Site icon Burundi Eco

Retour à la case départ ?

Les fonctionnaires doivent encore attendre la mise en œuvre de la politique  salariale équitable. Les disparités salariales dues aux primes, aux indemnités et à la latitude de certaines administrations personnalisées de l’Etat de fixer les rémunérations de leurs agents sont à l’origine des frustrations observées dans les milieux professionnels du ressort de l’Etat. Jusque-là, les initiatives entreprises pour trouver des solutions durables à cette problématique n’ont pas abouti. De par le passé, le pays a connu des revendications répétitives pour réclamer une harmonisation des salaires. Ces revendications s’estompent avec le temps même si la question n’est pas définitivement liquidée. La liberté syndicale tant souhaitée par les syndicalistes doit être respectée et effective.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

En avril dernier, la rencontre entre le Chef de l’Etat et les syndicats a été bien accueillie par les fonctionnaires. C’était à la veille de la célébration de la journée internationale du travail et des travailleurs. Lors des échanges, les représentants des syndicats ont exprimé leurs préoccupations, notamment à propos du dégel des annales et de la mise en place d’une politique salariale équitable. Oups ! Cet appel n’a pas été suivi d’effets. La loi portant fixation du budget général de l’Etat, exercice 2021-2022 en son article 47 stipule que toutes les annales ainsi que les primes de fidélité et toute autre prime quelle que soit sa nature sont gélées financièrement sauf pour les secteurs de la défense et de la sécurité.

En ce qui concerne la politique salariale équitable, le projet de sa mise en œuvre a été débattu en conseil des ministres mercredi le 7 juillet 2021. Les fonctionnaires devront attendre encore puisque le fameux projet n’a pas été adopté par les membres du gouvernement. Pourtant, il est prévu un budget de 34 milliards de FBu pour la mise en œuvre de la politique salariale équitable du secteur public pendant l’année budgétaire en cours. Il y a un grand risque que cette ligne budgétaire tombe en annulation au vu des étapes qui restent à franchir.

La pomme de discorde est la fixation du point emploi-le rapport entre la masse salariale des primes et indemnités et la somme des points emploi. Sa valeur ne fait pas l’unanimité.  Le gouvernement fixe cette valeur à  « 28 ». « Pour les syndicalistes, cette valeur ne permet pas de trouver une solution à la question des disparités salariales vu que les primes et indemnités sont accordées à une infime minorité de fonctionnaires. Ils proposent la valeur de « 45 », lit-on dans le communiqué sanctionnant le conseil des ministres.

Dans un contexte d’austérité budgétaire, la prudence reste de mise pour ne pas trop de dépenser. Ainsi, pour cette valeur de « 45 », l’impact budgétaire est de 125.994.262.788 FBu pouvant être échelonné sur cinq ans. Le conseil a formulé des recommandations, entre autres l’utilisation de l’indice 28, car l’indice « 45 » permettrait à ceux qui ont des salaires élevés de remonter davantage. En outre, le salaire devrait tenir compte de l’emploi effectivement occupé et non du diplôme uniquement.

Les syndicalistes ne comprennent pas cette volte-face du gouvernement. La politique salariale n’est pas venue pour réduire les salaires. C’est plutôt pour corriger les disparités salariales, alertent-ils. Ils proposent un dialogue avec le gouvernement pour lever toute équivoque sur la mise en œuvre de la politique salariale équitable.

Pour réduire les disparités salariales, le gouvernement a mis en place la politique d’ajustement salarial en vigueur depuis 2016. Ainsi, la politique salariale équitable devrait débuter en 2020. En octobre 2019, Félix Mpozeriniga ministre de la Fonction Publique et de l’Emploi d’alors annonçait la mise en œuvre imminente de cette politique avec le début de l’année 2020. Pour lui, après la cotation des différents emplois il ne restait que  de travailler avec le ministère des Finances pour calculer les salaires en fonction de la grille sur les emplois élaborés. Et la question serait liquidée.   Pour rappel, le gouvernement s’est engagé à réviser la politique salariale. Le processus a débuté en 2016 pour durer quatre ans à raison de 20 milliards de FBu par an.

Quitter la version mobile