La Route Nationale No 16 relie les provinces de Gitega, Bururi et Rumonge en passant par la commune de Gishubi. Un reporter de Burundi Eco s’est rendu dans ladite commune pour s’enquérir de l’état de cette route. Le désenclavement de cette partie du pays n’est pas facile
De la ville de Gitega à la commune Gishubi, nous empruntons d’abord la RN18 qui mène vers la province de Mwaro à bord d’un minibus de type Hiace. C’est une route nouvellement aménagée et bitumée. Elle est très praticable. Quand une voiture passe, on a l’impression qu’elle roule dans le vide. Même les passagers semblent satisfaits. Un d’entre eux lâche : « Voici les types de routes qu’il faut au Burundi. Espérons qu’elle va durer ». Après avoir parcouru environ 7 km de cette route nouvellement asphaltée, nous virons à une autre, la RN16. C’est cette dernière qui nous mène vers notre destination finale, en commune Gishubi. Elle relie les provinces de Gitega, Bururi et Rumonge. Dans la province de Gitega, elle traverse les communes de Gitega, Makebuko, Gishubi et Ryansoro avant de continuer vers la province de Bururi.
Vers 10 heures, nous quittons la route goudronnée et le calvaire commence. Hélas ! Les passagers s’inquiètent. Ce matin, il a plu plusieurs heures d’affilée. La RN 16 est en mauvais état et pire encore en saison pluvieuse. Elle n’est pas entretenue et n’a pas le moindre caniveau pour évacuer les eaux de pluie. Elle est pleine d’eaux boueuses et de nids de poules incalculables. Tout cela commence sur la colline Bihanga de la commune Gitega. A chaque fois que le véhicule avance, les passagers ont peur de subir un accident. Par ailleurs, le conducteur ne peut pas suivre uniquement sa priorité. Il contourne les nids de poule, à droite comme à gauche, pour maintenir son engin dans de bonnes surfaces. A peine toutes les cinq minutes, la voiture s’embourbe et glisse. Ce qui cause une vive panique au sein des passagers. Les femmes sont les plus sensibles. Elles prient Jésus Christ et la Vierge Marie pour qu’elles soient préservées dans ces moments difficiles.
La RN16 n’a plus de caniveaux et quand il pleut, elle devient trop boueuse. Ce qui rend difficile la circulation.
Après avoir parcouru quelques kilomètres, nous descendons une pente avant de traverser une petite rivière appelée Maborwe qui sépare les communes de Gitega et Makebuko pour arriver enfin sur la colline Karoba. Cette partie est appelée «Mu Gikokori». C’est l’un des pires tronçons de la RN16 qui s’étend sur environ 5 km. Dans cette zone, la RN16 longe la rivière Ruvyironza. Le minibus s’embourbe fréquemment avec des glissades incessantes. Les passagers prient pour le conducteur car, à la moindre erreur de conduite, le minibus tomberait dans la vallée de la Ruvyironza. Le conducteur garde le sang-froid et continue le périple tout en tranquillisant les passagers.
Quid des motocyclettes ?
Dans cet endroit, il est rare de croiser une moto ou une bicyclette. Les motards ne se hasardent pas à rouler sur ce tronçon très boueux. Ils la contournent en empruntant d’autres sentiers. Les motards œuvrant dans la ville de Gitega ne peuvent pas transporter un client via la RN16 quand il a plu. Ils ne prennent pas le risque d’endommager leurs deux-roues. S’ils acceptent, ce trajet coûtera les yeux de la tête. Par exemple, entre la ville de Gitega et le chef-lieu de la commune Gishubi, il y a environ 36 km. Si le motard accepte d’emprunter cette voie, le client le paiera plus ou moins 20 000 FBu alors que dans les conditions normales (pendant la saison sèche) cela coûte entre 8 000 FBu et 10 000 FBu.
Après une dizaine de minutes de panique totale, nous parvenons à quitter ce tronçon dangereux sans qu’un incident grave se produise. Enfin, nous traversons la rivière Ruvyironza pour entrer sur le territoire de la commune Gishubi. Là aussi, la RN 16 n’est pas bonne, mais pas au même niveau que le tronçon de Gikokori. Chaque conducteur qui y passe doit contourner les nids de poule et les surfaces boueuses pour éviter des probables accidents.
Une voie de désenclavement oubliée
Malgré le mauvais état de la RN16, cette dernière est la principale voie de désenclavement des communes Gishubi et Ryansoro. Malheureusement, elle semble oubliée, car elle n’est pas entretenue depuis des années. Ce qui ne facilite pas la circulation.
A ce sujet, Marie Chantal Nduwayezu, administrateur de la commune Gishubi, indique que la RN16 est très importante dans la vie de cette commune, car elle permet le désenclavement de cette partie du pays. Pour faciliter la circulation, les autorités locales en collaboration avec la population, à travers les travaux communautaires, bouchent régulièrement les nids de poule et essaient de canaliser les eaux de ruissellement. Elles ne font que cela, car les travaux de réhabilitation d’une route dépassent les capacités financières d’une commune. Mais elle est optimiste que cette route sera asphaltée un jour. Cela étant, depuis 2020, les travaux d’aménagement et de bitumage de la RN16 sont en cours au niveau de Bururi-Gakuba sur un tronçon de 34,72 km.