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Rwibaga : Les prix du bétail en baisse

3 jours après la mise en application de la loi sur la stabulation permanente, la quantité de bétail à vendre a régressée sur le marché de Rwibaga. Ayant peur de garder le bétail à l’étable, les vendeurs étaient réticents à s’en approvisionner. Seuls les bouchers osaient acheter une petite quantité de bétail à un prix dérisoire 

Installé dans la commune Mugongo-Manga, une des neufs communes formant la province de Bujumbura, le marché de bétail de Rwibaga n’a pas vibré ce jeudi 7 octobre 2021 comme d’habitude. Les motifs seraient liés à l’entrée en vigueur ce 4 octobre 2021 de la loi portant stabulation permanente et l’interdiction de la divagation des animaux domestiques et de basse-cour. Celle-ci autorise en son article 5 la stabulation permanente, le paddocking et l’élevage biologique.

Bien que les mugissements, les bêlements, les cocoricos et les cris des hommes soient nombreux au marché de bétail de Rwibaga, l’administration et les usagers du marché de bétail de Rwibaga confirment que le parc de bétail va decrescendo audit marché.

Le prix du bétail a chuté au marché de bétail de Rwibaga le 7 octobre 2021. Cela trois jours après la mise en application de la loi sur la stabulation permanente.

La comptabilité communale en pâtit

Célestin Kabwari, comptable de la commune Mugongo-Manga confirme que le nombre de têtes de bétail proposé pour vente a diminué au mois de septembre et au début du mois d’octobre comparativement aux mois de juin, juillet et août. Ce qui impacte la rentrée des recettes dans les caisses de la commune. Et de renchérir : « Si le marché se déroule normalement, la commune collecte entre 2 millions et 3 millions de FBu le jour du marché ».

Pour lui, la proximité de l’entrée en vigueur de la loi sur la stabulation permanente a coïncidé avec le manque de pâturages. « Ce manque d’herbes fraiches à brouter est d’ailleurs un des grands problèmes qui hantent les habitants de la commune Mugongo-Manga. Depuis le mois de juin (début de la saison sèche), les ruminants broutent les fourrages qui recommencent à pousser au mois d’octobre », déplore-t-il avant d’annoncer que ce défi s’ajoute à une autre grande préoccupation qui concerne la construction d’un bureau communal en étages (les travaux de construction du bureau communal de Mugongo-Manga sont évalués entre 15 et 16%) dont le budget est estimé à 700 millions de FBu. Celui-ci est exécuté sur fonds propres de la commune qui puise l’argent de fonctionnement de financement dans la seule source principale qui est le marché de bétail de Rwibaga.

Les usagers du marché de Rwibaga dans le désarroi

Thomas Ndikumana, habite la colline Nyarushanga, commune Mugongo-Manga dans la province de Bujumbura. Béquilles à la main, ce trentenaire témoigne qu’il est allé au marché pour vendre son taureau. « Premièrement je ne suis pas capable de pratiquer la stabulation permanente. Deuxièmement, j’ai besoin d’argent à utiliser dans l’éducation de mes enfants. J’ai 4 enfants. Le premier a abandonné étant en 5ème année. J’ai adopté également deux orphelins qui sont au banc de l’école », informe-t-il avant de déplorer qu’il s’est heurté en ce moment à la chute des prix du bétail au marché de Rwibaga.

« Je demande pour mon taureau 500 mille FBu. Les acheteurs ne me donnent que 420 mille FBu », s’alarme-t-il avec un visage triste.

Charlotte Niyonsaba, habite la colline Rwibaga de la commune Mugongo-Manga dans la province de Bujumbura. Agée de 27 ans, la mère de 4 enfants avoue qu’elle pratique le pacage du bétail non vendu au cours d’une semaine et les remet aux propriétaires le jour suivant du marché. « Sur chaque tête de bétail, je gagnais 10 mille FBu. Il m’arrivait de garder 10 voire plus de têtes de bétail. Je parvenais à encaisser 100 mille FBu voire plus en une semaine », certifie-t-elle avant de s’inquiéter que la stabulation permanente réduira le nombre de têtes de bétail à pacager à au moins 3.

Jean Marie Sindayigaya est natif de la commune Rusaka de la province de Mwaro. Commerçant de bétail au marché du bétail de Rwibaga, ce trentenaire avoue que les têtes de bétail y sont moins nombreux et que les vendeurs viennent à compte-gouttes.  « Les prix du bétail ont également chuté. Une vache par exemple qui s’achetait à 1 million de FBu aux mois de juin et juillet s’achète pour le moment entre 700 mille  et 750 mille FBu », indique-t-il.

Abondant dans le même sens, Richard Ndayisaba, un jeune de la commune Nyabiraba, province de Bujumbura avoue que les prix des moutons et ceux des chèvres ont diminué passant de 200 mille FBu par exemple à 150 mille FBu ou même 130 mille FBu. Celui-ci vient de passer une année accompagnant son patron au marché de bétail de Rwibaga pour s’en approvisionner.

Enock Mpawenimana, marchand des volailles dans le marché du bétail de Rwibaga confirme que leur prix a chuté de 2000 FBu.

Dans la commune de Mugongo-Manga, les agri-éleveurs demandent un prolongement du délai de l’entrée en vigueur de la loi sur la stabulation permanente. Cela en attendant que le fourrage pour le bétail pousse.

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