Les commerçants et les consommateurs attendent toujours l’impact de la récente mesure du gouvernement d’autoriser l’importation de certains produits alimentaires. Les marchandises arrivent à compte-gouttes au port de Rumonge. La dépréciation du BIF par rapport au shilling et la surtaxation seraient à la base de cette situation. Reportage
Ce lundi 10 octobre 2022 vers 9 heures au port de Rumonge, les commerçants et les consommateurs attendaient l’accostage des bateaux en provenance de la Tanzanie avec différentes marchandises à bord.
Après quelques heures d’attente, tout le monde est déçu car ils s’attendaient à ce que ces bateaux apportent du maïs, du riz ou encore du haricot et du sucre, mais ces bateaux n’apportent que du poisson sec, du ciment et du sel.
Les denrées alimentaires les plus consommées ne sont pas importées, regrettent certains consommateurs qui soulignent que les prix de ces produits sont en nette augmentation sur le marché. Ils citent notamment le prix du haricot, du riz, la farine de manioc et du maïs. Ils espéraient que les cours de ces produits allaient chuter avec la mise en application de la mesure du gouvernement autorisant l’importation de certains produits alimentaires.
Les petites pirogues en provenance de la République Démocratique du Congo accostent au port de Rumonge avec à bord essentiellement du manioc, du charbon et du poisson. Certains commerçants rencontrés indiquent que plusieurs facteurs sont à la base du non importation des produits alimentaires dans les pays voisins.
La dépréciation de la monnaie burundaise y est pour quelque chose
N .A, un commerçant Burundais rencontré au port de Rumonge explique que la raison de la non importation de ces produits est la dépréciation de la monnaie Burundaise par rapport au shilling Tanzanien.
Il explique que le shilling Tanzanien est en hausse par rapport à la monnaie Burundaise et que par conséquent il y a un grand risque que les importateurs travaillent à perte.
Une autre commerçante Congolaise parle d’un environnement de travail difficile où elle évoque le taux d’imposition élevé qui prévaut au Burundi. Elle fait allusion aux taxes exorbitantes que l’autorité maritime, portuaire et ferroviaire fait payer aux bateaux qui accostent au port de Rumonge. Elle évoque en outre les frais de dépistage du Covid-19 qui restent à 15 dollars alors que pour les autres frontières, ces frais ont été revus à la baisse jusqu’à 5 dollars.
B .U, un commerçant Tanzanien déplore le manque de bureaux de change à Rumonge. Pour changer sa monnaie, il se livre à des opérations dangereuses car tout se fait dans une opacité totale avec le risque de se faire voler.
L’accueil n’est pas aussi chaleureux comme certains le croient. Les commerçants étrangers dénoncent les fouilles intempestives dont ils sont victimes durant leur séjour au pays. Les tracasseries administratives découragent les étrangers à apporter des marchandises au port de Rumonge, déplorent-ils.
Améliorer l’environnement des affaires
Le représentant de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO) en province de Rumonge souhaite qu’il y ait l’amélioration de l’environnement des affaires pour booster les échanges commerciaux. Il suggère la mise en place d’un cadre de concertation entre les parties prenantes pour discuter de tous les problèmes qui hantent le commerce transfrontalier.
Il faudra offrir certaines facilités aux importateurs et aux exportateurs pour augmenter le volume des importations et des exportations afin que les consommateurs puissent avoir un accès facile aux produits dont ils ont besoin, fait-il savoir.
La promotion du commerce transfrontalier reste une grande priorité pour pouvoir booster l’économie burundaise. Au niveau de la sous-région, le Burundi commerce essentiellement avec la Tanzanie, l’Ouganda et la RDC. La Tanzanie se taille la part du lion au moment où plus de 80% des importations burundaises transitent par le port de Dar-es-Salaam. La RDC est une destination prisée des exportations burundaises, notamment les produits manufacturés, les produits frais, les denrées alimentaires et les réexportations.