société civile saluent. Mais il y a encore anguille sous roche

Les mesures restrictives prises en 2020 par la Banque de la République du Burundi (BRB), dont la fermeture des bureaux de change, ont surpris tout le monde.  Elles étaient aux antipodes de la gestion responsable d’une politique monétaire digne de son nom. Les mesures prises étaient de nature à favoriser une poignée d’hommes qui font main basse sur la gestion des devises pour leurs intérêts personnels. Ce qui a causé un tort à l’économie nationale voire aux partenaires économiques et pourquoi pas aux bailleurs de fonds. Cela a été dit par Faustin Ndikumana, président de l’organisation Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM). Heureusement, aujourd’hui, la Banque centrale s’engage à prendre des mesures courageuses en matière de politique monétaire. Selon M. Ndikumana, la réouverture des bureaux de change et le fait de permettre aux gens de percevoir en devises les fonds transférés depuis l’étranger sont des mesures à saluer. Auparavant, beaucoup de gens préféraient envoyer ou recevoir les devises via les pays voisins du Burundi. 

Le gouverneur de la BRB, Dieudonné Murengerantwari, a annoncé le 7 octobre 2022 que les bénéficiaires des fonds transférés depuis l’étranger ont désormais le droit de les percevoir en devises.

 

Vers la fin de la rareté des devises ?

M. Ndikumana ne croit pas en la fin des problèmes liés à la pénurie des devises, mais estime que les nouvelles mesures prises par la BRB sont prometteuses. Cela va permettre le flux des devises qui viennent dans le pays autres que celles qui passent naturellement par la Banque centrale.

Pourtant, il faut que le gouvernement soit vigilant. Il devrait auditer ceux qui ont trempé dans la gestion des devises ces dernières années et qui ont causé du tort à l’économie nationale. « On ne peut pas rester dans une impunité totale où les personnes qui, sans vergogne, pillent les fonds publics sans suite. Le gouvernement doit prendre des mesures drastiques à l’encontre des gens qui se méconduisent dans la gestion de la chose publique », interpelle le président de PARCEM. 

Dans une interview accordée à la radio Insanganiro le 11 octobre 2022, Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME), a souhaité que la BRB éclaire beaucoup plus l’opinion publique. Jusqu’ici, c’est flou. On ne sait pas si les mesures prises par la BRB concernent les organisations non gouvernementales œuvrant au Burundi car, elles aussi, ne sont pas autorisées à percevoir en devises l’argent transféré depuis l’étranger. Pour M. Rufyri, il faut que la BRB soit claire là-dessus.

Comment les nouvelles mesures de la BRB sont libellées

A partir du 7 octobre 2022, la BRB a levé les restrictions sur les conditions de règlement des transferts instantanés reçus de l’étranger, instaurées en date du 16 mars 2020. Désormais, les fonds reçus des transferts instantanés internationaux ne sont plus soumis au règlement en monnaie locale. Les bénéficiaires de ces fonds ont la latitude de les percevoir en devises ou de les transférer sur leurs comptes en devises.

En plus de cela, la Banque centrale a levé également la mesure prise le 7 février 2020 portant retrait d’agrément des bureaux de change. Les anciens opérateurs dans le secteur et toute personne voulant y opérer sont invités à se faire enregistrer auprès de la BRB. L’agrément sera conditionné par la signature d’un acte d’engagement sur le respect du cadre de règlement des bureaux de change. Ces mesures ont été prises dans le souci de renforcer la stabilité macroéconomique du Burundi. Cela a été communiqué le 7 octobre 2022 par Dieudonné Murengerantwari, gouverneur de la BRB.

Les restrictions en question étaient un coup de massue dans le dos des Burundais

Le 7 février 2020, la BRB a retiré l’agrément qui avait été accordé aux bureaux de change. Seuls, les bureaux de change ouverts dans les banques commerciales étaient autorisés à assurer le change manuel.

De surcroît, dans une correspondance adressée aux banques commerciales le 16 mars 2020, la Banque centrale a mis en place des conditions restrictives réglementant les transferts instantanés reçus de l’étranger. De ce fait, les transferts instantanés internationaux devaient être réglés directement en monnaie locale. Ainsi, les bénéficiaires de ces fonds ne pouvaient en aucun cas les percevoir en devises, y compris ceux qui possèdent des comptes en devises dans les banques commerciales.

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