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Rumonge : Le « Chikwangue », une recette traditionnelle en vogue !

Le commerce du Chikwangue bat son plein à Rumonge. Beaucoup de femmes vivent aujourd’hui de la fabrication ou de la  commercialisation de la pâte de manioc dit «Chikwange». Cette recette traditionnelle est de plus en plus appréciée même au-delà de nos frontières malgré sa faible teneur en éléments nutritifs 

Des veuves, des femmes célibataires, des filles- mères, des femmes divorcées s’activent dans la fabrication ou la commercialisation du Chikwangue ou de la pâte de manioc qui inonde aujourd’hui les restaurants dans les centres urbains et semi-urbains.

Vestine Nihorimbere est une femme veuve résidant la colline de Mirango en zone de Gitsiro dans la commune de Vyanda de la province Bururi qui ne vit que de la fabrication du Chikwange. Ce produit est vendu aux femmes commerçantes venues de la ville de Rumonge pour une revente ultérieure.

Pour fabriquer le « Chikwangue », la procédure est simple. Il suffit de tremper les tubercules de maniocs épluchés dans l’eau qu’on renouvelle deux ou trois fois pendant trois jours.

A Rumonge, les consommateurs du chikwangue demandent la modernisation de la fabrication de cet aliment.

Un travail de dur labeur

Après la fermentation, on pile le manioc trempé : une activité qui exige du tonus musculaire pour malaxer la pâte. On utilise l’«ubwato» (sorte de tronc d’arbre creusé en forme de pirogue où sont transformés les tubercules de manioc en pâte). Et on obtient un produit assimilable au « pain de manioc ». Mme Nihorimbere s’approvisionne en manioc dans les parages. Elle confie que grâce à la transformation du manioc, elle parvient à nourrir ses trois enfants et à payer leurs frais scolaires sans problèmes. Son revenu mensuel varie entre 70.000 FBu et 120.000 FBu.

C’est un travail fastidieux ! Pour ce faire, Nihombere se fait aider par des tierces personnes qu’elle embauche comme main d’œuvre journalière. La zone de Gitsiro de la commune de Vyanda est plutôt réputée dans la fabrication de la pâte de manioc de bonne qualité dans la région.

Escalader les montagnes pour rejoindre Gitsiro

Chaque matin Mme Pascaline Nduwarugira, une femme commerçante effectue le travail d’un véritable alpiniste. Elle escalade les montagnes pour rejoindre la localité de Gitsiro, lieu d’approvisionnement en  pâte de manioc dit « Chikwangue».

« Ce n’est pas du tout une tâche facile, car je dois escalader des montagnes pour atteindre cette localité  qui est difficile d’accès », se remémore Mme Nduwarugira. Elle achète la pâte de manioc à l’état brut  sous forme de boule enveloppée dans des feuilles de banane. La marchandise est transportée  sur la tête dans un papier pour atteindre la route macadamisée avant de monter à bord d’un bus qui va l’amener au centre urbain de Rumonge. Elle précise qu’elle achète un Chikwangue à 300 FBu ou 350 FBu pour le revendre à 500 FBu.

Pas d’échoppes spécialisées au marché de Rumonge

Mme Nduwarugira déplore le fait que la commune  de Rumonge n’a pas réservé d’échoppes pour  les commerçantes de la pâte de manioc alors qu’elles s’acquittent chaque jour de la taxe communale. Elle demande au conseil communal de se pencher sur ce problème car, aujourd’hui, elles vendent leurs produits aux alentours du marché central de Rumonge. Il faut protéger la pâte du soleil et de la pluie pour maintenir sa qualité, a-t-elle martelée.

Contactée, Jérémie Bizimana, administrateur communal de Rumonge indique connaître ce problème de manque d’espace auquel sont confrontées ces femmes commerçantes de la pâte de manioc. Cependant, il confirme que les  échoppes et places sont toutes saturées au niveau du marché de Rumonge. Le conseil communal leur avait suggéré d’aller dans le marché secondaire privé situé dans le quartier Kanyenkoko  de la ville de Rumonge, mais elles ont refusé arguant qu’elles ne pourront pas avoir des clients. Cette question sera étudiée au niveau du conseil communal, a-t-il conclu.

Quand le « Chikwangue » franchit les frontières

Songoro Majaliwa, chauffeur d’un bateau de transport des biens reliant la ville de Baraka au Sud Kivu et celle de Rumonge révèle qu’il transporte la pâte de manioc  à partir de Rumonge vers le centre de Baraka. Il précise que les Congolais apprécient beaucoup le Chikwangue et que beaucoup de gens commencent à le commercialiser.

Un consommateur du Chikwangue demande de moderniser sa fabrication et son conditionnement afin que ce produit puisse être exporté vers la sous- région et même à travers le monde. Les nutritionnistes indiquent que cette pâte n’a aucune teneur en éléments nutritifs.

Signalons qu’aujourd’hui le Chikwangue est très consommé dans les ménages des régions de l’Imbo et  des Mirwa.

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