Les grossesses non désirées constituent un obstacle majeur à la poursuite des études pour de nombreuses jeunes filles. La politique d’encadrement des élèves par des tuteurs porte des fruits. Au cours des deux dernières années scolaires, la Direction Provinciale de l’Education de Rumonge enregistre une baisse des cas de grossesses. Entretien.
Les grossesses non désirées dans les établissements scolaires de la province de Rumonge reste une réalité. Malgré la persistance de ce phénomène en milieu scolaire, Anicet Nyandwi, Directeur Provincial de l’Education (DPE) de Rumonge annonce une diminution des cas au cours des deux dernières années. L’institutionnalisation de la « Tante et du tonton école » dans tous les établissements scolaires a un impact significatif.
Les chiffres corroborent cette tendance positive. Pour l’année scolaire 2022-2023, 124 cas de grossesses ont été signalés. Par contre, le nombre de cas a chuté pour atteindre 96 cas au cours de l’année 2023-2024.
Le DPE de Rumonge salue les efforts des acteurs de l’éducation dans la lutte contre ce phénomène. Il espère que les cas de grossesses non désirées vont suivre la même tendance baissière au cours des prochaines années.
Un encadrement de proximité des élèves
Des groupes d’assistance ont été créés pour aider les enseignants à encadrer le comportement des élèves. Les tantes et les tontons d’écoles ont une mission précise d’apporter leur soutien et prodiguer des conseils aux apprenants sur leurs attitudes et leur santé sexuelle et reproductive. Par ailleurs, ces structures se consacrent également à accompagner les élèves dans la prise de décisions quant à leur comportement responsable.
En parallèle, des clubs ont été mis en place au sein des établissements scolaires de la province de Rumonge, visant à stimuler un bon comportement chez les élèves, en particulier en matière de santé et de sexualité. Les apprenants sont sensibilisés sur la prévention contre les maladies sexuellement transmissibles et les pièges à éviter pour ne pas tomber dans le vagabondage sexuel. Selon Nyandwi, l’instauration de ces dispositifs contribue à réduire le nombre de grossesses non désirées. Cela pourrait également aider à rehausser le niveau de l’éducation permettant ainsi à la province de Rumonge de se hisser parmi les meilleures dans le classement au concours national, espère-t-il.
Dans un souci d’assurer une éducation de qualité et de favoriser un bon comportement des élèves dans les écoles de la DPE Rumonge, Léonard Niyonsaba, le gouverneur de la province de Rumonge a réaffirmé son engagement à collaborer avec tous les acteurs du secteur éducatif. Pour soutenir cette initiative, une commission communale dédiée à l’éducation a été mise en place et œuvre sans relâche pour améliorer la qualité de l’enseignement.
L’éducation, un levier de développement
Parmi les projets de la province de Rumonge s’inscrivant dans la vision du Burundi 2040-2060, le développement du secteur éducatif occupe une place prépondérante a souligné M. Niyonsaba. Il est impératif que l’éducation des filles soit priorisée, car aucun élève ne devrait être laissé pour compte. Des dispositifs ont d’ailleurs été mis en place pour privilégier l’accès des femmes et des jeunes filles à différentes institutions. Pour cette raison, il est essentiel d’éradiquer les grossesses non désirées qui entravent la poursuite des études des jeunes filles.
Les résultats d’une étude réalisée par l’agence onusienne pour la population (UNFPA) en 2013 relèvent certains facteurs favorisant les grossesses en milieu scolaire. Ce sont notamment : la naïveté, le jeune âge des filles, la mauvaise compagnie, le faible niveau d’information en matière de l’éducation sexuelle et la santé de reproduction. D’après la même source, les conséquences pour les jeunes mamans sont désastreuses. «Certaines élèves/écolières assument courageusement leur situation de maternité tandis que d’autres sont complètement désemparées lorsqu’elles s’aperçoivent qu’elles sont enceintes. Dans le pire des cas, elles sont chassées de la maison familiale. A l’école, les élèves /écolières mères font objet de moquerie et de discrimination. Dans une certaine mesure, elles se sentent stigmatisées par certains enseignants mal préparés. Bref, les grossesses scolaires ont des conséquences scolaires, sociales, économiques, physiques et psychologiques.