Le trafic sur la RN4, tronçon Chanic-Gatumba à la frontière de la RDC (15,475 km) a été revitalisé grâce à la récente mesure d’élimination d’environ dix barrières policières identifiées. Pour intensifier davantage le trafic, les usagers de cette route demandent que la bonne pratique de « Ujirani Mwema », en kiswahili, devienne une réalité
Cette mesure, visant à améliorer les échanges commerciaux avec la partie orientale de la République Démocratique du Congo (RDC), a été ordonnée par le Premier Ministre burundais, Gervais Ndirakobuca, lors d’un atelier de réflexion sur l’élimination des barrières non tarifaires, qui a été organisé le 9 août 2024 par le ministère en charge du commerce.
Pour M. Ndirakobuca, la RDC peut être non seulement une source d’approvisionnement pour le Burundi, mais aussi un débouché pour l’exportation de produits locaux. Malheureusement, la persistance de ces mesures de contrôle a ralenti le flux normal des échanges.
« Ujirani Mwema », encore une requête
Barake Betuza Ramadhani, connu sous le sobriquet de Malike, exerce le commerce transfrontalier entre le Burundi et la RDC. En tant que Burundais, il témoigne que l’élimination des barrières non tarifaires sur la RN4 arrive à point nommé. Selon lui, cela permet non seulement de gagner du temps, mais aussi d’éviter les tracasseries policières.
Il se souvient qu’avant l’élimination de ces barrières, la durée du trajet de la frontière entre le Burundi et la RDC jusqu’au centre-ville de Bujumbura était de plus de 6 heures, soit de 9 heures du matin à 16 heures de l’après-midi. Actuellement, il ne dure plus qu’une trentaine de minutes. Cela est également confirmé par Claude Manegabe, chauffeur congolais de l’agence de transport « Mapasa Car Transit », qui effectue le transport entre le Burundi et la RDC.
Ce trentenaire, père de 4 enfants, se réjouit qu’avant l’élimination de ces barrières, il ne pouvait faire qu’une seule rotation, soit un aller-retour, tandis qu’aujourd’hui, il en effectue deux.
Véronique Ilenge, une femme portefaix Congolaise sexagénaire. Mère de 11 enfants, elle se dit satisfaite de l’élimination des barrières non tarifaires sur la section Gatumba-frontière RDC-Chanic. Elle affirme que cela fait deux semaines que son travail a repris normalement.
Trésor Irakoze, habitant Gatumba et également portefaix. Il affirme avoir abandonné son métier à cause du manque de travail. Il se souvient s’être réfugié dans l’élevage de poules, mais dix de ses poules sont mortes de faim car il devait chercher les tourteaux au centre-ville de Bujumbura. La durée du trajet étant trop longue, il n’a pas pu secourir ses volailes.
Muhindu Kassela, un Congolais quinquagénaire et père de 6 enfants, s’indigne qu’avec les barrières non tarifaires, il fallait se justifier même pour deux kilos de sucre ou de farine transportés pour nourrir la famille. Pour plus de trafics, les Burundais réclament l’opérationnalisation de la bonne pratique « Ujirani Mwema ».
Une perte pour les ménages et le pays
Onésime Niyukuri, porte-parole du ministère en charge du commerce, reconnait que les barrières non tarifaires engendrent des pertes pour les ménages et le pays. Selon lui, à cause de ces barrières, les commerçants ont tendance à abandonner leur activité. Ce qui impacte le bien-être des ménages. Par ailleurs, il précise que si les produits ne sont pas acheminés à temps, certains peuvent pourrir.
« De plus, la non-fluidité des échanges peut engendrer la tendance à donner des pots-de-vin », souligne M. Niyukuri, avant d’expliquer que c’est à partir des taxes et impôts collectés dans les secteurs comme le commerce que les gouvernements financent la construction de routes, l’achat de médicaments, de carburant… Il rassure que du côté burundais, les autorités habilitées sont prêtes à opérationnaliser l’Ujirani Mwema.
Le porte-parole indique que la mesure d’élimination des barrières non tarifaires a été prise en réponse aux lamentations des commerçants et des Congolais. Ceux-ci ont manifesté leur colère face aux pertes liées aux contrôles sur la RN4. Quiconque constate une situation anormale sur ce tronçon peut alerter les autorités compétentes pour des interventions, conclut-il.