Burundi Eco

Retour à la case départ ?

Le gouvernement mise sur l’exploitation industrielle des ressources naturelles pour doper son économie. Cependant, ce secteur connait pas mal de chamboulements au fil des années. Le gouvernement a pris une mesure unilatérale de suspendre toutes les licences d’exploitation minière jusqu’à nouvel ordre. Pour le moment, la révision du code minier est en mode ralenti.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Après la révocation du contrat avec Burundi Mining Metallurgy (BMM), le gouvernement vient de signer un mémorandum d’entente avec une nouvelle société dénommée East African Region Project Group. Ce contrat suscite de nombreuses interrogations surtout que l’industrie minière était complètement à l’arrêt.  Le compte rendu du conseil des ministres extraordinaire ne précise ni le statut juridique de la nouvelle société, ni les parts du gouvernement dans la dite société. Cependant, le Code minier disposait que l’actionnariat de l’état en tant que propriétaire du sous-sol est supérieur ou égal à 10%.

Le coût du développement minier, hors transport et électricité, était estimé à 1,44 milliard USD. Ce chiffre inclut les dépenses pour couvrir l’entreposage des minerais bruts près de la mine ainsi que l’établissement d’une ville dotée d’écoles et d’un hôpital.

La Tanzanie voudrait saisir la balle au bond. En tout cas, les visites intermittentes que se livrent les présidents des deux pays en disent longs. La Tanzanie ne cache pas sa volonté d’avoir une coopération minière plus élargie avec le Burundi. Les autorités tanzaniennes se veulent rassurant quant à leur expertise dans l’exploitation des minerais.  Ce pays dispose déjà de comptoirs de transformation du nickel dans les localités de Kigoma, Mwanza et Geta. Pour les autres minerais, Gitega pourrait aussi se servir des laboratoires homologués installés en Tanzanie pour analyser les échantillons des minerais avant leur exportation. De cette manière, les deux pays pourront partager les devises issues de l’exploitation des minerais.

Pour rappel, une convention d’exploitation minière sur le gisement de nickel de Musongati été signée entre la société Burundi Mining Metallurgy International (BMM International) et le Gouvernement du Burundi. Il s’agissait d’un contrat de 25 ans renouvelable pour 10 ans. Cependant, aucun gramme de nickel n’a été exporté à partir de la mine de Musongati. Normalement, la mine devrait entrer en activité dès 2015 avec une production initiale de 8.000 tonnes de nickel pour atteindre 100. 000 tonnes en 2016 et enfin atteindre une production record d’un million de tonnes en 2020.

D’après une étude réalisée par la Banque Afrique de Développement (BAD), les réserves de nickel du pays sont estimées à environ 285 millions de tonnes. Le Burundi dispose de la deuxième plus grande réserve de Coltan (colombite et tantalite) dans la région est-africaine et de 6% des réserves mondiales de nickel (Ni), dont environ 180 millions de tonnes de nickel à Musongati dans la province de Rutana, 46 millions de tonnes à Nyabikere dans la province de Karusi et 35 millions de tonnes à Waga dans la province de Gitega avec une teneur respectivement de 1,62%, 1,45%, 1,38%.

Poursuivons nos réflexions autour des propos de feu Melchior Ndadaye quand il déclara à la Tribune des Nations Unies que l’Afrique regorge de potentialités malheureusement gaspillées ou inexploitées. « Nous devons penser le développement pour nous, un développement adapté à nos besoins et exploitant nos atouts », s’exclama-t-il.

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