Après plus d’un an de fermeture, le poste-frontière de Gatumba séparant le Burundi et la RDC est ouvert depuis mardi le 01 juin 2021 par les autorités burundaises. Les commerçants transfrontaliers congolais qui s’apprêtaient à entrer sur le sol burundais dénoncent le coût élevé du certificat de test pour la Covid-19. Il est fixé à 30 USD pour les étrangers et 15 mille FBu pour les nationaux. Ils demandent au gouvernement burundais de réduire cette somme jugée exorbitante de dépistage rapide
Dès 8h de ce mardi, le poste-frontière de Gatumba est fonctionnel. Il est 11h. Un mouvement inhabituel de personnes est observé. A 400 mètres de cette frontière, des taximen burundais garent leurs véhicules tout au long de la route. Environ une trentaine de taxis font la queue. Les chauffeurs attendent des clients (des commerçants transfrontaliers congolais c’est sûr) venant de l’autre côté de la frontière de la RDC. Les taximen burundais se réjouissent de la décision d’ouvrir cette frontière.
De l’autre côté, une foule de gens s’observe. Des congolais et burundais (des femmes commerçantes, des étudiants congolais, des Burundais qui viennent de passer plus d’un an au Congo) veulent entrer sur le sol burundais. Après avoir eu écho de l’ouverture de la frontière, ils se sont réveillés de bonne heure pour entrer au Burundi. Des policiers de la PAFE burundaise vérifient minutieusement les papiers des passagers. Un à un, ils franchissent la frontière après la vérification de leurs papiers. Des camions de transport des marchandises sont également présents.
Des burundais sans papiers ou qui sont dans un mauvais état se voient refuser l’autorisation d’entrer sur le sol burundais. Selon eux, avant la fermeture des frontières, les natifs de Gatumba se servaient de la carte nationale d’identité pour passer à la frontière et regagner la RDC. « Cela n’est plus d’actualité », murmure un policier des services de la PAFE tout en ajoutant que ce cas est en train d’être traité.
Une somme de 30 USD pour les étrangers et 15 000 FBu pour les nationaux voulant rentrer au Burundi via cette frontière est le coût du test rapide de la Covid-19.
Des coûts exorbitants
A la veille de l’ouverture de la frontière, le comité national chargé de la prévention et de la riposte contre la Covid-19 présidé par le ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, Gervais Ndirakobuca a fixé une somme de 30 USD pour les étrangers et 15 000 mille pour les nationaux voulant entrer au Burundi via cette frontière comme coût pour le test rapide du Covid-19.
Les Congolais faisant le commerce transfrontalier jugent cette somme exorbitante. Cette mesure n’est pas bonne pour nous qui passent quotidiennement cette frontière, précise une femme faisant le commerce transfrontalier. « Une personne qui paie 30 USD par jour, 900 USD pendant un mois, c’est pratiquement impossible », se lamente-t-elle avec un ton nerveux. Cette femme traverse toujours cette frontière pour venir s’approvisionner en denrées alimentaires (les tomates, poireaux, les aubergines) qu’elle va revendre en RDC. « J’ai un capital qui s’élève à moins de 100 USD. Comment dois-je payer 30 USD chaque jour ?», se demande-t-elle tout en ajoutant que c’est comme si la frontière n’était pas rouverte. « Je ne suis pas capable de pouvoir continuer ce commerce ». Ce coût est aussi un casse-tête pour les élèves congolais qui étudient au Burundi et qui rentrent le soir au Congo.
Pourquoi cette différence ?
Sadi Katoro, membre de l’association des transporteurs qui font le trajet Uvira-Bujumbura fait la comparaison des coûts pratiqués par la RDC qui sont, 5 USD pour les nationaux et 10 USD pour les étrangers et le certificat est valide pendant 14 jours. Au Burundi, le certificat est valide pendant 24h seulement. « Pourquoi cette différence ? Le lot du test du Covid-19 est un don accordé à tous les pays par l’OMS ». Selon lui, les tests utilisés au Congo sont les mêmes que ceux utilisés au Burundi. « Comment est-ce que quelqu’un qui est dépisté au Congo et qui a payé tous les frais nécessaires est obligé de payer et de faire d’autres tests à 200 m de là ?», se demande un opérateur économique congolais. Les commerçants transfrontaliers congolais demandent au gouvernement du Burundi de surseoir à l’application de cette décision et de rabaisser les coûts.
Le comité va analyser ce cas
Accompagné par les représentants de l’OMS et de l’UNFPA, le ministre en charge de la santé Dr Thaddée Ndikumana y a effectué une visite ce même jour. Face aux grognes sur les coûts jugés exorbitants du test rapide du Covid-19 par les Congolais, Dr Ndikumana précise que ce coût intègre les médicaments pour les cas positifs. Néanmoins, il fait savoir que cette problématique va être soumise au comité national chargé de la prévention et de la riposte contre la covid-19 pour statuer sur le cas. « La réduction du coût du test rapide ne dépend pas de moi seul. C’est du ressort du comité national chargé de la prévention et de la riposte contre le Covid-19. L’essentiel c’est d’ouvrir la frontière et on va évaluer avec le comité », conclut Dr Thaddée Ndikumana.
Plus de 10 mille personnes traversaient cette frontière par jour jusqu’au mois de mars 2020, selon le ministre de la Santé Publique. Le poste-frontière de Gatumba avait été fermé au mois de mars 2020 après l’apparition du premier cas de Coronavirus au Burundi.